Partie IV

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Clarke ne le suit pas. Peut-être qu'elle pense qu'il a juste besoin de passer un peu de temps seul pendant un moment. Peut-être qu'elle ne se soucie pas du tout de lui, en fin de compte. Fin de l'histoire. Mais Bellamy n'a pas seulement besoin d'être seul. Il a besoin de laisser exploser sa colère, il a besoin que ce feu qui crépite à l'intérieur de lui se libère et brûle tout sur son passage. Sa jalousie, son désir... Ces sentiments dont il ne veut plus doivent disparaître, et ils ne peuvent pas le faire s'il reste ici.

Il commence à marcher. Il ne sait pas où il va. Il ne sait pas où il s'arrêtera. Il n'a conscience de rien d'autre que de la façon dont son cœur bat furieusement dans sa poitrine, la façon dont ses poumons brûlent et sa gorge se serre douloureusement. D'abord à cause du rejet de Clarke, puis, après des heures de marche dans les bois, à cause de l'effort. Ça fait du bien d'abandonner son cœur, sa tête, et de se concentrer sur son corps.

Et puis, quand ses pensées n'arrêtent finalement pas de le torturer, Bellamy se met à courir. Jusqu'à ce qu'il n'y ait plus d'air dans ses poumons, plus d'énergie dans son cœur, plus de force dans ses muscles endoloris. Et même après ça, il continue de courir. Il continue à courir jusqu'à ce que ce qu'il pensait être une forêt sans fin se transforme en une falaise. Jusqu'à ce que la terre ferme se transforme en air. Et là, il est trop tard pour s'arrêter. Il trébuche et tombe, et ne peut rien faire d'autre que de s'accrocher alors que son corps roule sur les rochers, heurte les arbres et les branches.

Dans sa tête, il croit entendre Clarke crier son nom.

Lorsque Bellamy cesse enfin de tomber, il a l'impression de s'évanouir. Tout son corps est douloureux et il n'ose pas encore bouger, juste sa main pour toucher le liquide chaud qui coule sur son front. Il gémit quand ses doigts reviennent rouges de sang.

Clarke va le tuer.

La pensée de ses yeux bleus inquiets le fait bouger et essayer de s'asseoir. Elle va être tellement en colère contre lui quand elle apprendra la vérité sur ce qui lui est arrivé. Je courais et je suis tombé. Quel idiot imprudent et têtu il peut être, parfois.

Heureusement, rien ne semble être cassé, bien qu'il se sente étourdi et que sa tête continue de saigner. Il réfléchit à un moyen de panser sa blessure quand il l'entend. Le frottement d'une branche. Le craquement des bois. Un faible grognement.

Un sanglier ? Un ours ? Une panthère ? Bellamy se lève pour étouffer un cri quand sa cheville droite hurle sous son poids.

Putain, putain, putain, putain.

Il sort son arme et déverrouille la sécurité tout en prenant connaissance de son environnement. Il remarque de hauts murs, des portes toutes aussi gigantesques, et des cages. Tout est à moitié détruit, mais il reconnaît le bâtiment grâce aux vieilles archives qu'il a vues sur l'Arche. C'est un zoo. Ou du moins ce qu'il reste d'un zoo après qu'une apocalypse nucléaire ait détruit la planète.

Bellamy n'a pas le temps de se demander quel animal pourrait se cacher dans un tel endroit. Il est soudain frappé par quelque chose. Une créature lourde, noire et géante qui court à nouveau dans sa direction, le frappe en plein dans la poitrine et l'envoie au sol une fois de plus. L'impact lui coupe le souffle, le choc lui fait lâcher son arme qui tombe quelque part autour de lui et il s'y précipite, essayant de regarder autour de lui pour apercevoir le monstre qui l'a attaqué.

Il est sur le point d'atteindre son arme lorsque la bête saute de la falaise au-dessus de lui, atterrissant devant lui avec fracas. Même s'il ne ressemble à rien de ce qu'il a pu voir dans les livres et les archives de l'Arche, Bellamy reconnaît l'animal. Il s'agit un gorille géant. Et le gorille géant et meurtrier commence à courir dans sa direction une fois de plus. L'arme est à portée de main, mais pas assez près. La seule chose qui le sauve des horribles dents de l'animal est le lourd bâton de bois qu'il tient devant lui juste avant de donner des coups de pied et de se battre pour s'emparer de son arme. Lorsqu'il y parvient enfin, il n'hésite pas à tirer, il ne prend même pas le temps de viser.

Dans la peauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant