Sybille et Loup vivaient une parfaite histoire d'amour. Après une séparation douloureuse quelques années auparavant, ils retombent l'un sur l'autre par hasard sur leur lieu de travail. Et ils se détestent.
Toujours épris de ressentiments à son égard...
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Je regarde cette porte s'ouvrir et se fermer depuis dix longues minutes maintenant. Plus le temps passe, plus les personnes s'engouffrent à l'intérieur du bâtiment d'un pas pressé. Mon sentiment de légitimité s'est fait la malle et je peine à m'auto-convaincre que j'ai tout à fait ma place ici.
Une personne me bouscule, ce qui m'arrache un cri de frayeur. Depuis mon réveil, je suis une boule de stress.
— Pardonnez-moi !
Des excuses me parviennent telle une mélodie lointaine. Dans le flou de l'action, je ne distingue qu'un sourire éclatant illuminer un visage à la peau ébène.
— Ce n'est r...
Les mots restent bloqués dans ma gorge. Peu importe, elle est déjà loin et ne peut plus m'entendre.
— Vous venez ?
Tout en maintenant la porte d'entrée ouverte, mon interlocutrice retire son bonnet et révèle une magnifique chevelure brune. Je prends mon courage à deux mains et me lance à sa suite.
— Merci.
— Vous cherchez quelqu'un, mademoiselle... ?
— Simeon. Sybille Simeon. Bonjour. Je suis stagiaire.
— Excellent ! s'exclame la femme. Je suis Dove, responsable culturelle du Drakkar. Suivez-moi.
Arrivées dans une grande salle de réunion, elle me tend un badge puis m'invite à aller prendre un café avant de s'éloigner de moi pour rejoindre ses collègues. La boisson chaude est plus que bienvenue. Dans le brouhaha animé des conversations, je me faufile discrètement tout en saluant d'un signe de tête les différents visages que je croise.
Je ne suis pas du matin. Si j'ajoute à cela un manque de confiance en moi et une difficulté évidente à m'adresser à des inconnus, je me demande déjà comment je vais survivre à cette matinée.
Le silence se fait quand une femme en tailleur rouge entre dans la pièce. Pas besoin de la connaître pour comprendre qu'il s'agit de Jodie Maville, la directrice de la salle de spectacles. En pleine conversation téléphonique, elle nous fait un signe de la main pour nous inviter à nous asseoir autour de la grande table.
— ... promotion te passera sous le nez.
Je choisis la chaise la plus proche sans m'attendre une seule seconde à me retrouver assise à ses côtés. À peine a-t-elle raccroché qu'elle nous salue puis démarre la réunion.
— Bienvenue à tous. Je suis ravie de vous accueillir en cette matinée où nous rencontrons nos stagiaires pour la saison culturelle printemps-été du Drakkar. Merci d'être présents.
Mal à l'aise, je regarde droit devant moi sans oser le moindre geste. Je ne parviens pas à fixer mon attention sur le discours de ma voisine. Des pas lourds se font entendre dans le couloir. Je fixe dans le vide un point où, bientôt, apparaît un visage que je ne m'attendais pas à voir aujourd'hui. Je ne m'attendais pas à le revoir un jour. Un regard assassin accroche le mien. D'un noir fielleux malgré le bleu de ses iris, contrastant avec la blancheur polaire de sa chevelure.