Chapitre 3 Connexion

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Point de vue d'Aïden

Quand Torvald a terminé son récit, je me force à prendre une grande inspiration. Tout le monde a les yeux braqués sur moi, mais je ne le supporte pas, je ne me sens pas bien, j'étouffe. Comment a-t-il pu ? Je le hais ! Tout est de sa faute !

Je sens que je vais exploser, alors je fais la seule chose capable de me calmer : je renverse le fauteuil vide à côté de moi. Il vient s'exploser contre le sol dans un bruit fracassant. Je veux exploser la mâchoire de ce connard ! Je veux qu'il souffre comme il l'a fait souffrir !

— Elle n'aurait pas voulu ça ! Elle n'aurait pas voulu te voir comme ça !

Ma conscience me hurle de m'arrêter pendant que je m'approche lentement de son tuteur. Il sait ce qui l'attends, il sait qu'il le mérite. Alors il reste pétrifié, comme tous les autres dans cette pièce, attendant son sort. 

— Emma !

Je m'arrête net lorsque mon subconscient me souffle son prénom. Il ne s'arrête pas, comme s'il savait que d'entendre son prénom me ferait m'arrêter, me couperait immédiatement dans mon élan.

Les larmes viennent remplacer la colère. Elles sont intarissables, je ne les retiens pas, j'en suis incapable. Je n'avais plus pleurer autant qevant quelqu'un depuis sa mort...  Tout le monde me scrute. Ils s'attendaient à ce que je frappe Torvald. Moi aussi, d'ailleurs. Mais ce prénom... son prénom... c'est un électrochoc.

Je déteste qu'on puisse me voir dans cet état, alors je fais la seule chose que je sais faire, la seule chose qu'elle haïssait : je fuis. Je cours dans le jardin en direction de l'endroit où nous sommes disputés pour une des premières fois. Un endroit à l'abri des regards dans cet immense jardin où j'avais pété un câble après l'avoir vue aussi proche d'Eloïs.

Je pleure de nouveau sans m'arrêter. Ils doivent la torturer, la faire souffrir là-bas. Je ne le supporte pas ! Putain, j'ai voulu la protéger, mais j'ai échoué, comme avec ma sœur. Elle s'est sacrifiée pour nous sauver, comme elle... J'aurai dû lui dire ! Tout lui raconter, être là pour elle comme elle a tenté de l'être pour moi.

Je me prends la tête entre mes mains. J'ai mal. Je me hais. Je me suis toujours détesté, mais c'est encore pire maintenant que je la perds elle aussi.

Je reste ici au moins trois quarts d'heure sans que personne ne vienne me déranger. J'ai finis par arrêter de pleurer, mais j'ai aussi cassé un pot de fleur à la place. A présent, je suis statique, le visage grave pendant que j'imagine toutes les horreurs qu'elle doit subir en ce moment même. C'est forcément la réalité : elle ne peut pas aller bien, pas à Doiléir.

On se racle la gorge devant moi, mais je n'y prête pas attention, je garde les yeux rivés sur l'herbe, assis sur le petit muret.

— Ils voulaient tous venir te chercher. Ça va bientôt faire une heure que tu es là. Je me suis proposée parce qu'il faut qu'on parle, très sérieusement. 

A dire vrai, je pensais que c'était Lucie. Je ne me doutais pas que ça pouvait être elle. 

— Si ça n'a pas de rapports avec la situation actuelle, tu peux t'en aller, Cataleya.

Mon ton est sec, je n'ai aucune envie de lui parler, pas maintenant.

— Justement il y...

— Et dis aux autres qu'il vaut mieux que je reste là si Torvald ne veux pas voir sa maison être explosée comme ce pot de fleur ou s'il ne veut pas se prendre un deuxième coup de poing, la coupé-je.

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⏰ Dernière mise à jour : Jan 15, 2023 ⏰

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Héritières - Tome 2 : ProphétieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant