L'épilogue de l'Edenverse

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Ne laissez jamais personne définir à vos dépends qui vous êtes et qui vous souhaitez devenir. Même dans le noir le plus profond, même dans les ténèbres les plus sombres, les rêves ont leur place. Les êtres vivants ont un mode de fonctionnement comprenant des activités spécifiques. Une première consiste à puiser dans un environnement les substances indispensables au fonctionnement de l'individu, et à rejeter des déchets. Prendre ce qui est bon pour survivre et mettre au rebut ce qui contamine et abime les âmes.

Une autre priorité bien que plus frivole à certains regards est la reproduction, qui permet de se multiplier. Les êtres vivants réalisent aussi des mouvements, visibles ou non à l'œil nu, tout en étant en contact avec le milieu extérieur pour se maintenir dans un état relativement constant malgré les changements du milieu où ils se trouvent. Pourtant, tout n'est guère si simple.

L'inertie est considérée comme le propre du non-vivant, et le mouvement perçu comme l'un des premiers « signes de vie ». En effet, suivant cette définition, la plupart des animaux se déplacent ou, au moins, réalisent des mouvements leur permettant de se nourrir, tandis que l'immobilité des végétaux n'est qu'apparente que ce soit dans les mouvements de croissance ou la circulation de la sève. Pour autant, tout ce qui bouge n'est pas vif. Ainsi le feu, symbole de vie volé aux dieux selon les Anciens, dont la flamme est dynamique, déformable et sensible aux variations du milieu dont elle se nourrit, n'est pourtant pas animé de vie.

Inversement, les virus isolés, hors d'une cellule infectée, ne sont que de simples « objets » sans activité autonome : de ce point de vue, ils ne feraient pas partie du vivant. Pourtant, ils possèdent leur propre information génétique, qui a la même structure que celle des êtres vivants et, quand ils parasitent une cellule, en prennent le contrôle et deviennent alors capables de se reproduire. Ainsi, la vie correspond à un ensemble de critères, dont aucun, à lui seul, n'est suffisant.

Il serait possible d'en venir au postulat suivant : la vie est une histoire. L'évolution est un mécanisme commencé il y a quelque 3,8 milliards d'années, et qui se répète dans chaque cellule. La plupart du temps, chacune donne naissance à une nouvelle cellule dotée de caractéristiques identiques à celles de la cellule mère. Mais parfois, au niveau des individus et des espèces, des modifications se produisent qui donnent lieu à de nouvelles adaptations au milieu, et sont à l'origine de nouvelles espèces. Les êtres vivants actuels ne sont pas identiques à ceux du passé et, pour reconstituer l'histoire de la vie, il n'existe pas d'arbre généalogique. Mais, les fossiles, vestiges de vie, témoignent tels des documents historiques. De ce point de vue, la vie est un long processus entamé au fond de l'océan primordial...

De la vie à la mort. Les organismes vivants ont une durée de vie limitée. La dernière étape de ce temps d'existence, la mort, est difficile à définir. Longtemps, chez l'homme, l'arrêt du cœur marquait la fin de la vie. Mais aujourd'hui la médecine parvient parfois à rétablir cette fonction. La vie est alors une propriété qui s'ajoute ou se retranche à un organisme vivant. Qu'est-ce donc que la mort ? Un état de fait ? Une cessation complète et définitive de la vie ? Un dieu qui d'un courroux stopperait la première vie pour qu'une seconde commence en d'autres lieux ? Faudrait-il rêver d'une vie ou d'une mort meilleure ? Et encore qu'est-ce que le rêve si non une production psychique survenant durant le sommeil, une représentation plus ou moins d'une chimère idéaliste qui présente des qualités telles qu'on les confondrait parfois avec le réel.

Lui était bien placé pour le savoir : les rêves se soldent toujours par la haine et le désespoir. Une vive hostilité qui porte à souhaiter ou à faire du mal à ce tiers répugnant. Être gagné d'un jour un seul d'un abattement si profond que le tabouret sous la corde bascule pour plonger dans ce « repos » qui n'est pourtant pas accordé par celui qui las de sa faux préfère se languir de cette petite carcasse asphyxiée pendant à ce dernier morceau de vie. « Prends-moi, prends-moi » souhaitait hurler cette voix qui ferma les orbites pour les rouvrir sur cette petite chambre dont l'immaculation irradiait son opulence.

Adonysanthème, hybride d'or et de magentaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant