Thief of Dreams

Chapitre 1: Fascination...

Ce matin, je me lève tranquillement, tandis qu'un faisceau de lumière m'éblouit. Je m'étire et je jette un bref regard à mon réveil. Il est 7 heures, je dois me dépêcher. J'enfile rapidement une chemise sombre et un jean troué qui traînait dans l'armoire et je pars prendre mon petit déjeuner. J'entre dans la cuisine et je m'assois sur une des chaises en passant une main dans mes cheveux décoiffés. Ma mère est là, et prépare le petit-déjeuner. Elle me lance un sourire et lève un sourcil en me regardant. 

"Bien dormi ma puce ?"

Je tourne la tête en roulant des yeux. Ai-je une mine si abominable que cela? Je passe mon doigt sur les poches que j'ai sous les yeux puis je hausse les épaules. Peu importe. Je déteste quand ma mère m'appelle "ma puce", ça me donne l'impression d'avoir encore quatre ans. Je croque rapidement dans un biscuit et lui réponds en m'asseyant.

"Oui pourquoi ?" 

Je lève les sourcils, essayant de prouver mon incompréhension. Puis, enfin, intervient mon père. Il lève brièvement la tête de son journal pour réagir. Je soupire. Qui lit encore le journal au XXIème siècle? 

"Tu sembles fatiguée..." Il déclare en haussant un sourcil avant de reposer les yeux sur sa revue.

Je geins. J'ai passé la nuit à observer un homme dégustant morceau par morceau son chat. Je suis une nouvelle fois tombée sur un rêve absurde sans importance.

 Sans avoir répliqué quelque chose qui m'aurait valu une réprimande, j'avale rapidement ce que je venais d'enfourner dans ma bouche et je sors de table. Et si nous allions admirer le si beau visage livide et pourvu de cernes bleuâtres que je possède? J'entre dans la salle de bain et je lance un bref regard au miroir devant moi. C'est bien ce que je pensais... Je vais une nouvelle fois devoir camoufler mon teint bouffi sous une tonne de maquillage.

 Après avoir étalé sur ma peau une dizaine de produits, j'attrape rapidement mon sac de cours et j'enfile ma vieille veste en jean deux fois trop grande pour moi. Et c'est ainsi qu'après ma course habituelle pour ne pas le rater, j'entre dans le car. Puis, je m'assois comme à mon habitude aux côtés de Sun-Hi.

C'est mon amie la plus proche, et sûrement la seule que j'aie, mais malgré tout ça me suffit. Elle est d'origine coréenne. D'après ce qu'elle m'a dit, son prénom signifie "bonté et bonheur", ce qui la caractérise parfaitement, selon moi. C'est la personne la plus dynamique et souriante que je connaisse, et ça à toute heure de la journée -parfois à mon plus grand désespoir. Ses jolis yeux noirs ainsi que sa peau pâle et ses longs cheveux bruns témoignent d'une rare beauté. Contrairement à ce qu'on pourrait penser, je partage tout avec elle, des vêtements jusqu'aux confidences. 

Je lui d'ailleurs ai avoué pour mon étrange "faculté" à rentrer dans la tête des gens pour voir ce qu'il s'y passe, la nuit. Evidemment, au début, comme toute personne censée, elle ne m'a pas crue. A l'inverse, elle se moquait de moi et m'accusait d'avoir une imagination bien trop débordante. Mais une nuit, par hasard, je me suis dissimulée dans l'un de ses cauchemars. Je n'ai rien pu faire d'autre qu'observer. La pauvre, se faisait attaquer par une nuée de chauve-souris qui lui dévorait la partie inférieure du visage. Quand fût le moment pour elle de se réveiller, je me suis éclipsée à la vitesse lumière pour rejoindre mon lit. Et c'est ainsi que je lui ai conté l'histoire de son propre cauchemar le matin même. Elle n'en croyait pas ses oreilles.

"Comment est-ce que tu sais ça ?" m'avait-elle hurlé, plus que surprise.

J'avais bien sûr rétorqué après un soupir ce que je ne cessais de lui répéter depuis quelques semaines, en croisant les bras.