Mardi

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En entrant dans la bibliothèque, Mme Pince me jette un regard à la fois de surprise et d’étonnement l’air de dire : « Enfin ! ». Cela faisait un mois que je n’y avais pas mis les pieds. Je m’assieds à une table libre et je sors mes affaires. J’essaie de me concentrer sur mon parchemin mais je n’y arrive pas, je sens que mes larmes viennent mais je n’ai pas le droit de pleurer, pas aujourd’hui, pas maintenant, je dois aller mieux.

La journée n’a pas été facile. Certes tout avait bien commencer, je m’étais réveillée avant tout le monde, pris une bonne douche et mis de longues minutes à démêler mes cheveux. Je suis descendue de bonne heure dans la grande salle et pris mon petit déjeuner, enfin j’essayai. Ce n’était pas évident d’aller mieux du jour au lendemain, j’avais mal à l’intérieur, je n’avais envie de rien mais comme je me l’étais promis à moi-même, il fallait que je prenne sur moi, que j’enfuis la douleur au plus profond de mon cœur jusqu’à l’oublier totalement. Mes amis ont eu la même réaction que Mme Pince.

Aujourd’hui c’est moi qui a demandé à Harry comment il allait, s’il avait bien dormi. J’ai également présenté mes excuses à Ginny et promis de l’accompagner à Pré-au-lard dès qu’on aura un moment de libre. J’ai même aidé Ron avec son devoir de botanique. Les professeurs m’ont félicité de m’être reprise à temps, car oui, j’arrivais à l’heure aux cours et j’avais repris ma place au premier rang, évidemment, je n’ai pas manqué une occasion de lever la main à chaque question posée. Toute la journée j’ai fait de mon mieux pour redevenir l’Hermione d’avant, extérieurement bien sûr, parce qu’intérieurement je me battais avec moi-même. Je faisais tout mon possible pour ne pas le regarder, pour ne pas le croiser. Heureusement nous n’avions pas eu de cours en commun avec les serpentard aujourd’hui.

Après le dîner, j’étais épuisée, je voulais me retrouver seule, du coup je me suis dirigée à la bibliothèque au grand bonheur de mes amis et de Mme Pince.

Et c’est comme ça que je me suis retrouvée ici, penchée sur mon parchemin, essayant d’étudier comme avant, mais échouant lamentablement. La solitude ne me réussit vraiment pas, c’est plus facile de faire semblant quand il y a plein de gens autour mais c’est autre chose quand je me retrouve avec moi-même.

Je décide de me lever et de chercher un livre pour me changer les idées. Je ne sais plus depuis combien de temps j’arpente les allées entre les étagères, j’ai oublié ce que je cherchais. A bout de force, je m’assieds et m’adosse à une étagère, et enfin je libère mes larmes.

Promis demain, j’arrête de pleurer, j’ai déjà fait beaucoup d’efforts aujourd’hui, j’ai le droit de relâcher un peu la pression.

C’est à ce moment-là que j’entends des voix chuchotées derrière l’étagère à laquelle je m’étais appuyée. Je sèche mes larmes, je n’ose plus bouger.

- Je n’aurai jamais cru que ça marcherai, tu es un génie. S’exclame une voix féminine qui ne m’est pas étrangère, mais sur le coup il m’est impossible de l’identifier.

- Bien sûr, qu’est-ce que tu croyais ? Que j’allais me laisser faire ? Il doit m’épouser, il doit m’appartenir. Ce n’était pas très malin de sa part d’avoir refusé le mariage au début. Maintenant même si je dois le maintenir sous potion jusqu’à la fin de ses jours, bah, tant mieux pour moi, au moins j’aurai un bon petit mari fou amoureux de moi. S’esclaffe une autre voix que je reconnais immédiatement.

Astoria Greengass. Sur la route vers mon dortoir, je repense à elle. De quoi parlait-elle ? C’était évident bien sûr, elle a donné un philtre d’amour à Drago pour pouvoir l’avoir, je ne suis pas stupide, je l’ai compris à la minute où elle a terminé sa petite tirade. Mais l’information refusait d’arriver à mon cerveau, c’était beaucoup trop gros pour moi. Pourquoi n’avais-je rien remarqué pendant ce mois ? Rien ne m’échappe d’habitude, surtout le concernant. Etais-je si aveuglée par ma peine ?

Mon cœur se mets à battre à la chamade, cela veut dire que peut-être il n’aime toujours que moi, que sans cette maudite potion… Et maintenant que dois-je faire ? Si je le libère de cette potion, rien ne me dira qu’il se passera quelque chose entre nous. Et voilà que je me remets à devenir égoïste, bien sûr que je dois le libérer de cette fille, pour lui, parce que personne ne devrait être obliger d’aimer contre sa volonté. Il me faut un plan.

En entrant dans la salle commune, Harry se jette sur moi :

- Hermione, je m’inquiétais, ça fait au moins une heure que la bibliothèque a dû fermer, qu’est-ce qui t’as pris autant de temps pour ne rentrer que maintenant ?

Une heure ? Mais qu’ai-je fait ? Peut-être que j’ai fait le tour de tout Poudlard, je ne m’étais même pas aperçu, perdue dans mes pensées.

- Désolée Harry, j’ai fait un petit tour.

C’est tout ce que je trouve à lui répondre.

- T’es sûre que ça va ? Tu es bizarre.

- Oui oui ça va, je vais très bien, j’étais juste un peu perdue dans mes pensées, le devoir de potion me prend la tête.

Oui Harry j’ai un problème de potion, mais pas de devoir. Maintenant que j’y pense il faut que je fabrique l’antidote du philtre d’amour. J’attendrais que tout le monde s’endorme pour sortir, il me faut les ingrédients pour concocter ma potion.

Cette nuit, je dors peu mais bien, le cœur léger, consciente que demain je vais tout faire pour retrouver l’homme que j’aime. Cette fois je ne laisserai pas passer ma chance, quand il reviendra, je lui avouerai mes sentiments et même si ça paraît totalement impossible entre nous, je lui dirai quand même, je lui dirai pour soulager mon cœur, pour être enfin fixer. Peu importe les conséquences je suis fatiguée de faire semblant.

Regarde-moi Où les histoires vivent. Découvrez maintenant