Ex Movere [Vminkook]

2. Un coeur en feu

"Provoque moi encore une fois et je te défonce la gueule !"

Le poing resserré sur la veste d'un des étudiants, Taehyung avait le regard noir en s'imaginant déjà le mettre à terre. 

Son poing tremblait un peu. Son envie de frapper dès qu'il ressentait une frustration était devenue pour lui, un langage maudit. S'exprimer avec sa force brute, il le faisait souvent, trop, à en croire tout ceux qui croisaient son chemin. Bien trop, à en croire son père et dirigeant d'un des plus prestigieux cabinets d'avocat de la ville. Celui-ci rentrait souvent en conflit avec son fils en lui rappelant que son comportement lui couterait sa crédibilité lorsqu'il rejoindrait à temps plein son cabinet.

Des mots et des reproches qui ne faisaient que plus exacerber la sensibilité déjà accrue de Taehyung. Il n'avait que faire de devenir avocat ou d'étudier la loi et les droits des citoyens. Ce monde le révoltait en permanence, il n'y trouvait pas sa place et il ressentait un mal-être constant dont il n'arrivait à parler qu'en tapant ou en hurlant. Tout l'énervait, la moindre contrariété le faisait exploser. Rares étaient les périodes où il arrivait à se sentir un tant soit peu apaisé.

Car Taehyung était plus qu'un surchargé. Il était autre chose. Il vivait tout encore plus intensément que n'importe quelle autre personne. Il n'y avait pas de nom pour un être comme lui. Dans le chaos permanent de son esprit, il se nommait lui de tous les pires noms et pensait qu'il n'était qu'une malédiction. 

Quelque fois, bien trop peu pour faire la balance, Taehyung avait aussi pu expérimenter ce qu'il se passait dans son coeur au détour d'une émotion positive. Il l'avait alors vécu profondément, en avait retiré un bonheur incomparable et une satisfaction que personne d'autre n'avait pu jamais ressentir. Mais ce bienfait s'était vite fait détruire et submerger par toutes les autres émotions qui le contrôlaient. Les plus violentes et plus brutales. Celles qui prenaient possession de son être plus facilement, et que tout être humain accueillait généralement comme un défouloir ou s'y abandonnait dans un désespoir sans nom.

"Alors Taehyung, premier jour de deuxième année et tu te fais déjà remarquer pour ta connerie sans limite ? Note que je ne suis absolument pas surpris. Mais lâche quand même mon futur associé, les loyaux sont rares à trouver."

Taehyung dégagea d'un coup brusque la main qui s'était posée sur son épaule. Il lâcha en même temps celui qui avait osé dire qu'il était une erreur dans cette école. Bien qu'il l'ait juste murmuré à un autre étudiant, Taehyung l'avait entendu et lui en avait fait payer le prix à coups de projection contre le mur et de menaces. 

Celui qui l'avait interpellé pour sauver ce garçon n'était autre que son pire ennemi dans cette l'école. Deun Jung. Le fils du seul cabinet d'avocat qui faisait une réelle concurrence à celui de son père. Ils étaient ainsi devenu ennemis naturels, la vie l'avait décidé pour eux. Leurs pères respectifs se détestaient et se menaient une guerre sans merci pour avoir le plus de clients et la meilleure réputation. 

Du travail, il y en avait. Les gens étant de plus en plus contestataires et les crimes se multipliant, il y avait toujours besoin d'un avocat ici ou là. Mais même si chaque cabinet avait largement de quoi vivre plus que correctement, la chasse à la renommée était devenue pour chacun des dirigeants, une obsession maladive. Aussi s'étaient-ils chacun diversifiés en proposant en plus d'un service d'avocats, un service juridique plus large, du conseils aux entreprises et autres tâches où leur connaissance des lois pourraient leur rapporter plus d'argent. Ainsi, les deux cabinets régnaient doucement en maîtres sur la ville en étant devenu essentiels à beaucoup d'entreprises importantes dont il assuraient aussi les arrières en cas de problèmes qui révèleraient l'illégalité de certaines de leurs actions. En somme, dans un monde où la justice était de plus en plus branlante et difficile à obtenir, se doter d'un avocat solide et prêt à n'importe quoi pour gagner, était un luxe dont peu pouvait payer la facture très salée.