N°2 - Maman

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Bienvenue en 98, ligne de départ de mon cauchemar éveillé 

Bébé prématuré, aucun pourcentage d'un accouchement à célébrer

J'ai contourné tous les diagnostics, battu leurs statistiques 

Une genèse en souffrance comme présage de mon avenir tragique 


Mon enfance fut entourée de cascades et de champs verdoyants

À la recherche de l'attention d'un père peu présent, toujours distant 

Je me disais que je n'étais pas assez brillant pour mon Padre

Alors je me donnai à fond, qu'il soit fier de ce fils qu'il aurait pu désirer 


Un mélanome malin s incrustant parmi les miens

Tissa lentement mais sûrement sa toile, altéra notre quotidien

La relation allait de moins en moins bien, avec sa femme comme ses enfants.

Mais l'important était l'amour, les soucis ne dureraient qu'un temps 


Telle la partie émergée de l'iceberg dissimulant sa vérité

Le problème ne venait pas de nous mais d'une gamine vampirisée

Monsieur se voyait refaire sa vie avec elle, effacé notre passé 

Il abandonna les siens du jour au lendemain sans hésiter


Pas d'explication pas d'mot, juste une plaie béante à cicatriser 

Laissant maman mener un combat face à une tumeur cutanée

Elle s'est tapé tous les jobs de merde, on la ramassait à la petite cuillère

C'était il y a 10 ans, je m'en souviens comme si c'était hier.


Maman, Je rêvais de partir avec toi en vacances aux aurores 

Le soleil, la plage, la mer, enfin tu vois le décor

Berceau de ton enfance adorée, sacralisée 

La vie t'a abandonné hier dans ce lit putréfié


Maman, Tu as toujours été là pour nous même en phase terminale

Ton absence sera pour moi une douloureuse présence abyssale

 Maman, Je n'aurai les mots pour exprimer l'amour que je te portais 

La gratitude m'envahit, remplit mes poumons de baisers


Si tu voulais être incinérée, répandue aux quatre coins de l'océan 

C'était seulement pour augmenter ta surface d'amour ambiant

Tu étais ma dose d'endorphine, mon héroïne, ma dopamine

Dis-moi comment respirer quand que ce crève-cœur m'écrase la poitrine 


Maman, Tu continueras éternellement à m'inspirer

Je vais devenir la meilleure version de moi-même pour t'honorer.

Puissions-nous nous retrouver, si Dieu existe pour de vrai 

Mais si tel est le cas, pourquoi t'a t-il abandonner


Si toutes ses prières destinées n'ont servi à rien,

Si je ne vois pas aujourd'hui la lumière au bout du chemin

Dieu tu as pris sa vie, réfutant le sens de la mienne

Maman On t'a arraché à ma vie, et ce ne sera plus jamais pareil


Comment veux-tu que je réalise mes rêves alors que je ne dors plus

À  chaque fois que je ferme les yeux, je vois ton visage accru

Comment veux-tu que je m'endors alors que je ne rêve plus

À  chaque fois que je ferme les yeux, je vois ton visage déçu


Hey ! Géniteur t'inquiètes pas, je ne t'ai pas oublié

J'ai tellement de haine ancrée, accumulée que je suis sur le point d'exploser

Je vais tellement te cogner, m'excitant sur ta carcasse si fort

Qu'j'atteindrai le 7ème ciel, de là-haut on matera ton corps 


Je serais le fossoyeur de ton âme, le geôlier de tes corruptions.

Maman avait plus de couilles que toi, elle était mon père par substitution


Tu t'es envolé loin de moi ineffable âme-cœur

Je ne suis sans toi qu'un cadavre qui ne bat plus qu'à contrecœur.

PoèmesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant