Pendant plus de vingt ans j'ai vécu dans une immense ferme perdue au milieu de nul part. Il n'y avait aucune autre habitation près de la ferme. Le bâtiment était entouré par des champs et les champs entourés par une immense forêt. Il n'y avait pas d'habitations à des kilomètres à la ronde. Nous étions seuls au milieu de nul part. Enfin seuls... Nous étions quand même une quarantaine à vivre à la Ferme. Des hommes, des femmes, des familles, des orphelins et Icare.
Icare était le propriétaire de la Ferme. C'est grâce à lui que nous vivions dans un endroit aussi calme. C'est grâce à lui que nous avions à manger à chaque repas. C'est grâce à lui que nous n'avions pas de malade ou de mort. Grâce à lui et à ses prières, Icare nous guidait à travers les volontés, souvent mystérieuses, des dieux. Icare était notre guide. Nous devions avant tout obéir à Icare car lui seul savait ce qui était bien ou mal, lui seule avait la capacité d'entrer en contact direct avec les dieux. Il était notre raison de vivre.
La vie n'était pas toujours facile à la Ferme mais grâce à Icare nous n'avions à ne nous inquiété de rien. Notre seul devoir était d'obéir à Icare et, à travers ses ordres, à la volonté des dieux.
Déjà enfant, je connaissais par coeur ce qu'Icare appelait "Les Diktats". Nous en avions 6 et nous ne pouvions pour rien au monde faire quoi que se soit qui irait à l'encontre de ceux-ci.
1) Obéir à Icare
2) Prier les dieux au moins 5 fois par jour pour qu'ils apportent la bonne parole à Icare
3) Respecter la volonté des dieux même si elle nous semble injuste. Les dieux ont toujours raison.
4) Ne rien posséder qui ne nous a pas été donné par Icare
5) Tout ce qui est dans la Ferme appartient à la communauté et est divisé équitablement à chaque membre de la communauté
6) Ne JAMAIS entrer dans la foret.
Nous avions évidement d'autres règles de vie mais les Diktats étaient les plus important. Nul ne pouvait transgresser les Diktats sous peine de terribles sanctions.
Nous menions une vie simple. Enfants, nous suivions les enseignements d'Icare et nous aidions nos parents en travaillant dans les champs. Les journées étaient rythmées par les prières organisées par Icare et par les célébrations qu'il organisait en l'honneur des dieux. Nous ne sortions jamais de la Ferme, nous passions donc tout notre temps avec les autres membres de la communauté soit à travailler soit à participer aux tâches de la vie courante comme la cuisine ou la couture de nouveaux vêtements.
Pendant plus de vingt ans j'ai vécu en suivant les règles d'Icare et en respectant à la lettre tous ses enseignements. Mes parents avaient toujours été extrêmement fiers de moi et de mon implication dans la communauté. Pendant plus de vingt ans j'ai vécu dans une secte sans le savoir.
- Alors, qu'est ce que tu en penses Lou ? Tu penses que c'est une bonne entrée en matière pour ma conférence de demain ?
Louis releva ses magnifiques yeux bleus de la feuille que je lui avait glissé sous le nez quelque minute avant et comme d'habitude je le senti étudier mon état psychologique avant de répondre avec son franc parlé habituel.
- J'en pense que tu fais presque passé ce type pour un directeur de colonie de vacance quand tu raconte la vie que vous meniez Haz ! Je ne sais pas comment tu as fait pour décrire ce que vous aviez vécu comme si c'était normal de vivre ça !
Je m'attendais à cette réaction de sa part... Mais ça ne m'empêcha pas de soupirer et de lever les yeux au ciel. Cette discussion nous l'avions déjà eue de nombreuses fois mais il ne comprenait pas. Il ne comprendrait jamais. Il ne l'avais jamais vécu. Et je priais tous les soirs pour qu'il ne le vive jamais...
- Louis je te l'ai déjà expliqué... On en savait pas que le monde extérieur existait... On en savais même pas qu'il y avait autre chose sur terre que les dieux et la Ferme... Pour nous, OUI, c'était normal de vivre comme ça.
- Je sais Haz, mais ça ne m'empêche pas d'être en colère contre ce type et ce qu'il vous a fait vivre en vous faisant croire que c'était ça la vie.
Je souriant doucement en l'entendant ayant toujours trouvé adorable cette façon qu'il avait de se révolter face à mes vingt premières années de vie et ce même après plus de quinze ans de vie commune. Je me penchais doucement pour embrasser son front sentant la tension diminuer lentement dans son corps à mon geste.
- T'es vraiment adorable à t'inquiéter pour moi à chaque fois que je dois reparler de ma vie en conférence mais je t'assure que je vais bien.
Je l'entendis soupirer juste après ma phrase.
- Non tu ne va pas bien Harry. Même après quinze ans tu ne t'es pas totalement remis. Sinon tu aurais ajouter le dernier Diktat... Ne jamais révéler à personne ce qu'il se passait lorsque tu te retrouvais seul avec Icare dans son bureau.
VOUS LISEZ
Icarus Fall
FanfictionIcare, tellement fasciné de pouvoir voler, vola trop près du soleil et la cire fondit. Il tomba dans la mer et se noya.