Ivresse * PLK

38

Lana hurle a pleins poumons dans le couloir de l'hôpital. Elle ordonne à ses amis de la laisser passer, mais aucun d'entre eux ne cède sous la pression des coups de la jeune femme. Les yeux de Lise et Antoine sont remplis de larmes mais malgré la faiblesse de leurs corps, ils tentent de contenir Lana.
- Laissez-moi passer! Parlez moi putain, je vous en supplie

Jason attrape sa sœur par derrière et serre ses bras autour de ses épaules. Antoine, quant à lui, prend le visage de sa cousine entre ses mains, et les deux regards se croisant, chacun décèle la douleur de l'autre.
- Lana, écoutes moi, je n'en sais pas plus mais les machines qui captent les battements de son cœur se sont emballées et les infirmiers nous ont jeté dehors, en hurlant qu'il fallait du renfort, je ne peux rien te dire de plus
- Comment ça ? Qu'est-ce que tu dis ? Tu mens, c'est pas possible, il allait bien! Antoine laisse moi passer !
- Lana arrêtes ! Hurle Jason

Après le cri de Jason, plus personne n'ose bouger, Lana se laisse glisser le long du corps de son frère qui ne la lâche pas et tombe avec elle. Au bout de quelques secondes, les sanglots de Lana sont la seule chose qui résonne dans le couloir,et chaque personne dans l'étage n'entend que ça. Lise se retient d'éclater en sanglots dans les bras de Lisko et Antoine sert Ormaz dans ses bras.
- Je te jure que si je retrouve ce connard, je le tue, murmure Ormaz
- Moi aussi, mais la différence c'est que moi, je sais où le trouver, répond Antoine

Toujours dans les bras de son frère, Lana s'est endormie, fatiguée de tous les sanglots qu'elle a laisser s'échapper de ses entrailles. Jason joue avec ses cheveux, et la tient toujours dans ses bras. Pendant que Lana n'était pas consciente, le médecin est revenu voir Antoine, et le petit groupe qui s'agrandit de plus en plus.

- Antoine, l'état de Mathieu est stable, mais je vous ai tous observé, c'est quand Lana s'est éloigné et a perdu espoir que son cœur a failli s'arrêter, essayez de la convaincre de rester avec lui, j'ai bon espoir
- Merci Monsieur

Le médecin sourit et repart à ses missions avant qu'Antoine se tourne vers Aladin.
- Il a dit quoi le docteur ?
- Il est confiant, mais il veut que Lana reste près de lui, c'est quand elle s'est éloignée que son cœur à failli s'arrêter, elle n'écoutera ni son frère, ni moi, ni Lise, mais toi elle t'écoutera
- Pourquoi elle m'écouterait plus que toi ? Ou son frère ?
- Justement parce qu'elle ne connaît pas aussi bien qu'elle nous connaît, et elle t'aime bien alors vas-y s'il te plait
- Bien sûr je vais lui parler quand elle sera réveillée
- Non maintenant
- Si je la réveille elle va me tuer
- Ad !
- Ok, ok j'y vais

Aladin grimace et s'approche de Lana qui dort dans les bras de Jason. Il bouscule gentiment la jeune femme et Jason l'aide jusqu'à ce qu'elle ouvre les yeux doucement.
- Qu'est-ce que tu veux Aladin?
- Viens Lana, on va fumer une clope
- Tu me réveilles pour ça
- Aller viens, je veux que tu sois là pour moi, ma super copine

La jeune femme esquisse son premier sourire depuis le drame et se lève, suivant Aladin à la sortie de l'hôpital. Elle ne dit rien, et Aladin ne brise pas non plus le silence, alors qu'il le devrait. Mais il voit les cigarettes se consumer et ne trouve pas la façon de transmettre le message d'Antoine. Il se souvient alors qu'il a un trait de caractère en commun avec Lana : la franchise. Alors il dit :
- Il faut que tu ailles près de Polak, il a besoin de toi
- Je lui ai tenu la main, on vu comment ça s'est terminé
- Non, écoutes moi Lana, ton cousin m'a envoyé te parler parce qu'il pense que tu m'écouteras plus que tu ne l'écoute lui, ou ton frère ou ta meilleure pote, je suis pas d'accord, mais le médecin est confiant, il dit juste que tu dois rester près de lui

Lana sert la mâchoire et ne répond rien. Elle meurt d'envie de l'envoyer chier, de lui dire qu'il ne comprend rien, mais elle réalise soudain qu'il ne sait rien sur son passé, alors elle se tait. Aladin lui, ajoute :
- C'est quand tu t'es éloigné de lui qu'il a failli partir, ne l'abandonne pas

Les dernières paroles de Aladin ont fait naître quelque chose dans le cœur de Lana, comme une lueur d'espoir. Elle redresse alors la tête pour faire face au brun, et elle laisse se dessiner au coin de sa lèvre un petit sourire d'approbation. Elle s'engouffre alors dans les couloirs, et ne regarde rien, elle a peur de se perdre dans l'immensité des gens et de perdre le seul petit espoir qu'elle vient de retrouver. Le petit groupe qui était resté dans le couloir la dévisage mais personne n'ose rien dire.

Sans un mot, elle pousse la porte et reprend sa place près du lit de Mathieu, glissant sa main dans la sienne. Elle dépose ses lèvres sur le tatouage du polonais et dit d'une petite voix :
- Ne m'abandonne pas bébé, je t'aime, restes avec moi

Les yeux fermés, et la main contre sa joue, Lana prie de toutes ses forces pour que Mathieu ne l'abandonne pas, pas maintenant. Ils se sont battus pour être libres de vivre leur histoire, libre de s'aimer, il n'a pas le droit de tout laisser tomber maintenant.
Les larmes qui montent aux yeux de Lana à cet instant ne sont pas des larmes de tristesse mais des larmes d'espoir alors qu'elle sert la main de Mathieu encore plus fort.

- ...bébé?