six

62 7 12
                                    

OMNISCIENT.

— Ok Samuel, tu peux faire une pause !

Ses mots caressèrent les oreilles de Samuel et sonnèrent comme une douce mélodie. Ces derniers temps, le travail avait été épuisant pour lui, et il souffrait d'insomnie. Beaucoup de choses lui passaient par la tête. Mais surtout, il pensait à Adrien. Il donnerait tout pour voir la tête blonde de son petit frère. Il soupira. Il espérait qu'il allait bien.

Pour l'aider à évacuer toutes ses émotions, il sortit un paquet de Marlboro de la poche de son tablier, ainsi que le briquet en métal qu'il avait reçu de son grand-père et tenta d'allumer la cigarette. Le briquet fit quelques étincelles avant de sortir une flamme qui vint réchauffer ses mains et embraser la cigarette. L'odeur du tabac parvient à ses narines. En un sens, elle était plutôt réconfortante. Sûrement parce qu'elle lui est familière. Il tira une taffe puis expira, laissant le nuage de fumée se disperser devant lui. Il ferma les yeux.

Samuel était épuisé.

Son moment de calme fut interrompu par une quinte de toux et d'un raclement de gorge. Il tourna alors sa tête par réflexe vers la personne qui venait de faire ces bruits, et son cœur manqua de transpercer ma poitrine.

Danielle était à 5 pas de lui.

C'était la première fois qu'il la voyait depuis le soir où elle l'avait appelé. C'est à son tour d'être pris par une quinte de toux. « Bravo Samuel, tout en finesse », pensa-t-il. Leurs regards se croisèrent et ils furent tout deux désarçonnés. Dans d'autres circonstances, ils auraient ri de l'ironie de la situation. Cette nuit là, ils flirtaient de manière quasiment obscène par téléphone, et maintenant, alors que quelques mètres les séparaient, ils ne purent que tousser et se regarder dans le blanc des yeux. Samuel réajusta sa chaîne et articula enfin, avec un air confiant totalement factice et un petit sourire en coin :

— T'as les poumons fragiles ?

— Non, tout va parfaitement bien, répondit Danielle d'une voix étranglée.

Danielle ne se reconnaissait pas. Elle qui d'ordinaire était si extravertie et à l'aise, surtout en compagnie de Samuel, se sentait totalement vulnérable. Elle essaya de ne pas penser à leur appel.

Samuel, face à sa réponse, hoche la tête en silence avant de reprendre une taffe, sans savoir comment relancer la conversation. C'est fou comme cette fille le rendait idiot.

Il l'observa discrètement. Elle avait attaché sa perruque marron dans une queue de cheval haute, et avait glissé deux barrettes noires sur sa side part. Elle était habillée de manière très décontractée – elle qui avait l'habitude de sortir en minijupe et bottes à talon pour aller faire ses courses – mais toujours classe. Elle réajusta son pull gris clair qu'elle avait accordé avec un cargo beige ainsi que de nombreux bijoux en argent. Son regard descendit jusqu'à sa paire de New Balance argentées, puis remonta sur son visage.

Danielle n'était pas tellement maquillée, si ce n'était pour ses extensions de cils, le léger highlighter qu'elle avait appliqué sur le bout et l'arête de son nez, ses pommettes, et l'arcade sourcilière, et un gloss transparent. Pourtant, Samuel ne pouvait pas s'empêcher de remarquer à quel point elle avait de beaux traits, surtout de profil. Elle avait le genre de beauté qui vous fait garder une photo d'elle dans votre porte-monnaie.

𝐏𝐑𝐄𝐓𝐓𝐈𝐄𝐒𝐓 𝐇𝟎𝐄 ; 𝘴𝘩𝘰𝘳𝘵 𝘴𝘵𝘰𝘳𝘺Où les histoires vivent. Découvrez maintenant