3. Elros

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Du peu qu'on puisse s'en souvenir, Elros avait toujours été un gentil gamin. Il avait été recueilli par l'orphelinat alors qu'il avait quatre ans, on ne savait pas trop pourquoi, mais il avait pu indiquer à mademoiselle Hanson que ses parents lui avaient dit de venir toquer ici, et qu'ils reviendraient le chercher la semaine suivante. Evidemment, les parents d'Elros n'étaient jamais revenus, mais ça n'avait jamais vraiment semblé le tracasser plus que ça. Il était très jeune à ce moment là, alors il avait dû vite oublier ses parents. C'est ce que tout le monde se disait. Elros était réputé pour être assez malin, il arrivait toujours à se sortir de toutes situations, on aurait cru que les cieux veillaient sur lui. Les autres enfants l'aimaient bien, il était leur héros, un véritable esprit de leader, toujours à se dénoncer pour les autres et à les protéger. Elle était là, sa famille, dans ce petit orphelinat, entouré de Mademoiselle Hanson et d'Elena, oh Elena... Et de tous les autres aussi ! Ses parents ? Peu importe, ils n'étaient plus là, il n'avait pas le temps de pleurer pour des gens qui l'avaient lâchement abandonné. Bien sur il aurait aimé comprendre pourquoi, il se demandait si c'était de sa faute à lui, peut être n'avait-il pas été un bon gamin, un gamin si horrible que son père et sa mère n'aurait pu le garder. Ou alors ils n'étaient juste pas prêt à être parent. Quoi qu'il arrive, sa mère à lui, c'était Mademoiselle Hanson. Elle était jolie et si gentille, toujours un compliment à lui faire et toujours à le défendre quand on disait de lui qu'il était un sale garnement. A chaque fois qu'un couple passait voir les enfants dans l'espoir de trouver la perle rare qu'ils adopteraient, Elros fuyait l'orphelinat, il ne voulait pas partir, il voulait rester dans ce quotidien qui lui convenait tant, il voulait rester là où ses parents l'avaient laissé car peut être qu'un jour, tout bêtement, ils reviendraient le chercher. Il savait qu'il espérait en vain, et il ne savait même pas comment il réagirait s'il les revoyait. Oui, il s'en fichait pas mal d'avoir été abandonné, mais quand même, il était curieux, juste de la curiosité, rien que de la curiosité.

Il connaissait Maeve depuis longtemps, en fait d'aussi loin qu'il s'en souvienne, il la connaissait depuis qu'il était au village. Sa réputation la suivait. elle avait vécu dans l'orphelinat pendant 4 ans, et était partie 2 ans avant qu'il arrive. Il paraissait que plusieurs enfants dont elle était proche avaient été retrouvé mort, on l'a accusé de les avoir tué, puis vu son jeune age, d'être maudite, et de fil en aiguille, elle a décidé de partir vivre sur les monts à côté du village, même mademoiselle Hanson n'avait pas réussi à l'en dissuader. On peut en dire ce qu'on  veut, mais après son départ, plus personne n'est mort. Maeve avait commencé à vivre seule à ses 11 ans, et deux années plus tard, elle fut la première personne a rencontrer Elros. Il lui avait demandé son chemin, debout sur ses deux petites jambes, et Maeve l'avait elle même amenée jusqu'à l'orphelinat, le laissant avant qu'on lui ouvre la porte. Les années ont passé, et Elros s'est intéressé au cas de Maeve, au point où il cherchait tout le temps à la croiser le peu de fois où elle venait au village. Il s'identifiait à elle, à son histoire tragique, il ne voulait pas qu'elle soit seule et tentait toujours d'aller lui parler. Mais Maeve restait Maeve, des réponses brèves et sèches qui te font comprendre qu'elle n'a pas envi de prendre le risque de te connaître, et Elros était contrarié à chaque fois d'échouer à son processus de sociabilisation. Malgré tout, il n'abandonnait jamais, il n'avait jamais rien abandonné, même l'espoir ne l'avait jamais quitté. IL était l'optimisme et l'innocence, il ne pensait pas qu'un jour, toute sa petite vie paisible puisse être réduit à néant.

C'est pourquoi, se réveillant étouffé par une odeur de fumée, il n'a pas vraiment eu le temps de comprendre ce qui se passait que ses grands yeux furent submergés par une image inquiétante. Il repensa aux paroles de Maeve, "Le feu ? Il est le symbole de l'enfer à lui tout seul, rien n'est plus puissant et dévastateur, crois moi, le bois brûle encore plus vite que tu ne l'imagines", et au bout de quelques secondes il reprit ses esprits et bondit de son lit, du feu, du feu partout, il voulut tourner la tête vers les enfants qui partageaient sa chambre mais une vision d'horreur le prit. Il resta figé, fixant ces corps carbonisés, c'était trop tard, tout était trop tard, il était encerclé, les flammes allaient bientôt le consumer lui aussi. Il se mit à pleurer en serrant les dents avant de se mettre à courir pour sortir de la pièce malgré le feu. Il était au premier étage, devant les escaliers et prêt à descendre quand le doux visage de la petite Elena vint se loger dans son esprit il tourna sa tête vers la chambre qu'elle occupait et y courut imprudemment manquant de se prendre une planche de bois qui tombait du plafond. Il ouvrit rapidement la porte et de surprise tomba en arrière. Morte. Elles sont mortes. Ils sont tous morts. Il se mit à trembler, l'angoisse l'attrapa par la gorge, en face de ses yeux écarquillés il distinguait très clairement le corps où du moins ce qui en restait d'Elena dans les bras en feu de mademoiselle Hanson. Il tenta de se ressaisir et mit un coup de pied dans la porte pour cacher ce qui se trouvait en face de ses yeux avant de se relever et de se mettre à courir le plus vite possible. Il courut, dévala les escaliers et réussi à sortir de l'orphelinat des brûlures plein le corps. Là, il y aperçut la vision tremblante, la silhouette de Maeve. Il tenta de la rejoindre, tendant le bras vers elle, il était à bout de force, et même avec tous les efforts du monde, son corps le lâcha et il s'écroula.

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