Chapitre 1

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_Réveille-toi sale morveuse, sinon je te jette dans la benne à ordure. S'écria une voix rouillée par le temps mais encore ferme.

_Livia réveille-toi s'il te plaît, une voix douce et inquiète d'un petit garçon se fît entendre.

Emma grogna aux sons des voix, elle avait sommeil, bonté divine, laissez-la dormir, parce que faire ses devoirs à la dernière minute alors qu'elle avait toute une semaine à les faire peut être épuisant. Lorsque sa mère avait découvert qu'Emma était encore éveillée à trois heures du matin, elle fut furieuse, elle gronda sa fille, mais celle-ci n'avait pas dû écouter car elle essayait de s'empêcher de s'endormir. Elle soupira d'agacement alors qu'elle aidait sa fille à faire ses devoirs, elles finirent à cinq heures du matin avant d'ordonner, fatiguée, à sa fille de dormir et qu'elle la réveillera à sept heures pour qu'elle aille à l'école. Emma grogna mais suivit les ordres de sa mère. Elle s'endormit aussitôt que sa tête toucha l'oreiller.

_Livia, je t'en prie réveille-toi, pleurnicha la voix du garçon.

Emma ouvrit ses lourdes paupières pour découvrir un petit garçon qui la regardait avec soulagement, il avait l'air maigre sous ses habits sales, les joues creuses, les lèvres assèchies et craquelées, des cheveux bruns plein de boue, malgré ce portrait malheureux ses yeux étaient beaux, magnifiques même, deux yeux bleus sombres la fixaient, ces mêmes yeux rougis et bouffis par les larmes la regardaient avec soulagement.

Sa contemplation fût de courte durée alors qu'elle fût brutalement jetée au sol, une main grande et rocailleuse empoigna ses cheveux brusquement et l'agita dans tous les sens avant de la jeter au sol sec et chaud par le soleil. Pendant tout ce processus, la confusion fut la première à naître dans le cœur d'Emma mais elle fut rapidement remplacé par la peur et la douleur, elle cria, elle fut surprise d'entendre sa voix beaucoup plus aigu que d'habitude. Elle gémit lorsqu'elle fut jeter brutalement au sol, les larmes ainsi que la morve coulaient sur son visage. Le même garçon s'élança vers elle n'oubliant pas de jeter un regard noir à qui lui avait fait cela. Il inspecta du regard cherchant de possible blessure, ne trouvant que des vilains bleus, il soupira de soulagement avant de donner sa main à Emma pour qu'il l'aide à se relever.

_Allez, viens Livia, avant que le garde ne revienne, lui dit le petit garçon.

Emma soupira de frustration alors que le garçon n'arrêtait pas de l'appeler par le prénom de Livia, elle s'appelait Emma, Emma Anterd et non pas Livia. Elle accepta la main tendue, ses yeux s'agrandirent de choc alors qu'elle découvrit que sa main était beaucoup plus petite que d'habitude, elle avait l'air squelettique, de la terre était enfoncée dans ses ongles.

La jeune fille dirigea son regard vers l'enfant, il la fixait intensément avec un air d'inquiétude, elle détourna le regard gênée. Un cri failli s'échapper de sa bouche alors qu'elle regardait l'endroit présent, une camionnette noire était derrière elle, il en sortait enfant et adulte de différentes tranches d'âge, mais ils avaient tous un point en commun, ils étaient sales et puaient comme s'ils n'avaient jamais pris une douche de leur vie, ils portaient tous des haillons.

En face d'elle se trouvait un grand immeuble qui brillait au soleil. Emma le trouvait moche, fade et même banal car il ressemblait à n'importe quel bâtiment d'une société, il était recouvert de fenêtres certaines teintées et d'autres non. La fille tourna sa tête pour n'apercevoir que quelques arbres à perte de vue.

Une goutte d'eau tomba sur son nez, s'ensuivit d'autres avant d'être finalement transformé en torrent de pluie. Elle frissonna et commença à grelotter, elle détestait la pluie. La robe qu'elle portait collait à sa peau. Attendez une minute, depuis quand elle porte une robe ? Elle baissa le regard et examina son corps et ne put s'empêcher de s'horrifier. La soi-disante robe ressemblait plus à un chiffon rempli de terre et de graisse. Mais ce n'est pas cela qui l'a choqua, non pas cela, son corps jadis quelque peu rondelet n'est plus là, son teint bronzé par de longues marches à la plage n'est plus là non plus. Non, tout ce qu'elle trouva était un corps amaigri, la chair collait à la peau qu'on pouvait voir les os, sa peau était jonchée de blessures ainsi que des cicatrices, et l'effet était encore plus visible sur sa peau blanche, pas la même teinte que celle des asiatiques ou des princesses, non la sienne ressemblait plus à celle d'un vampire, blanche maladive. Elle n'avait plus sa poitrine imposante dont elle était si fière au lieu de cela elle avait les formes d'un enfant pas encore développé. Elle était pieds nus, l'eau lavait les traces de boue, mais les cicatrices persistaient.

