Il nous mena tout droit au commissariat et, lorsqu'il ouvrit la porte d'une petite pièce étroite et sombre, il vit l'espace encombré d'interminables piles de dossiers, dont quelques un étaient éparpillés négligemment sur un bureau d'angle, sur lequel trônait fièrement une petite lampe et un cadre photo. Il entra en premier et ignora au possible toute galanterie ou politesse. Il se laissa tomber sur un fauteuil en cuir noir étonnement bien entretenu. Malgré le désordre que laissaient montrer les papiers qui jonchaient la pièce, je remarquai que cet endroit était d'une propreté incroyable. Il regarda derrière nous et soupira longuement avant de se lever brusquement, visiblement agacé. Il se dirigea vers l'un de ses collègue, dont le visage m'était étrangement famillier et commença à crier :
- Pourquoi est-ce que vous avez jeté tous ces dossiers dans mon bureau ?
- Écoute Wilson, répliqua son collègue avec un calme olympien. C'est Taylor qui nous a ordonné de le faire. On n'y est pour rien. On sait bien que t'aimes pas le bazar mais on n'a pas pu faire autrement.
- Que je n'aime pas ? Vous ne pourrez jamais comprendre les raisons qui font que cela m'insupporte !
Il se dirigea à nouveau vers nous puis il nous pria de le suivre, pour entrer dans un autre bureau. Il s'assit derrière le grand bureau de verre qui prenait plus de la moitié de la pièce. A travers les stores fermés, je pouvais entrevoir la lumière tamisée des lampadaires qui longeaient les trottoirs et les flocons de neige qui tombaient languissamment, et sans un bruit. Amélia ne cessait de râler, tandis que mes pensées vagabondaient. Où cet enfant avait-il bien pu passer ? Pourquoi fus-je la seule à l'avoir vu ou entendu ? Le long soupir qui sortit malgré moi de ma bouche me sortit de mes questionnements, et je vis le regard froid et interrogateur de l'homme qui se trouvait en face de moi. Il sortit précautionneusement une feuille de papier imprimée et la posa délicatement sur le bureau. Puis, il prit un stylo à plume en argent qui reposait dans une boite en cuir tapie de daim noir. Il dévissa lentement le bouchon, le faisant grincer sans nous quitter des yeux. Exaspérée, mon amie ne pu s'empêcher de lui faire une réflexion à laquelle il se contenta de grogner. Il commença à remplir le formulaire qu'il avait devant lui, écrivant doucement lorsque brusquement, la porte du bureau s'ouvrit dans un fracas, le faisant sursauter et transpercer le papier.
- Wilson ! Hurla une voix grave et rauque. Puis-je savoir ce que tu fais assis sur mon fauteuil et dans mon bureau ?
- Vous avez mit un tel bazar dans mon espace privé que je ne peux pas me concentrer. J'ai donc pris la liberté d'emprunter un bureau et c'est tombé sur le vôtre. Grogna-t-il visiblement agacé par le trou qui déchirait la feuille et essayant de lisser le papier chiffonné par son tressaillement de surprise.
- Ce n'est pas une raison ! On t'avait pourtant dit de prendre un congé !
- Un congé forcé ! Je sais ce que ça veut dire ! Ne seriez vous pas en train d'essayer de vous debarrasser de moi ?
- Henry... si tu es encore dans nos services c'est parce que William m'a demandé de t'avoir à l'oeil !
- C'est un trait d'humour ? Parce que ce n'est pas drôle ! On ne se moque pas des infirmes !
Alors qu'ils continuaient de se disputer, le nom que l'homme avait prononcé me fit tiquer. Et cette voix rauque me rappelait étrangement le meilleur ami de mon père : Bryan Pierce, cet homme qui avait toujours été là pour ma mère et pour moi.
- Bryan ? Demandai-je en souriant et en reconnaissant l'individu qui se trouvait à la porte.
- Blue ? S'étonna-t-il. Qu'est ce que tu fais ici ? Ça fait un bail qu'on ne t'avait pas vu !
Je me levai et allai vers lui pour le prendre dans mes bras. Il avait été le meilleur ami de William mon père, une aide précieuse pour ma mère, mais aussi mon confident pendant plusieurs années. Ses cheveux avaient perdu de leur couleurs et étaient devenus grisonnants, et les rides de ses yeux s'étaient creusées. Cependant, il n'avait toujours pas changé son eau de cologne, avait gardé les mêmes mimiques et portait toujours le même manteau. Lorsque je me libérai de son étreinte, il me regarda puis, posa un regard accusateur sur l'officier qui se trouvait encore assis à sa place.
- Quoi ? Demanda celui-ci sans une once de remords.
- Sors de mon bureau tout de suite ! Ordonna Bryan avec sévérité.
Henry se leva d'un bon et quitta silencieusement la piece, laissant derrière lui l'odeur fraîche et apaisante de son parfum légèrement sucré. Sans même dire un mot ou se retourner à l'appel de ses collègues, il sortit du commissariat. Bryan posa une main sur mon épaule tout en fixant la porte d'entrée du regard.
- Est ce qu'Henry te pose des problèmes ? Me demanda-t-il.
- Ça se pourrait bien... Mais dis moi... Quel rapport a-t-il avec mon père ?
- Willian aimait beaucoup Henry... Il a toujours été un peu étrange, mais il n'est pas mauvais. C'est même tout le contraire. Seulement... depuis que ton père a disparu, il est encore plus bizarre qu'avant. Dit-il avec consternation.
- Tout de même... il y a des limites à ne pas franchir... Au fait, je te présente Amélia. Elle est ma meilleure amie.
- Enchanté mademoiselle.
- Moi de même. Blue, je sors fumer, je t'attend dehors.
- D'accord, je te rejoins dans une minute.
- Je comprend que tu lui en veuille. Il n'a jamais su comment se comporter en société. Mais... peut-être que tu pourrais l'aider ? Je ne peux l'assigner à aucune de nos enquêtes à cause de son comportement et de son insupportable toc. Alors je me suis demandé si, par hasard, tu n'accepterai pas de l'assister et le garder à l'oeil?
- Je ne suis pas ici pour très longtemps. Je dois retourner chez moi dans quelques jours. Et puis je t'avoue... qu'il est un peu trop étrange pour moi.
- Eh bien... voilà qui est fâcheux. Je vais devoir supporter cet idiot tout seul pendant encore un très long moment ! Mais je comprends. Tu ne... le connais pas.
Il eût beau avoir l'air de plaisanter, son rire forcé le trahissait. Repensant à tout ce qu'il avait déjà fait pour moi pendant de nombreuses années, je commençai à culpabiliser. J'étais perdue. Je venais à peine de revenir et j'avais prévu de repartir au plus vite pour laisser mon passé derrière moi. Mais il avait renoncé à tant de choses pour nous aider dans les moments difficiles... j'hésitai un long moment et l'entendais parler de sa vie après que je ne sois partie. Finalement je me décidai à lui rendre la pareille et, sans vraiment réfléchir aux conséquences que cela pouvait produire sur ma vie, je lui répondis d'un air assuré :
- Finalement je vais accepter ! Je veux te rendre ce service ! Après tout, je te dois bien ça non ?
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Secrets ( 1ère Partie )
Misterio / SuspensoAprès avoir quitté la petite ville où elle a passé toute son enfance Blue apprend le décès de sa mère. Elle hérite donc de la vieille maison et décide de la mettre en vente pour repartir au plus vite. Mais le meurtre d'une fillette va changer tous s...