J'ouvre brusquement les yeux, réveillé par le cauchemar que je fais pratiquement toutes les nuit. Si je ferme les yeux je revois encore l'arme pointée sur ma tête et les cris de Fezco. Je tourne la tête pour regarder l'heure et soupire en apercevant « 4:36 » sur mon réveil. Depuis deux ans, je n'arrive pas à dormir plus de trois ou quatre heures par nuits et ça me bouffe de l'intérieur. Rien à faire, ces maudits cauchemars reviennent à l'instant où je ferme les yeux, quand j'arrive à les fermer. Je m'étire puis me dirige vers la salle de bain pour une toilette rapide : même s'il est très tôt, je ferais bien de me dépêcher pour pouvoir faire tout ce que j'ai prévu aujourd'hui.
Après moi, c'est au tour de ma grand-mère d'être lavée. Comme tous les matins, je la nettoie avec un gant, en prenant mon temps pour ne pas la brusquer ou lui faire mal. Je lui parle aussi, même si elle est dans le coma, on dit que ça peut aider des fois. Ensuite, je lui donne ses médicaments puis part dans la cuisine me préparer un petit déjeuner : lait et céréales et une garot pour commencer la journée. Il est 6h du matin et maintenant je dois me préparer pour les livraisons : je réunis weed, poudres et cachets dans les quantités qu'on m'a commandées puis les cache dans les multiples poches de mon pantalon que j'ai acheté principalement pour cet atout : il est très facile d'y camoufler des choses.
C'est le jour de la rentrée : aujourd'hui beaucoup de clients tôt le matin mais j'en aurais encore plus vendredi et samedi au moment des grosses fêtes de retrouvailles. Là, j'ai que les putains d'addicts à fournir, et ça me fout en l'air d'être obligé de vendre une telle merde a des gens qui devraient essayer de s'en sortir pour avoir de quoi manger le soir.
Je bouge de la maison vers 7h et me dirige vers le lycée : la ruelle qui se trouve juste derrière, constamment vide, est devenue le point de rendez-vous habituel avec les camés du coin. On ne peux y accéder qu'à pieds et peu de gens connaissent son existence, alors les flics n'y passent jamais.
Je m'adosse contre le mur et allume une clope lorsque j'entends une fille qui chantonne : en relevant la tete, je la vois, une rousse qui m'observe, les yeux écarquillés et qui s'est brusquement arrêtée de chanter. En fait ce n'est pas vraiment moi qu'elle regarde, mais mon bras : je ne vais pas m'en plaindre, si je ne porte que des débardeurs c'est justement pour que tout un chacun puisse voir à qui il a affaire en apercevant ma cicatrice. Mais celle-ci ne semble pas comprendre le message et s'approche de moi en sortant une cigarette de sa poche :
- Excuse moi tu aurais pas du feu par hasard ?
C'est qu'elle a de l'audace la petite ! Je la scrute, essayant de deviner si, oui ou non, elle sait qui je suis. Un peu trop longtemps, peut être, car elle commence à avoir l'air mal à l'aise, alors je lui tends mon briquet. Elle allume sa clope puis me propose en souriant d'aller au lycée avec elle. Oui, définitivement elle n'a aucune idée de qui elle a affaire. Je me détourne, et elle continue son chemin vers cette école qui ne m'a vu qu'il y a très longtemps.
Mes clients arrivent petit à petit et mes poches se remplissent de billets plutôt que de pochetards. Ensuite, c'est direction chez rue : j'ai promis à Fez de lui faire un rapport sur l'état de la jeune femme et c'est ce que je vais faire. Quand je sonne chez elle, c'est, sans grande surprise, Ali qui m'ouvre. Le petit ami de la mère de Rue me serre l'épaule comme il le fait toujours : lui et moi, on se comprends, bien que nos vies ne soient pas très semblables : elles le sont sur ce qui est important, en tout cas aux yeux de la société et de la police. Je rejoins ensuite Rue dans le salon, ou elle se trouve penchée sur un ordinateur, un caramel dans la bouche.
Elle me sourit en levant la tête puis ferme son ordinateur pour venir me serrer dans ses bras.
- Ah je suis contente de te voir, j'en peux plus de toutes ces révisions, ça me bouffe le cerveau j'te jure!
Même si elle se plaint toujours quand je viens la voir, je sais que ce n'est pas tout à fait vrai : elle suit une formation à distance pour devenir sage-femme, et ça lui plait beaucoup de savoir qu'elle pourra bientôt aider les autres comme elle a été aidée. Ça, oui, elle est clean, et depuis un certain temps maintenant ! Ce qu'elle dit, c'est que la pièce de Lexi lui a fait un électrochoc. Mais pour moi, c'est plus compliqué que ça. Et je pense que sa famille a joué un rôle très important dans toute cette histoire.
Elle me demande des nouvelles de Fezco, et comme toujours, je lui dit qu'elle pourrait aller le voir plutôt que passer par moi. Et, comme toujours, elle refuse, prétextant un emploi du temps imaginaire. La vérité, c'est qu'elle a peur de le voir comme ça : elle n'y est allée qu'une seule fois, et il s'était fait cassé la gueule à peine quelques jours avant. Depuis, elle est terrifiée à l'idée de le revoir dans cette état là et de se prendre la réalité de la prison en face. Je n'insiste pas : je l'ai déjà fait bien trop de fois, et pars avant d'être invité à manger. J'ai encore beaucoup de choses à faire.
La porte suivante à laquelle je sonne, c'est celle de Lexi. Elle s'est pris un petit appart pas trop loin de chez sa mère, qu'elle visite régulièrement, mais qui lui permet de vivre comme elle le souhaite. Elle ouvre la porte en souriant et m'invite à passer à table : comme tous les lundis, je viens manger chez elle. Ce rituel a été instauré parce qu'elle disait avoir peur que je ne me nourrisse que de pâtes et de cheeseburger mais la vérité, je crois, c'est que prendre soin de moi lui permet d'oublier qu'elle ne peut pas prendre soin de mon frère. Pas encore en tout cas.
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Post-Euphoria
FanfictionDeux ans après la fameuse pièce de Lexi, elle et ses anciens camarades on enfin quitté le lycée, laissant place à une nouvelle génération au cœur de laquelle Ashtray, le petit frère de Fezco, joue un rôle cruciale. . . . Abby a 15 ans, et rentre en...