Colonies

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  Riftan regarde le grand portail devant lui, souffle un bon coup et passe son badge devant le lecteur. Le « bip » rassurant de la machine retentit et le portail s’ouvre légèrement, sous l’œil attentif du garde. Celui-ci salue Riftan tout en vérifiant son identité. Une fois fait, le garde hoche la tête, signifiant qu’il peut passer. Le jeune homme ne se fait pas prier et presse le pas vers l’immense hangar en face de lui.
  Des tas d’uniformes verts se massent vers un vaisseau gris. Riftan se dirige vers la file et attend son tour. Aussitôt entré, il va s’asseoir à sa place attitrée et s’attache, prêt au démarrage. Une voix résonne dans le vaisseau et celui-ci s’ébranle. Il sort du hangar et commence à prendre de la hauteur. Rapidement, il survole les plus hauts immeubles de la ville. Riftan regarde à travers le hublot. Déjà, les villes pourtant si grandes, imposantes et surpeuplées disparaissent pour laisser place au vide. Le jeune homme ferme les yeux le temps de passer les turbulences. Quand il les rouvre, il ne voit que du noir. Un compte à rebours débute, le vaisseau entre dans l’hyper-espace. Riftan lit son ordre de mission.
  - Veuillez vous diriger vers le sas 5. Votre supérieur vous y attend. Je répète, Veuillez…
  Riftan détache sa ceinture et se dirige difficilement vers le sas indiqué, en faisant bien attention à ne pas se tromper de direction. Une fois arrivé, un homme médaillé distribue une machette, un couteau, un pistolet et un sac à dos. Le sas de décompression se ferme, la porte externe s’ouvre.
  - Bonne chance soldats, dit l’homme.
  Riftan descend du vaisseau. Il fait chaud. le sable rouge s’infiltre dans ses bottines et lui griffe le visage. Avançant contre le vent, il devance une chercheuse trop impatiente. Celle-ci s’émerveille de chaque changement pendant qu’il garde un œil sur elle, la forçant à boire et à manger.
  La nuit arrive dans ce désert, plus aucun autre soldat à l’horizon. Riftan monte une tente et essaie d’allumer un feu. Le vent devenu froid l’en empêche et il doit s’y prendre à trois fois avant que la chercheuse ne daigne manger une ration froide et aller se reposer dans la tente. Le soldat surveille les alentours, aux aguets.
  Un rayon de soleil perce la noirceur de la nuit, éblouissant le jeune homme. Celui-ci réveille la scientifique, range la tente et se prépare à partir. Soudain, un léger sifflement parvient à l’oreille du militaire, qui se retourne brusquement. Un immense scorpion, bien plus gros que lui, se dresse devant lui, prêt à le piquer. Riftan fait une roulade pour l’esquiver, prend la chercheuse sur son épaule et commence à courir. Le scorpion siffle de mécontentement en voyant ses proies s’échapper et se lance à leur poursuite.
  L’animal gagne du terrain, Riftan accélère encore. Au bout d’un moment, le paysage change et le désert laisse sa place à une jungle luxuriante. Arrivé à la limite du sable, le scorpion siffle avant de reculer et de repartir. Riftan pose son fardeau sur le sol et force la femme à avancer.
  Coupant les lianes et les arbres sur son passage, le militaire avance difficilement, surveillant attentivement la chercheuse pendant ses expériences. Des moustiques de la taille d’un poing les entourent, des singes aux tailles disproportionnées les observent continuellement. Riftan attache la scientifique à une corde pour ne pas la perdre et accélère le pas.
  Le soir tombe et les grands arbres disparaissent peu à peu. Une falaise sépare le binôme de la vallée en contrebas. Riftan retire la corde le reliant à la chercheuse et en installe une autre, lui permettant d’aller en bas. La lampe de poche allumée, il descend la paroi, s’agrippant aux maigres prises et à la corde. Une fois en bas, il assure la chercheuse pour qu’elle le rejoigne.
  La vallée s’étend devant le binôme. Des quadripèdes étranges paissent dans des prairies près d’une rivière, de drôles de plantes poussent ci et là. Pas inquiétée par la fatigue, la chercheuse se rue pour faire des prélèvements. Riftan soupire, c’est un mal nécessaire pour savoir si cette planète est habitable pour l’homme. Trouver des endroits pour des colonies, voilà la mission de la chercheuse. Et la sienne est de la protéger.
  Une fois les prélèvements faits, la scientifique se concentre sur son microscope, griffonnant rapidement dans son carnet. Elle passe la nuit et la journée suivante sur son étude et Riftan a du mal à la faire avancer. Cette planète est habitable. Il faut maintenant rentrer.
