9° Celsius à L'extérieur

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Le plus important était de partir avec ce que je ne pouvais pas me procurer une fois chez l'ennemi, être discrète surtout, et cela passait par le fait de partir sans prévenir le reste de mes nouveaux amis, hormis bien sûr Senkuu et Chrome.

Depuis l'incident avec l'attaque de Kinrô par Hyoga, j'ai pu investiguer sur cet individu qui a voulu faire je ne sais quoi en pénétrant le village par le lac. Il y avait bel et bien des traces de pas dans la vase, une empreinte peu profonde et de taille similaire à la mienne, à l'endroit exact où j'avais cru apercevoir une figure dans la nuit noire. Si cette personne ou quiconque d'autre se rend compte de mon départ, ils me traqueront et ne vendront pas cher ma peau s'ils m'attrapent.

L'aube s'est levée et, le corps plongé entièrement dans l'eau, je scrute de loin le village pour attendre le signal. Une puissante rafale de vent débuta et je vis tout ; Senkuu sur le pont, ses assaillants prêts à lui sauter dessus et Kohaku arriver à sa rescousse telle une samouraï avec son katana en main. Je me suis empressée de plonger ma tête sous l'eau glacée et de me diriger au plus vite vers mon objectif.
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J'aimerais autant que possible éviter une hypothermie mais je n'ai pas le choix ; il faut que j'aille là-bas à tout prix.

Transies de froid, je m'élance avec vigueur à travers la forêt. Je cours à toutes jambes, sautant à chaque tronc mort sur mon chemin, évitant les branches hautes et laissant mes pieds fouler le sol dans un bruit caractéristique.

Entre 35 et 32°C, le corps frissonne pour se réchauffer. Si la température interne continue de baisser, les tremblements s'arrêtent et la personne entre en léthargie.
Il faut que je continue de courir, que je n'arrête pas de bouger. Bien.

Je n'ai pas pu cacher mes traces de pas mais ils ne devraient pas s'en rendre compte, enfin je l'espère...
Brr... Bon, il faut que je sèche mes vêtements au plus vite pendant que mes tremblements ne sont pas encore trop violents.

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À mes 12 ans, papa avait été réquisitionné pour donner son expertise dans une expérience faite en Alaska. Il a toujours été un ovni, un homme respecté par les scientifiques mais inconnu du grand public. Le genre d'homme qui ne se contente pas d'un seul doctorat mais qui les cumulent comment on empilerait les vieilles assiettes dans un meuble poussiéreux.
Un touche à tout qui, par sa montagne de connaissance et sa curiosité insatiable, se faisait toujours inviter à différents projets dans l'espoir que son regard nouveau mais connaisseur ne débloque une étude, un projet, au point mort avant son arrivée.

Les choses se sont faites naturellement de telle sorte qu'en m'observant interagir avec l'extérieur il a très vite compris ma particularité et qu'il l'a fait grandir comme on fait croître une plante, en l'arrosant de savoir chaque jour. Dès mes 6 ans je me suis retrouvée à le suivre dans ses conférences, ses cours en amphithéâtres avec mon cartable Hello Katty contenant mon 4 heure et bientôt je me retrouvais à travers le monde à manipuler des cytomètres de masses à un âge où l'on débute l'apprentissage du vélo.

À 12 ans, je ne savais pas exprimer mes émotions, parler aux gens du beau temps ou compatir pour leur malheureux sort mais je savais déjà modifier l'ADN d'un virus pathogène, vêtue d'un énorme scaphandre, pour analyser le rôle d'un gène précis.

Dans les yeux de mon père, je voyais une profonde tristesse. Il devait se demander s'il était la cause de mon mutisme.

Dans ceux de ma mère, j'y observais du dégoût. Du dégoût pour sa personne. Elle devait constamment devoir subir cet écart entre elle et son génie de mari, entre elle et sa fille qui suivait les pas de son père.
S'il n' y avait pas eu grand mère, j'aurai peut être oublié à dire "je t'aime".

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