24 - I'll be so Fucking Rude ✒

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Il faisait froid. Non pas que ses poils s'hérissaient sous la fraîcheur ou ses dents claquaient entre elles. Mais plutôt l'ambiance. L'ambiance était froide.

Un silence de mort était présent dans ce couloir bien trop clair et épuré pour la sombre scène à laquelle le garçon assistait.

Debout, tentant de garder son visage le plus neutre possible, il observait. Il imprégnait, il espérait. Il espérait rêver. Non. Faire un mauvais rêve. Ou plus simple, cauchemarder.

Ce n'était pas concevable. Non, c'était même irréel. Comment ? A quel moment cette situation avait fini par être la seule solution ?

Il devait bouger, se précipiter, le sauver. Mais il ne pouvait pas, il en était incapable. Ses jambes ne bougeaient plus. Son corps ne lui répondait plus.

Il était impuissant et faible face aux derniers instants de cet être si cher à ses yeux.

Dans ce long couloir, finalement plutôt sombre d'un côté, il était seul à regarder à travers cette vitre. Personne ne l'accompagnait. Il ne voulait pas faire subir cela à ses proches. Partager sa douleur semblait bien plus épuisant que la contenir. Quel égoïsme.

A l'intérieur de la pièce face à lui. Il était allongé, comme d'habitude, ses expressions du visage apaisées, calmes, endormies. Oui, endormi.

De nombreuses personnes entouraient son lit. Le lycéen du couloir ne savait pas exactement combien, ni qui étaient présents. Mais ce qui était certain c'est qu'il y avait une personne en blouse blanche. Cette blouse n'était pas agréable à regarder. Elle semblait être trompeuse. Elle mentait. Un médecin ça sauve des vies. Vraiment ?

De là où il était, le garçon ne savait pas s'il entendait réellement le son répétitif de la machine à travers la vitre, indiquant qu'un cœur battait encore, ou si c'était seulement le fruit de son imagination qui savaient que son ami était encore vivant. Encore. Pour l'instant.

En réalité, ce fait était surtout confirmé par les courbes qui s'affichaient sur l'écran de cette même machine.

Le regard vide de l'adolescent croisa alors celui d'une jeune infirmière qui se retourna vers lui, les yeux remplis d'inquiétude et d'excuses silencieuses, mais elle finit par se détourner à son tour, interpellée par son supérieur en face d'elle. Elle avait un devoir à accomplir.

Après tout, le garçon avait pris la décision de rester à l'extérieur de la pièce de son plein gré. Et il avait au fond de lui, ses raisons. Il ne voulait pas voir le visage indifférent d'un père face à la fin son fils. Puis il avait pris le temps de faire ses adieux plus tôt dans la soirée. Seul.

La jeune infirmière lui lança un dernier regard comme si elle avait besoin de son autorisation pour faire quoi que ce soit. Il lui sourit alors tristement et hocha légèrement la tête, sans même qu'il ne s'en rende compte lui-même. Son sourire avait été faux. Forcé. Difficile.

Tout alla alors très vite mais pourtant le garçon semblait voir la scène au ralenti.

Le bruit que le lycéen pensait imaginer se fit silencieux et les dessins répétitifs de la machine se transformèrent en une simple ligne droite.

Minho n'entendit qu'une simple phrase, sans verbe, sans intonation mais pourtant remplie de sens, avant de s'effondrer en larme et de se recroqueviller contre le mur pâle et froid de ce couloir vide.










"Heure du décès : 17h36"

-𝓐𝓷𝓸𝓽𝓱𝓮𝓻 𝓛𝓸𝓿𝓮 - /ᴹⁱⁿˢᵘⁿᵍ/Où les histoires vivent. Découvrez maintenant