  Des bruits de pas se font entendre. Riftan tourne la tête et voit une colonne de fumée qu’il n’avait pas aperçue avant. Un groupe de personnes s’approche. Riftan presse la chercheuse, il faut partir. Trop tard. Le groupe se lance à leur poursuite. Ils crient dans une langue inconnue, agitent leurs quatre bras et leurs lances. Riftan regarde rapidement la carte qu’il avait faite. Ils ne peuvent pas repartir par la falaise.
  Les deux humains longent la paroi en courant, les autochtones les talonnent. Le vaisseau se trouve dans le désert, il faut donc le traverser. La jungle située en hauteur sur le massif leur donne un peu d’ombre et d’humidité. Ils passent devant d’étranges terriers, des animaux fuyant devant eux ou les regardant bizarrement. Des « lapins » à trois yeux pour mieux fuir, des renards à la queue séparée en deux,… La scientifique manque de s’arrêter à chaque nouvelle découverte mais Riftan lui prend le bras et la tire, sachant très bien que s’il ne revient pas avec elle, sa mission sera un échec.
  L’herbe se fait de plus en plus rare, l’air s’assèche et la chaleur augmente malgré l’heure tardive. Le soleil éblouit les poursuivis et leurs pieds s’enfoncent dans le début du sable. Une lance est jetée et Riftan effectue une roulade avant de se relever et de prendre la scientifique sur son épaule droite. Le soldat slalome entre les tirs, les voyant arriver, et continue sa route. Il doit rentrer au vaisseau et repartir pour la planète suivante.
  Un arc à flèches est sorti, les projectiles sont de plus en plus durs à esquiver, d’autant plus qu’il porte quelqu’un. Une pointe se fiche dans son épaule gauche, puis une autre dans son mollet. Riftan voit sa santé décliner quand il remarque le poison qui se répand dans ses veines. Sa vue se trouble et ses membres sont en feu. Il continue difficilement, boit un peu d’eau pour se donner de la force et pose la scientifique, décidant de la pousser plutôt que de la porter.
  Les poursuivants n’arrêtent pas leur course, mais Riftan aperçoit une lumière au loin. Le vaisseau est là, la porte ouverte. Le soldat pousse la chercheuse en avant, lui disant de continuer, et se retourne. Sa vue est floue, ses sens engourdis. Il sort son pistolet mais n’arrive plus à viser. Il le jette par terre et sort son couteau, paré pour le corps à corps.
  Le premier adversaire s’attaque à Riftan mais celui-ci le désarme et le neutralise rapidement. Les corps ennemis s’entassent devant le jeune homme, qui a reçu quelques coups supplémentaires. Du coin de l’œil, il remarque que la scientifique est à l’abri. Il neutralise le dernier autochtone et se dirige difficilement vers le vaisseau. Le poison afflue maintenant dans ses veines. S’il ne se soigne pas, il va sûrement mourir. La porte du vaisseau se rapproche et le soldat engourdi avance de plus en plus lentement.
  Soudain, une douleur fulgurante lui transperce l’abdomen. Il baisse la tête et aperçoit un immense dard de scorpion planté dans son dos et dépassant de son abdomen. Du sang sort de sa plaie, le scorpion retire son dard et Riftan s’effondre par terre. Il regarde le scorpion s’éloigner, puis son supérieur l’attendant à l’intérieur. La scientifique bondit du vaisseau. Riftan essaie de se redresser et de lui crier de ne pas venir. Elle s’approche et passe son bras autours de ses épaules. Elle soutient Riftan du mieux qu’elle peut en le forçant à avancer. Le soldat cherche son antidote dans ses soins et arrive à le boire. Ses sens lui reviennent, ainsi que la douleur. Son état est plus stable, il marche de mieux en mieux. Il entend un sifflement, se retourne et voit le scorpion revenir à toute vitesse. Riftan essaie de se dégager de la chercheuse et de la pousser dans le vaisseau. La femme tombe par terre et Riftan aussi. Le scorpion dirige son dard vers la scientifique et le sol tremble. Riftan se jette sur la trajectoire du dard et se blesse encore plus gravement. Sa vie ne tient plus qu’à un fil. La femme se redresse malgré les secousses puis s’immobilise. Un énorme serpent surgit du sable, ouvre la bouche et dévore le binôme ainsi que le scorpion.
  « Game Over »
  Vous avez échouer à trouver des emplacements potentiels de colonies pour l’être humain. Voulez-vous relancer une partie de « Colonies » ?
  Maxine retire son casque, frustrée. Elle avait été bien plus loin qu’avant mais n’avait toujours pas réussi la première mission du jeu. Elle tourne la tête et observe les milliers de bâtiments se trouvant devant sa fenêtre ainsi que les voitures, voletant d’un endroit à l’autre. Maxine soupire et passe le casque à son frère, qui s’immerge à son tour dans le jeu.

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⏰ Dernière mise à jour : Feb 23, 2022 ⏰

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