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Impossible.
C'est totalement impossible.
Comment une semaine avant la rentrée le proprio de l'appartement que j'étais censé loué peut m'appeler pour me dire qu'il en a finalement besoin.
Je ne peux plus vivre ici, je ne supportes plus personne.
J'ai été accepté dans pleins d'écoles de psychologie et j'avais fait mon choix; apparement le mauvais vu que encore une fois la chance n'est pas de mon côté.
Je n'ai plus les mots, plus la force.
Je regardes une dernière fois les annonces mais rien ne peux correspondre à mes attentes, soit trop cher, soit trop petit, soit trop loin.
Je décides de m'attaquer aux réseaux sociaux, encore une fois un échec, rien.
Je suis destinée à vivre toute ma vie coincé dans ce trou à rats.
Ma dernière chance est de mettre une annonce de recherche de colocation/location d'appartement sur tweeter et Facebook. Une semaine avant la rentrée ça me parait vraiment compliqué mais qui ne tente rien n'a rien comme on dit.
Je ferme mon mac et le laisse reposer sur mon lit assez violemment avant de descendre manger les yeux rougis et gonflés.

Je vois comme chaque jours cette grande table avec une demie douzaine de chaises presque toutes remplies. Je fais partie d'une de ces « familles nombreuses » presque parfaite. Mes parents ont eu 6 enfants, la plus grande a 24ans et le plus jeune 6ans. On va dire que je suis tombé un peu au milieu avec 18ans à mon actif. J'adore ma famille mais je ne la supporte plus.

« -Il est où papa!
Crie une de mes petites sœurs;
-Au travail ma chérie! »

Mon père non plus ne la supporte plus apparement. Pour tout dire c'est ma mère qui a toujours rêvé d'une grande famille et c'est ce qu'elle a eu. Quand elle a estimée que ses enfants avaient l'âge de s'occuper seuls les uns des autres elle a repris le travail pour recommencer à aider son entourage, elle est médecin. Mon père quant à lui est directeur d'un des plus grand hôpital de la région, ce qui explique ses très nombreuses absences.
Le fait est que s'occuper de mes frères et sœurs est devenu une vraie corvée malgré tout l'amour que j'ai pour eux. Entre crise d'adolescence d'une, devoirs d'un autre, punition d'un tel etc, c'est un vrai boulot à plein temps. Ce n'est pas vraiment les abandonner car je compte sur ma petite sœur la plus proche de 16ans et demi pour reprendre le flambeau mais moi, je suis la plus grande de cette maison et j'ai maintenant besoin de partir faire mes études dans le SILENCE.

« -Kira, qu'est ce qu'il se passe?
Ma mère a un don pour voir quand ça ne va pas...
-L'appart' n'est plus disponible..
-Hein!? Comment ça?
-Je ne sais pas, apparement le mec en avait finalement besoin.
Je l'entends ronchonner dans sa barbe puis reprend rapidement son rôle de maman voyant ses 3 autres enfants attendre patiemment leurs plat de pâtes bolognaises.
-Tu peux toujours aller sur le campus après tout!
-Tu me fais une blague là quand même?
-Steven y est depuis un an et s'y plait plus que bien!
-Mais Steven est le mec le plus populaire de tout le campus après avoir été celui de tout le lycée!
-Toi aussi tu pourras te faire une place, il y en a assez pour tout le monde ne t'en fais pas.
-Mais maman!
-Kira tu arrêtes! C'est soit ça, soit tu restes ici. »

Elle est d'un froid glacial, elle a vécu ce genre de situation tellement de fois qu'elle a un self contrôle impressionnant. Sachant qu'elle a beaucoup plus d'autorité sur moi que n'importe qui je décide de finir mon plat de pâtes dans le silence le plus total en gardant mes larmes pour après.

J'approche de mon lit en ayant l'espoir d'avoir une réponse, d'avoir un endroit où loger, d'enfin pouvoir prendre mon indépendance et de vivre ma vie. Je ferme les yeux, ouvre mon mac book et fond en larmes. Rien.
J'allume mon téléphone et je vais sur la page Instagram de mon frère Steven, je regarde sa story et me rappelle pourquoi je ne veux pas aller sur ce fichu campus. Ils font la fête en permanence, sortes de l'internat en douce, ramènent des filles dans leurs chambres. Il est censé être dans l'école de commerces je ne sais même pas si il a déjà assisté à un cour.
Pour tout dire je ne suis vraiment pas proche de mon grand frère à l'extérieur de la maison, il fait partit des gens populaires et moi, je fais partie des gens invisibles, je m'y suis faite à la longue.

