just lil'

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J'étouffe.

Le ciel tangue. Les nuages passent.

Les larmes trépassent. À mi-chemin entre mes yeux et mon cœur. Tout disparaît.

Je suis seule.

Sans sanglot. Sans cri.

Juste un peu torturée.

Non.

Je ne suis pas seule. Il me reste ma douleur. Cette souffrance sans fin qui ne veut s'éteindre. Cette noirceur qui plante ses crocs dans ma chair et fait de moi sa chose.

Pourtant, l'espoir reste.

Une vie de lumière. Des rêves qui respirent. Voilà à quoi j'aspire.

Enfin, ça, c'était avant ou peut-être uniquement dans mon imagination.

Je ne suis là que pour souffrir, regarder les murs du monde s'effondrer sur mon âme, sentir mon cœur défaillir quand le fond s'approche.

Tout ça, sous les yeux du soleil. Cet astre lumineux qui, dans un simple contact visuel, te brûle les rétines et touche ton âme.

C'est la renaissance. Une goutte jaillit. Ma vue se trouble. Mes poumons se compriment. Les étoiles vrillent. Ma tête tourne.

Peut-être qu'au fond, j'aime ça.

Ou, me serais-je trop habituée au point d'apprécier cette sensation de fin, de vide ?

Je lève une main. Sûrement la droite. Loin du cœur. C'est toujours mieux. On souffre moins, il paraît.

Je touche un bout de coton blanc. Du moins, j'essaie. Un jour, j'y arriverai. Ce n'est pas un rêve. Juste une promesse, de moi à moi, de mon cœur à mon âme, de mon corps à mes larmes.

Je souris. Sans raison. Juste une envie. Tout ça à cause d'une pensée.

Ça m'arrive parfois. Je réfléchis. Même les êtres les plus bêtes pensent. C'est fou ça ! Qui y croirait ? Sans doute pas autrui. Juste moi, dans ma triste folie.

Je tombe. Enfin. Les poumons vides, ou presque. Mon corps se crispe. Je le sens. Je lutte. Je suis faible. J'abandonne.

Ma bouche s'ouvre. Le vent se lève. Un filet d'air frais se glisse, se fraie un chemin jusqu'à cet arbre d'oxygène.

Je grimace. Honteuse. Une larme coule. Mon œil droit est joie. Tandis que le gauche reste de marbre.

Je touche quelque chose. Un craquement résonne. Un cri avec. Ma cage thoracique se compacte. Une douleur aiguë se propage. C'est un carnage.

Mes doigts se contractent. Des veines se dessinent, prêtes à exploser, le long de mon bras.

Le ciel devient flou. La souffrance est là. Les perles salées aussi. L'air se refroidit. Ma respiration s'accélère. Encore et encore. La panique me gagne.

Que se passe-t-il ? Que m'est-il arrivé ? Où suis-je ?

Sauvez-moi ! Je veux vivre !

Tout se chamboule. Mon esprit fulmine. Mon sang également. Les ongles tremblent. Le reste suit.

J'ai peur !

Un torrent s'abat sur mes joues.

Qu'on m'aide !

Les nuages avancent, comme si de rien n'était. Le soleil se montre. À nouveau.

Je ravale un sanglot, puis deux. Le dernier s'exprime.

Une lumière m'éblouit.

Est-ce la fin ? Serait-ce le Paradis ? Suis-je partie ? Si tôt ?

Je ne ressens plus la douleur.

Ça fait du bien.

Une chaleur se propage, navigue en moi.

J'aime ça.

Je l'absorbe.

C'est si bon.

Une douceur sans fin caresse mon âme.

J'ai touché un nuage.

Une ombre prend place. Le bonheur s'efface. Un court instant. Deux pupilles se tracent. Suivies par des yeux. Un visage sérieux. Une main désireuse.

Une paume frôle la mienne, encore crispée. Elle se détend. Moi avec. Une chaleur inconnue se répand. Sans doute pour un long moment.

Des doigts enlacent les miens, enfin détendus. Ils frissonnent. Moi aussi. Un sourire sincère prend vie. Et non pour un court instant.

La tristesse sans fin laisse la joie prendre le dessus. L'œil gauche, jusque-là éteint, se joint au droit. Et le bonheur scintille sous l'astre de feux. Une main inconnue au bout de mon âme. Mais qui semble prête à ne plus faire qu'un avec ce qu'il en reste.

Je revis.

ТНОUGНТSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant