17. La coupable idéale.

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Éric vint me rejoindre. Je me sentais défaillir. Je n'entendais que les battements de mon cœur qui palpitait comme un fou, l'angoisse me prenant à la gorge. Le motel fut pris d'assaut par les voitures de police lors de la nouvelle que l'un d'entre eux avait disparu, et avait possiblement été attaqué. Je tremblais d'effroi. Et, à l'idée que mes hallucinations se révélaient réelles, mon cœur se serra et je commençai à suffoquer. Bryan arriva accompagné d'Eugénio qui eut du mal, lui aussi, à digérer la nouvelle. Je laissai échapper un rire nerveux lorsqu'Helen se précipita sur les lieux, hurlant le nom d'Henry.

- Ça sert à rien de l'appeler... Grognai-je.

Mon compagnon me ramena de force à la maison et commença à me questionner.

- Comment pouvais-tu prévoir ce qui allait se passer ? Me demanda-t-il

- Je n'en sais rien ! Je n'ai aucune foutue idée de ce qui se passe !

- Alors pourquoi est-ce que tu t'es précipitée dans sa chambre ?

- Mais laisse-moi tranquille ! Puisque je te dis que je n'en sais rien !

C'était bien la première fois que je m'énervais contre lui comme ça. Moi aussi je ne comprenais rien et avais besoin de réponses. La situation était grave. Qu'allais-je bien pouvoir dire à Bryan ? Et Eugénio ? Comment leur expliquer pourquoi j'étais la première sur les lieux ? Et comment pouvais-je être au courant de la catastrophe avant même la police ? Entre fatigue, incompréhension et Éric qui ne cessait de me tanner pour obtenir des réponses que moi-même je n'avais pas, cette nuit-là était une catastrophe.

Après une nuit blanche, je me décidai à affronter la réalité et me rendis dans le bureau de Wilson, dans l'espoir d'y trouver quelques indices. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque Bryan me stoppa dans mon entreprise et m'annonça :

- Je suis désolé Blue, mais tu vas devoir me suivre.

Il m'emporta dans la salle d'interrogatoire. Je n'y avais plus remis les pieds depuis l'incident de Bonnie. Et voilà qu'aujourd'hui je devais y retourner et, pire encore, m'asseoir sur ce maudit siège. J'avais des hauts le cœur et l'impression, encore une fois, que je faisais un cauchemar. Bryan s'assit en face de moi, assisté par l'officier Smith qui me toisait d'un regard méprisant. L'ami de mon père commença à me poser ses questions.

- Il semblerait que tu sois la dernière personne à avoir vu Henry. Ne va surtout pas t'imaginer quoi que ce soit, je me pose juste quelques questions. Que faisiez-vous la dernière fois que tu l'as vu ?

- On arrêtait Dwayne Abberline. Wilson avait découvert que c'était lui le tueur de chats.

- Ils ne sont jamais arrivés jusqu'ici. Où l'a-t-il emmené ?

- Je ne sais pas.

- Comment savais-tu qu'il était arrivé quelque chose de grave ?

- Je ne sais pas...

- Il y a bien quelque chose qui t'a poussé à y aller ! Un message ? Un coup de téléphone, peut-être ? S'énerva-t-il.

Que devais-je répondre à cela ? Que j'avais rêvé de cette chambre ensanglantée ? Que tout partait d'une intuition ? Je restai silencieuse et fixais le mur du fond, les yeux dans le vide. Sans même m'en rendre compte, je m'étais mise a pleurer. Puis ce fut comme si j'assistais à la scène. Je n'entendais plus que le cliquetis du clavier sur lequel Jennie Smith tapait mot pour mot ce qui se disait, et le tic tac infernal des aiguilles de l'horloge qui ne cessait de tourner. Ma vue s'était brouillée. Je n'arrivais pas à me faire à l'idée que je puisse être suspectée dans cette affaire. Moi aussi je m'inquiétais pour Wilson. Moi aussi je voulais le retrouver.

- Vous interrogez la mauvaise personne ! M'écriai-je agacée par toute cette mise en scène.

- Alors dis nous tout ce que tu sais ! Insista-t-il furieux.

- Je n'ai aucune foutue idée de ce qui se passe Bryan ! Je sais que je suis la suspecte idéale mais, franchement, je n'aurais jamais pu faire ça et tu le sais !

Bryan me relâcha, évitant au possible de me regarder droit dans les yeux. En sortant de la pièce, je croisai Helen et Eugenio dans le couloir étroit qui attendaient un résumé de la situation.

- Blue je vous en prie ... Dit-elle en pleurant. Dites-nous ce que vous lui avez fait... Et pourquoi ?

- Attend Helen. Je suis certain qu'elle n'y est pour rien... Essaya de la convaincre Eugenio.

- Effectivement... Je souhaite le retrouver autant que vous et je ferai tout mon possible pour y arriver et...

- Et rien du tout. Me coupa Bryan. Toi, tu restes chez toi et tu nous laisses faire.
Cela égaya bien évidemment Helen: je n'avais plus le droit de remettre les pieds dans le bureau de Wilson tant que cette affaire n'était pas élucidée. J'étais sidérée. Comment osaient-ils me considérer comme suspecte dans sa disparition ? Convaincue qu'il se trouvait vivant quelque part, je décidai de ne pas obéir et sillonnai les rues à sa recherche. Ils avaient perdu un temps précieux à m'interroger, alors je décidai de le retrouver moi même. Qu'en était-il de Dwayne ? C'était lui qu'il fallait aller voir en premier ! Sur ma route, je croisai à nouveau Helen. Comment lui faire face ? Elle s'arrêta devant moi, les yeux gonflés de larmes et le regard creusé de cernes. Elle me fixa du regard un moment. Je ne bougeai pas et la fixai en retour.

- Si vous avez le moindre égard pour lui ou pour Eugénio, alors dites nous où il est. Avait-elle fini par me dire, avant de s'en aller en donnant un coup d'épaule.

Mais pour qui elle se prenait, celle là ? J'avais envie de me battre. J'en avais assez d'être là coupable idéale. Mais pour l'heure, il y avait plus urgent. Et, cette nuit, j'allais mettre mon plan à exécution.

Secrets ( 1ère Partie )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant