- Au Tajebrasin, on dit que l'ancien empereur n'était pas aussi romantique qu'on le prétend ici...
Le Tajebrasin n'est pas que le nom de l'ouest de l'empire, c'est surtout comme ça que s'appelait déjà ce territoire du temps où il était un royaume. Normalement, l'empire renomme ses provinces une fois conquises. Soit en leur donnant un nom qui sonne plus rhakan, soit en leur attribuant celui de la famille qui les gouverne.
C'est une des techniques de l'empire pour effacer l'identité d'un pays et l'intégrer plus durablement à sa nouvelle nation, à sa nouvelle culture. Cependant, les différences culturelles comme l'identité de l'ouest étaient si fortes que l'empire a préféré conserver son nom d'origine.
Encore aujourd'hui l'ouest est sans doute la province la plus distincte et rebelle de l'empire.
C'est celle qui s'accroche le plus à ses traditions, et la seule qui n'envoie aucun de ses rejetons nobles dans les écoles impériales de la cour. Il paraît même que ses écoles, civiles comme militaires, rivalisent avec celles de la capitale... Je suppose que tout ça participe à l'attitude de la famille Bralizem, comme à la défiance de la cour envers elle.
- ... on dit aussi, ajoute Semjinkin, que même s'il a rencontré la mère de Kianshei avant que ma sœur ne tombe enceinte, il ne fait aucun doute qu'il est également le père de mon neveu.
- Hum.
Je suis si dubitative qu'il ne peut s'empêcher de pouffer dans sa main.
- Je sais ! Pour quiconque croit en la version officielle, ça ne tient pas debout ! Ici on vous dépeint Henkhei comme un homme fou amoureux, un de ces rares empereurs qui n'a jamais eu de maîtresse, et qui a même été si loyal envers la femme qu'il aimait qu'il n'a même pas pu faire un mariage diplomatique qui aurait pourtant bénéficié à l'empire... Il est évident que, présenté ainsi, on peine à croire qu'il ait pu avoir un enfant avec une autre. Un enfant qu'il n'a jamais reconnu, et qu'il aurait eu avec une femme qu'il n'a jamais voulu épouser...
- Oui, comme vous le dites, ça ne tient pas vraiment debout.
- Et pourtant... Saviez-vous que même si ses fiançailles étaient politiques, Henkhei a choisi ma sœur plutôt qu'une autre parce qu'elle lui plaisait sincèrement ? Et que c'était réciproque ? Ils ont échangé de nombreux gages d'amour avant qu'il ne rencontre la mère de Kianshei.
Oh ?
- Non, je l'ignorais.
Un fin sourire moqueur étire la lèvre de Semjinkin quand il répond :
- Oui, on n'aime pas évoquer cette partie de l'histoire ici. Parce qu'en vérité, avant de rencontrer son prétendu grand amour, l'empereur a eu différentes aventures. C'était un très bel homme, il avait beaucoup de succès. Ma sœur toutefois fut la seule à avoir réellement retenu son attention. Elle-même a toujours été une des plus belles femmes de l'empire, mais surtout, elle avait de nombreux points communs avec Henkhei. Leur complicité était réelle et Henkhei la voyait très souvent, même après sa rencontre avec la mère de Kianshei. Or, il y a autre chose qu'on raconte...
Appuyant ses coudes sur ses genoux, il poursuit en baissant la voix :
- Henkhei n'a jamais voulu dire qui était la mère de Kianshei, à part que c'était une rhakane d'une noble lignée. Évidemment, tout le monde a cherché à savoir de qui il pouvait s'agir. Et la majorité de ses courtisans sont sûrs que la mère de Kianshei n'a jamais vécu à la cour, ni dans ses environs. Même en étant empereur, on ne peut pas garder éternellement cachée une telle relation. Surtout en étant empereur, en vérité ! C'est une position où on est constamment observé, et Henkhei était bien moins secret que son fils. À la différence de Kianshei, il n'était pas tout le temps fourré au temple, ni ne passait des heures enfermé seul on ne sait où au palais. Alors si cette femme avait fait partie de ses courtisans, ça aurait forcément fini par se savoir.
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Le Harfang & Le Loup - T2 - Le Manipulateur d'Énergie
FantasyTaïmi, une kaeli qui a le don de pouvoir aider les fantômes, a dû quitter son nord bien aimé pour venir s'installer à la cour rhakan, après avoir épousé en secret l'empereur, Kianshei. Elle ne se plaît pas à la cour, se méfie de l'empereur qui cach...