Emma trembla de froid mais c'est surtout à cause de la peur, elle toucha ses cheveux pour découvrir qu'ils étaient anormalement longs mais aussi en bataille, plein de nœud s'y trouvaient, elle attrapa une mèche de cette chevelure et découvrit qu'elle était de couleur châtain et non pas blond. Elle empoigna les épaules du garçon, qui tressauta au contact et lui jeta un regard de confusion, Emma demanda:

_Comment je m'appelle ?

Le petit garçon la regarda étrangement mais lui répondit :

_Tu t'appelles Livia, est-ce que tu es sûre que tu vas bien ?

La jeune fille empêcha les larmes de couler, elle éternua plusieurs fois, ses dents claquaient, elle avait froid qu'elle admira le garçon devant elle qui ne montrait rien mais elle aperçut un petit tremblement dans son corps. Ils étaient une dizaine de personnes assemblées, la plupart étaient des clochards au vu de leur apparence misérable, six hommes avec une forte carrure les surveillaient, à l'arrivée de la pluie, ils avaient déjà un parapluie, la fille cligna des yeux confuse où avaient-ils bien pu le faire sortir ? Pas de leur poche en tout cas, car ils portaient tous des costumes noirs et deux d'entre eux portaient des lunettes de soleil, bizarre il faut dire.

Elle se lança dans sa série de questions sans se soucier de la question précédente :

_Qui es-tu ? Où sommes-nous ? Quel âge ai-je ? Quel âge as-tu ? Quelle date est aujourd'hui ?

L'enfant aux yeux bleus ouvrit la bouche puis la ferma aussitôt puis parla; dans sa voix l'inquiétude se mêla à la confusion :

_Je suis Erwan, est-ce que tu es sûre que tu vas bien ?

Emma maintenant Livia hocha la tête avant de la secouer, les larmes lui montaient aux yeux, personne ne saura de loin si Livia pleurait car les larmes furent mêlées avec la pluie, Erwan s'approcha doucement de Livia avant de l'enlacer avec ses maigres bras, il était plus petit qu'elle et sa température était bien plus inférieur. Au bout de quelques secondes, après que la fille aux cheveux châtains fût calmée, Erwan posa son regard sur elle avant de lui sourire avec un air rassurant, il continua de la fixer songeur avant de poser sa main sur la tête de Livia, elle le regarda perdue, il lui demanda :

_Est-ce que tu as mal ici?

Erwan pointa du doigt sa tête, la fille hocha la tête, ça lui faisait horriblement mal, mais au fil du temps la douleur s'atténuait. Il fronça les sourcils en essayant de se rappeler quelque chose, il bomba le torse, fier de trouver la réponse, il lui dit, fier de sa découverte :

_Tu es amésique

_Amnésique, répéta bêtement Livia

_Oui amnésique, confirma le garçon. Le vieux Jacques a dit que si on frappe fort quelqu'un à la tête, il aura une concoction cébal et boum il ne se rappelle plus rien.

_Commotion cérébrale, corrigea la jeune fille.

_Donc le vieux Jacques a dit que si quelqu'un a une commotion céréale, je veux dire une commotion cérébrale, il faut toujours lui dire ce qu'il veut et lui répondre s'il pose des questions, parce que les gens qui ont cette maladie souffrent et ont mal dans leur tête. Alors c'était quoi tes questions ?

Avant que Livia ne puisse poser ses questions exaspérée, une personne était devant un de ces gardes, les cernes montraient sa fatigue et n'arrêtait pas de toucher ses cheveux. Il gesticulait dans tous les sens, aussitôt qu'il ouvrit la bouche qu'un flot d'injures sorti de sa bouche. Le garde lui répéta sans cesse de se calmer et que quelqu'un viendrai les inviter à entrer d'ici une minute à l'autre, mais l'homme ne l'écoutait pas. Soudain sans prévenir, l'homme attaqua le garde, Livia vit au ralenti le garde sortir son revolver et le pointa entre les deux yeux de celui-ci. Un silence assourdissant s'installa, tous retenaient leur souffle.

_Allons Alex, il ne faut pas aller jusqu'à là, retentit une voix masculine d'un homme.

LiviaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant