Salut la team ! Après maintes et maintes pertes de motivation, voici la première ébauche de l'histoire que j'aimerais présenter au prix Clara, donc, par pitié, émettez toutes les critiques qui vous viennent à l'esprit <3 (et enjoy, bien sûr 🐞)
Tic-tac.
L'horloge de la vie est en réalité une montre à cinq aiguilles qui n'indique pas l'heure. Une petite montre en plastique, le genre que l'on trouve au Décathlon à deux pâtés de maisons, qui orne le poignet de chaque petit être humain qui a la chance d'ouvrir les yeux, et dont les aiguilles sœurs tournent à l'envers, comme un compte à rebours particulièrement difficile à lire.
La cadette indique les secondes. Tictac tictac, petite trotteuse sautille, avide de découvrir, de toucher, de sentir. Elle court à toute allure, enchaine les tours de cadrans. Sa grande sœur tente de garder le rythme, tic-tac, les minutes défilent, mais elle est incapable d'aller au même rythme que sa cadette. Tic-tac. « Attends-moi », crie-t-elle, mais la trotteuse la dépasse à nouveau. Elle tente de la suivre du regard, mais la voilà qui disparait à l'angle suivant. Alors elle se résigne, se disant qu'elle la retrouvera dans moins d'une minute.
Elle se tourne alors vers sa grande sœur, au sourire doux, presqu'effacé. Enfant du milieu, elle a toujours été plus réservée que les autres, presqu'hésitante. Pas aussi rapide que la trotteuse, mais pas aussi lente que l'ainée. Un peu fade, mais elle veut bien faire, alors elle continue de tourner, et de saluer la trotteuse à chaque fois qu'elle la dépasse. Tic. Tac. Une heure, deux heures, trois heures. Ni trop long ni trop court. Un laps de temps impossible à définir. Des cinq aiguilles, celle des heures est la plus douce.
Tic... Tac... Leur grande sœur marque les jours. Un peu trapue, il lui faut tout un an pour faire le tour du cadran. Le temps qu'elle repasse à sa place d'origine, le trotteuse a déjà fait des millions de saut. Et au moment où elle en achève un à son tour, l'ainée avance d'un cran. Elle est si grande et si large qu'elle en fait trembler la montre entière – où est-ce le monde ? –.
Tic...
Tac...
Une année de moins à vivre. Le temps s'écoule lentement, et pourtant tellement vite. Trop vite. Il glisse entre les doigts des êtres humains qui passent des vies et des vies à chercher une façon de ralentir le temps, sans jamais remarquer les rouages à leurs poignets.
Tic...
Tac...
Un ans, deux ans, trois ans, dix ans. On ne se bat pas contre une destinée, et on a beau attaquer les aiguilles avec un tournevis, jamais on ne ralentit la course effrénée de la trotteuse, qui entraine à sa suite ses quatre ainées.
Quand Annabelle avait sept ans et de longs cheveux bruns, elle avait demandé à maman pourquoi la montre de papa faisait tant de bruit, et sa mère lui avait demandé d'arrêter de faire l'intéressante, parce que papa ne portait jamais de montre. Quelques jours plus tard, il partait pour toujours. On avait expliqué à Annabelle que son cœur était trop fatigué, et elle avait répondu que c'étaient ses aiguilles avait arrêté de tourner. Sur son cercueil, elle semblait être la seule à distinguer le cadran gravé. Au fil des années, elle avait vu les aiguilles de tous ses plus proches parents lentement s'approcher de leur tour complet. Et chaque fois qu'elles se mettaient toutes à pointer vers le haut, le résultat était le même.
Vêtements noirs, joues humides, les funérailles se soldaient toujours par les regards apeurés qui se posaient sur elle, petite fille qui pouvait prévoir les morts et qui était pourtant incapable de lire l'heure.
À neuf ans, Annabelle avait arrêté de parler des mystérieuses aiguilles qui semblaient inlassablement pointer vers le zéro. Tout le monde avait cessé de s'inquiéter des divagations d'une enfant en deuil permanent, et Annabelle était restée seule avec le lourd fardeau de ses yeux qui voyaient trop. Sous leurs poids, elle avait senti sa colonne vertébrale ployer, comme celle d'Atlas avait autrefois ployée sous celui de la voûte céleste percée d'étoile.
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Nous sommes éternels
Short StoryArius voudrait être éternel. Tic-tac, les aiguilles sur son poignet cavalent. Bientôt elles pointeront toutes vers le haut. Tic-tac. Annabelle les regardent tourner.