Chapitre 1- William

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William

Monsieur Graves ne m'ayant pas donné d'horaires pour le rendez-vous, je retournai à la boutique à l'heure de la fermeture. À peine étais-je arrivé au pied de l'immeuble que je le vis refermer la porte cochère derrière lui. Il sourit en me voyant. Il s'était changé pour des vêtements plus pratiques. Moi aussi j'avais opté pour un jean-sweatshirt passe partout.

— Je me suis rendu compte hier que je ne t'avais même pas donné mon prénom ! Je m'appelle Chase.

Chase. Cela lui allait bien.

— Ni prénom, ni horaire.

— Pourtant tu es venu au coucher du soleil, à la bonne heure donc.

— Parce que je suis intelligent.

Nous commençâmes à marcher sans que je sache où il m'emmenait.

— Je n'en doutait pas un instant.

— À peine quatre minutes, et tu me flattes déjà.

Il me lança un regard malicieux.

— Je sais ce que je vois, c'est tout.

— Et de deux. Aurais-tu des vues sur moi, Chase ?

Je fis semblant de réfléchir en mettant mon doigt sur ma bouche. Il tourna la tête, légèrement gêné sans se départir de son humeur facétieuse.

— Coupable.

J'ouvris grand les yeux, horrifié.

— Tu as un faible pour les étudiants ?

Je posai une main contre ma poitrine et ouvrit grand la bouche d'un air dramatique.

— Serais-ce la beauté de ma jeunesse qui t'attire ?

Il éclata de rire.

— Tu me fais passer pour un pervers ! Je ne pense pas que tu sois si jeune que ça. Tu es doctorant. À moins que tu sois surdoué, tu dois avoir entre 24 et 26 ans. J'ai que trente ans, ne me fais pas passer pour un vieillard !

— Pardon, je suis intelligent, mais je ne vois pas très bien. Je n'ai remarqué que ta démarche lente et tes rides au coin des yeux.

Il s'offusqua gentiment et tourna dans une rue perpendiculaire au grand boulevard sur lequel nous marchions depuis quelques minutes.

— Ma démarche lente ?

— Je suis assurément plus rapide que toi.

— On parie ?

— Si tu aimes perdre, le provoquais-je en fourrant mes mains dans mon sweatshirt.

— Je pense que j'ai quelques atouts cachés qui te surprendront !

Je m'arrêtais pour planter mon regard dans le sien.

— Nous y voilà. Sommes-nous vraiment obligé de faire cette visite ou m'emmènes-tu directement dans ton lit ?

Il plissa des yeux.

— Tu ne vas pas me laisser te séduire, n'est-ce pas ?

— Je te gâche ton plaisir ?

— Un peu, je dois l'avouer. Je pensais que tu allais résister et que je devrais trouver un moyen romantique et émouvant pour te mettre dans mon lit.

Je fis une moue des lèvres.

— Je pense que trouver un moyen de me mettre dans ton lit n'a rien de romantique !

— Ce n'est pas grave, de tout façon, puisque je ne serai jamais obligé d'en passer par là.

— Détrompe-toi, je résiste... Même si je suis déjà séduit. Par les rides aux coin des yeux d'ailleurs.

On se reverra en enfer - Une affaire spectrale || Publié en indépendantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant