Une fille modèle. 1

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Cette histoire s'est déroulée durant l'année de mes 18 ans à mes 22 ans. Avant que je ne repartes pour la Côte Ouest de la Californie et ne me fasse repérer par la maison Channel. Ce n'était pas Louis Vuitton, mais j'étais fière d'être parvenue à réaliser mon rêve.

Puis je l'ai rencontré lui et il a tout chamboulé, à presque failli me faire regretter mes choix. J'ai dû faire des sacrifices pour lui. Ce que l'on ne devrait pas avoir à réaliser lorsque l'on aime sincèrement quelqu'un. Ken et moi étions toxiques l'un pour l'autre. Et pourtant...

Je venais d'emménager à Paris. Comme Emily in Paris, mon père avait été muté en France, pour un poste très prisé d'avocat. Il devait défendre un garçon, rebelle et connu des services publiques. Mais n'avait révélé à aucun membre de sa famille, moi y comprise ni même la presse, l'identité de ce dernier. Papa conservait le secret. Il disait souvent que c'était une affaire difficile à traiter parce que l'assassin était un jeune de mon âge. Il aurait pu être son fils ou son neveu.

Ma mère quant à elle, était morte lors de ma naissance, des suites d'une césarienne.

J'étais née de l'union d'un afro-américain, plus précisément, d'un jamaicain, ainsi que d'une française. J'étais donc par conséquent 'franco-américaine et bien sûr bilingue.

Mes parents, à l'état civile m'ont appelé : Thylane afin que ça sonne plus français. Je préférais Ty, c'était de loin mon favori. Ensuite, il y avait mon 2e prénom : Rosie. Beurk! À vomir. Je déteste le rose en plus de cela.

Voilà tout ce que vous devez savoir sur moi.

Mon père adorait la France. Toute sa vie il rêvait de bouger à la capitale. Et ainsi par le plus grand des hasards, son vœu venait d'être exaucé. Comme par magie.

Il en était ravi.

Chaque fois que les amis de mon père ou des inconnus me rencontraient, ils disaient tous sans exception que j'avais de très beau yeux. J'avais le regard de ma mère. Des iris vert, un peu rouge qui tire sur le marron. Des yeux clairs. Ils étaient en amande et papillonnant. Mes cils était démesurément grand, je n'avais nul besoin de me pinturlurer la figure comme disait mon père. Il m'a toujours aimé sans artifices. Même si j'avais beau lui dire que les jeunes de mon âge n'était pas de cet avis.

J'essayais d'adopter le look des françaises. C'était facile au final, car ces dernières copiait le style urban Street des américains. Elles mettaient des mini-jupes blanche, taille haute avec des tee-shirt large ou mince très serré qui révélait plus de chair qu'il n'en couvrait. Elles aimaient attacher leur cheveux avec des noeud ou rubans, les retenir avec de multiples barrettes multicolores, grosses de forme carrées ou rectangulaires, parfois même elle portait des serre-tête pour se montrer plus audacieuses. Cela n'allait pas au grand front, mais au petit. Enfin par dessus, leur petit haut en dentelle, elle enfilait soit un veston, un pull sans manche large de leur grand-mère ou un cardigan duveteux. C'était chic. Ah et enfin, les chaussettes montantes avec des baskets old school, un peu vintage que mettait les skaters.

Papa trouvait mes efforts admirables. Il ne manquait plus qu'à cacher mon accent américain. Ce qui était plus dur que je ne l'imaginais. Quant bien même le français était une langue séduisante et agréable à écouter, j'étais attachée à mes racines, afro-américaine.

N'étant cependant pas blanche, j'avais été le sujet de moqueries. Des gens disaient que j'avais tous les attributs d'une noire, sauf la couleur. C'est à dire : des formes généreuses, des jambes galbées, un fessier arrondi, dont on soupçonnerait presque d'être faux, ainsi que des lèvres pulpeuses, un nez plat, des sourcils épais mais peu visibles, et enfin une poitrine développée.

On s'arrêta au pied d'un immeuble aux airs de studio New-Yorkais. Le prix était déraisonnable comme tout le mobilier parisien.

- Ça y est nous y sommes ! claironne papa.

Il immobilisa la voiture et déverrouilla la sécurité enfant. Mon père était très protecteur. Parfois il en faisait même trop. J'avais aussi l'impression d'être sa mère et sa femme en même temps. Il sortait avec plusieurs femmes à la fois sans s'attacher à elle. Car son cœur était à jamais lié à ma défunte mère. C'est ce qui m'attristait le plus. Il n'était pas heureux, mais malheureux. Il vivait dans le deuil et la perte. Même si jamais il ne l'avouera par fierté ou par pudeur.

Je chassai une larme au coin de mon œil et lui sourit à travers le rétro de la voiture. Il posa alors une main sur mon genoux et me rassura.

- Ça ne peut pas être si terrible que cela. Tu verras, tu te feras vite des amis. Les français et leur French art de vivre ! Il paraît même que ce sont des petits fêtards.

Je lève les yeux au ciel, et lui renvoi un sourit, taquin.

- Plus facile à dire quand on est un beau gosse !

Mon père était canon, pour un quadra. Il avait un peu le physique a Idris Elboa l'américain black qui joue dans ce film de western incroyable. Il était musclé aussi, mais avait un cœur d'artichaut sous cette montagne de muscles.

J'eus envie de le croire. Alors je hochai la tête mollement et compatis. Nous étions un peu en mal de notre maison. Et le jetlag n'arrangeais rien.

- Tu vas reprendre l'affaire X à ton cabinet ? L'interrogeai-je, intriguée. Je savais qu'il ne répondrait pas.

Papa mis un laps de temps avant de rétorquer.

- Je... Hum, c'est difficile à dire. Ce garçon n'est vraiment pas bavard, tu sais.

Hé bingo! Je savais mieux que personne comment attraper mon père à son propre jeu. Cette affaire pourtant top secret, venait d'être divulguer. Il venait de semer des pistes.

- Ah oui ? Pourtant tu es le pro de l'intimidation.

Je lui rappelle la fois où il a démonter la porte de ma chambre d'enfance, après que je n'ai claqué la porte.

Mon père explose d'un rire gras et se tape la cuisse. Son rire est contagieux. Je ris malgré moi. Puis nous nous retrouvons à rire aux éclats avec lui. Enfin après quelques minutes de fou rire, on se tut et restèrent en silence.

- Ta mère me manque. soupira papa a voix basse.

Le silence retomba alors dans l'habitacle.

Je n'eus soudain plus le cœur à la fête.

Je vins m'installer sur le siège passager et posa ma tête contre son épaule. Je fermais ensuite les yeux et murmurai à voix basse presque dans un souffle inaudible.

- À moi aussi, papa. Tous les jours.

À suivre...

L'égérie : Tome 1 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant