Partie 10

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Commençant par un semblant de sourire, Jemima finit par craquer devant une de leur photo de mariage. Elle ferma les paupières un instant dans le but de revivre ce moment où devant tous, elle était devenue Madame Traoré. Le regard joyeux de son père à ce moment-là. Le bruit des applaudissements dans la salle, juste après la séance des " Oui, je le veux". Les yeux chargés d'amour de Léo et pour finir la belle et émouvante cérémonie d'ouverture de bal. Du revers de la main, elle essuya ses larmes et déposa la photo sur le lit, avant d'entrer dans la salle de bain.

Jamais de sa vie elle n'avait été aussi confuse et apeurée. La jeune femme s'étonna elle-même du grand courage qui l'anima au point d'avoir suivit son amie jusqu'au fameux hôtel. C'était pour la bonne cause et surtout, par amour pour Léo. Elle avança malgré elle. Ses pieds semblaient tout à coup aussi lourds que des roches.

-- C'est ici, dit finalement Esther longtemps rester en retraite. Je suis désolée ma Jemi mais c'est le seul choix à ta portée. Encore deux jours et Léo sera jugé puis transféré dans la grande prison pour criminel et Dieu seul sait ce qui risque de lui arriver là bas pour un crime qu'il n'a pas commis. Sache que je suis très fière de toi, et surtout n'aies pas peur.

Elle embrassa son amie avant de s'en aller. À présent, seule face au présent. Jemima ouvrit et entra à pas existant dans la pièce.
Ses veines se crispèrent à l'instant et ses pieds firent une rotation involontaire. Était-ce vraiment involontaire ou pas peur ? Car difficile de ne pas avoir peur lorsqu'on se voit devoir partager une chambre d'hôtel avec un inconnu. Il n'était pas sensé être déjà là, à l'attendre. Le plan était ainsi, elle d'abord et lui ensuite mais cet homme était un peu trop impatient.

Couché dans la pénombre de cette chambre mal éclairée, il semblait vraiment s'impatienter. Jemima l'avait aperçu se retourner trois fois de suite. Son estomac se noua et sa respiration accéléra. Était-ce vraiment une bonne idée ?

Elle se retint de réfléchir lorsque l'homme, du haut de ses environs un mètre soixante huit se leva. Et lui demanda ce qu'elle aimerait boire. Jemima frissonna. Il avait l'air jeune, du moins en fin de la trentaine.

Ce n'est lorsqu'il sortit de la pièce qu'elle remarqua la peinture rouge vert du lieu et ses deux tables de chambre. Une fenêtre, un lit. Pas plus.
Elle arrêta nette sa contemplation lorsque l'homme réapparut.
Jemima passa un mauvais moment ce soir-là. Avoir discuté avec l'homme, lui avoir servi un verre de bière et s'être rapprochée de lui, lui avaient été horrible à supporter. Heureusement qu'elle ne se rappelait toujours pas du moment où ils avaient dû passer à l'acte, n'empêche que se retrouver au petit matin sur ce lit d'hôtel avait suffit pour la rendre nerveuse.

Au travail, son humeur ne s'était pas arrangé. Dès son arrivée, elle évita Esther, prétextant avoir des calculs de la veille à faire alors qu'elle les avait déjà terminée avant de se rendre à son rendez-vous. Jemima resta peu bavarde jusqu'à la fin de son service.
Elle alla passer la nuit chez son père et malheureusement pour elle, ce dernier ne prit que quelques minutes pour se rendre compte qu'elle n'allait pas bien.

-- Ça va ? Demanda t-il alors.

-- Oui Papa, Je suis juste un peu fatiguée.

-- Hum, fit Moussa en s'asseyant sur la place du lit, à côté de sa fille. Pas besoin d'avoir un diplôme pour savoir que quelque chose ne va pas et je crains que ce soit ceux à quoi je pense mon enfant.

-- Papa c'est la fatigue, rien d'autre.

-- Tu as plutôt le comportement d'une femme qui se reproche quelque chose et je sais que cela n'a rien à voir avec moi. Qu'est-ce qui se passe ?

-- Je suis perdue papa, se mit à pleurer Jemima. Je l'ai fait par amour mais je regrette. S'il te plaît pardonne moi papa. Je t'ai déçue, je me suis montrée indigne en .......

Désillusionnée Où les histoires vivent. Découvrez maintenant