Après une énième tentative de mettre fin à mes jours, les pompiers me transfèrent de nouveau de l'hôpital jusqu'au CAC, le centre d'accueil et de crise.
Le lieu où l'on atterrit avant d'être envoyé directement à l'hôpital psychiatrique.
En arrivant là bas, on poireaute en général plusieurs heures avant d'être examiné par un psychiatre qui décidera si oui ou non on est assez cinglé pour être interné ou si on peut rentrer tranquillement chez papa maman.
En arrivant pour la troisième fois dans ce lieu que je connaissais désormais par cœur, ce fut moi qui guida les ambulanciers jusqu'à l'accueil. Ces derniers ont pour simple mission de m'escorter d'un point A à un point B.
Ensuite, le véritable enfer a lieu dans la salle d'attente. La dernière fois j'avais eu la chance d'être prise en seulement 3 heures. Cette fois ci je dus en attendre presque 7. Sept heures qui furent pour moi interminables.
Je vais voir plusieurs fois les infirmiers qui me répondent d'un air désolé qu'ils ne peuvent rien pour moi car il n'y a qu'un seul psychiatre pour tout l'hôpital. Et ils osent appeler ça les « urgences psychiatriques ».
Pour ma part, je ne suis « que » dépressive. Mais je n'ose imaginer la détresse dans laquelle doivent se trouver les autres gens, parfois gravement atteints.
Au bout de la 6e heure je crois, je commence à dérailler. J'appelle mes parents et les supplie de venir me chercher ce à quoi ils répondent par la négative, bien évidemment.
Je n'ai pas mangé depuis plus de 24h et suis à bout de force.
Je décide, dans un acte désespéré, d'aller voir un infirmier afin qu'il me donne un anxiolytique.
Sur le moment, je vois qu'il est embarrassé. Il tourne les talons en soupirant et me ramène le fameux cachet.
Je l'avale avec précipitation tandis qu'il me regarde avec insistance. Je tourne les talons retrouver ma place dans la salle d'attente sans lui adresser un seul mot.Une demi heure après, je subis l'une des plus grosses crises d'angoisse que je n'ai jamais vécu. Pour ne pas déranger les autres personnes qui attendent, et par fierté sûrement aussi, je décide de sortir dehors.
J'appelle en panique ma sœur qui tente de me calmer. Je veux absolument quitter cet endroit horrible.
A bout de nerf, je pleure, je cris. Je suis dehors assise sur une marche. Les rares personnes qui sortent de ce côté de l'hôpital m'ignorent ou jettent un regard curieux parfois.Quelques minutes s'écoulent et alors que je suis encore au téléphone avec ma sœur, je le vois débarquer.
Je le suis du regard pensant qu'il a quelque chose à faire, espérant qu'il ne me verra pas dans cet état. Pourtant, c'est bien vers moi qu'il se dirige.« - Bon Cécé/Célia j'vais te laisser, y a l'infirmier qui est là. Devant moi.»
Cet homme, sera soit celui qui me sauvera soit celui qui me mènera à ma perte. Mais à ce moment, je ne le sais pas encore. Maintenant que j'y pense, j'aurais du partir loin, le fuir, l'ignorer. L'envoyer chier. N'importe quoi.
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Sur le fil du rasoir
RomanceAprès une énième tentative de mettre fin à ses jours, Elena est transportée au centre d'accueil et de crise de sa ville, lieu de transit entre la vraie vie et l'hôpital psychiatrique. Alors qu'elle est au plus bas et que rien ne fait sens dans sa vi...