Je jette un coup d'œil à l'école de psycho du campus et je suis agréablement surprise, elle n'est vraiment pas mal. Si c'est ma dernière solution il faut essayer de tirer le maximum de positif. Je regarde des images du campus, c'est gigantesque, des terrains de foot, de rugby, une piscine, un parc, il y a de nombreuses facs et de nombreux bâtiments pour les étudiants, il doit y avoir 2000 étudiants, pas tant que ça finalement, la plupart des logements sont à l'extérieur du campus, un peu bizarre mais je crois que ça dépend des facs.
Un espoir pour moi, peut être que la fac de psycho ne fait pas réellement partie du campus, je me rue sur la page, descend tout en bas, choisis la bonne rubrique et me mets à lire.
Les appartements des étudiants en psychologie sont combinés avec ceux des étudiants en commerces et  de ceux en littérature au cœur du campus car les facs sont jumelées.
Nan, je me grattes les yeux et relie tout une deuxième fois. Ce n 'est pas possible.
Je ferme mon ordinateur encore plus brutalement que la première fois, je vais peut être me calmer, il m'a couté un salaire, puis je ferme les yeux et m'endors dans l'espoir que tout ça ne soit qu'un mauvais cauchemars.

••

Mon réveil me réveille en sursaut, et mon chat en profite pour me lécher le visage, sa mauvaise haleine me fait vite sortir de mon lit. Mes yeux tristes et mon corps mollasson se dirigent en direction de la salle de bain. Évidement celle ci est occupée, heureusement la maison est grande, je monte à l'étage et entre ouvre la seconde, vide, enfin.

Je jettes un coup d'œil dans la chambre de Steven collé à la salle de bain et me demande comment il fait pour rester au campus même durant des vacances d'été.

« Bah alors p'tit cul! Tu me rejoins au campus?
Je sursautes, deux grosses mains sont posées sur mes épaules, je me retournes tout sourire.
-Bah qu'est ce que tu fais là toi!?
-Une semaine avant la rentrée je me devais bien de voir ma famille et ma p'tite sœur chérie!
Steven me prend dans ses bras et me caresse gentiment le dos, une preuve d'amour de mon grand frère c'est tellement rare que je resserre son étreinte.
-Tu m'as manqué mon gros lardon, maintenant laisse moi aller à la douche!
-Ha c'est ça c'todeur ! »

Je lui mets une tape sur l'épaule et file sous la douche.
L'eau chaude roule sur mon corps mais ne m'aide pas vraiment à prendre une décision. Je ne sais pas vraiment ce qui pourrait être bon pour moi mais je ne sais pas non plus réellement si j'ai le choix.

Je descends dans ma tenue du dimanche, un jogging noir, un sweat noir et une grosse paire de chaussettes. Je suis finalement étonnamment surprise quand je vois que la rallonge de la table ,qui est habituellement déjà assez grande, installée et deux chaises rajoutées.
Je fais un petit tour de la pièce et tombe sur ma grande sœur adorée! Je lui sautes dans les bras et lui fais un gros bisous.

« -Maman m'a tout dit, tu penses faire quoi?
Elle n'a pas le temps celle la!
- Franchement je ne sais pas trop... et puis dans le fond je crois ne pas avoir le choix...
-Tu sais ce qui pour moi est le mieux, va sur ce campus, fait des rencontres, je ne sais pas si habiter seule et te renfermer encore plus sur toi même est une bonne idée...
-Mais je voulais prendre Pika moi!
-Tu le prendras dans 5 ans ton chat et tu continueras de le voir ne t'en fais pas! »

Dans le fond elle n'a pas tord, je crois que j'avais envie d'entendre ça, je vais essayer de prendre ma vie en main même si c'est dur, vraiment très dur.

« -Maman t'es où?
-Dans la cuisine chérie, je fais la salade, qu'est ce qu'il se passe?
-Tu peux m'aider à faire les démarches pour m'inscrire sur le campus? »

Toute la pièce se retourne et me regarde sourire aux lèvres, surtout Steven prêt à me sauter dessus tout content.
Je ne sais pas si je suis encore plus confiante ou si je regrettes immédiatement mon choix.

••

L'histoire d'une McLayer Où les histoires vivent. Découvrez maintenant