Chapitre 12

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Ça fait maintenant dix jours que je vis au manoir et je prends progressivement mes marques. Concernant Lorie, j'ai vite compris qu'il était plus simple d'aller dans son sens. Pour autant, je ne laisse pas tout passé, je suis sa nounou et non son larbin. Drogo ne m'adresse presque jamais la parole sauf pour me faire rager, je crois que ça l'éclate. En même temps, je pense que c'est son moyen de me tenir à distance. S'il m'insupporte, je ne risque pas d'aller tailler une bavette avec lui. Peter se montre de moins en moins froid avec moi. On est encore loin d'être les meilleurs amis du monde, mais ça va. Il m'a d'ailleurs bien aidé avec Lorie. Elle a voulu jouer au gendarme et au voleur. Vous doutez bien de qui était le gendarme et le voleur. J'ai fini ficelé comme un rôti avec une corde à sauter. C'est Peter qui m'a détaché après bien vingt minutes tout de même...

Ce soir, nous sommes tous les cinq autour de la grande table de salle à manger et comme toujours depuis que je suis là, je suis la seule qui mange. Ils ont bien de la nourriture dans leur assiette, mais ils n'y touchent pas. Alors que je savoure ma mousse au chocolat en dessert, je sens la chaleur envahir mon corps... Non... Pas tout de suite, la nuit n'est pas encore tombée...

Moi : Excusez-moi, mais je ne me sens pas très bien. Je vais aller m'allonger un moment.

Je ne leur laisse pas le temps de répondre et quitte la salle à manger. Je fais mine de monter à l'étage, mais me faufile en fait par la porte pour essayer de rejoindre le bois qui jouxte la propriété. Je sens que ma transformation commence déjà. Mes muscles, mes os m'élancent. Mon cœur s'est accéléré aussi...

Arrivée à la lisière de la forêt, je me cache derrière un arbre et me déshabille. J'ai vraiment très chaud. À peine ma culotte rejoint le tas de mes vêtements que je tombe à quatre pattes. J'ai envie de hurler tant la douleur est forte. Lorsque mon dos s'arque et mes vertèbres se sépare, je ne peux plus me retenir et cris de toutes mes forces.

J'ai conscience d'être maintenant sous ma forme animale. La douleur est passée. Je ne suis pas passée loin de tourner de l'œil. J'entends des bruits. Des gens se rapprochent de moi. Je m'enfonce dans les fourrés et cours. Bizarrement, je me sens libre comme si rien ne pouvait m'atteindre. Personne ne sait que c'est moi. Sous cette forme, je ne crains rien. La nuit est totalement tombée, et ce, depuis un moment lorsque je sens que je vais me détransformer. Il faut que je revienne sur mes pas. Que je me rapproche d'où j'ai laissé mes vêtements.

Or, du bruit dans les branches au-dessus de moi me coupe dans mon élan. Il y a quelqu'un, je l'entends, je le sens... Je me cache dans un buisson et mes membres commencent à recraquer dans tous les sens. Je tente de rester silencieuse, mais j'ai mal, très mal. Complètement redevenue moi et complètement nue, j'essaie de savoir si je suis seule ou non... Il me semble que oui, alors je me lève, mais ma transformation et ma course en forêt m'a épuisé. Je me sens tomber, mais on me rattrape. Je lève les yeux, c'est Peter. Voyant ma tenue, enfin mon absence de tenue, il retire son manteau et me le donne.

Moi : merci...

Peter : On était inquiet, je te raccompagne au manoir.

Moi : Tu dois te demander pourquoi je suis nue dans les bois.

Peter : Je t'ai vu te détransformer. Viens, on rentre.

Nous marchons doucement en direction du manoir et en silence. En passant par où je me suis déshabillée à la hâte, je ramasse mes vêtements et me rhabille. Nous arrivons et allons dans le salon. Nicolae et Drogo sont sur les canapés, j'ai vu Peter envoyer des messages en marchant, ce devait être à eux.

Nicolae : Eden tu n'as rien ? Je suis montée voir si tu avais besoin de quelque chose et j'ai découvert ta chambre vide. Nous nous sommes inquiétés.

Mystery Spell : Une ville qui porte bien son nom.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant