Acte 1 - La Mercenaire - partie 1

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Le ciel s'était obscurcit, laissant place à la noirceur de la nuit. Les quelques rayons lumineux émanant de la Lune, traversaient à peine l'épaisseur du branchage des arbres. La forêt alors encore plus assombrie que d'ordinaire donnait une allure sinistre. Les racines de la cime des plus grands arbres ressortaient à certains endroits, créant d'effrayantes ombres sur le sol. Tous les êtres vivants qui habitaient ces lieux étaient doté d'une taille exagérément grande, cela comprenait autant les animaux que les végétaux. Donnant ainsi un tout autre aspect à ses habitants. Monstres, animaux et arbres étaient étroitement liés aux flux qui sillonnaient ces terres forestières.

Les simplets qui osaient s'aventurer sur ces terres n'en ressortaient jamais vivant. En foulant les terres sacrées de cette forêt, ils commettaient le dernier crime de leur courte vie.

Et s'ils arrivaient ne serait-ce qu'à passer la faune et la flore sauvage qui y grouillait, ils finissaient par mourir de la main de ces gardiens effarouchés.

Les lois de la nature étaient de plus étrange ici. Ne donnant l'envie à aucun mortel de trépasser la barrière invisible délimitant les terres sacrées.

Avec toutes les histoires que l'on pouvait raconter sur les atrocités qu'avaient pu vivre certains mercenaires vaillant, les gens n'étaient pas assez fous pour risquer leurs vies dans cette forêt. Alors s'ils devaient ajouter le fait qu'elle se trouvait être la Forêt Sacrée d'un des grands peuples de ce monde, seuls les simplets d'esprits seraient assez fous pour penser avoir une chance de survivre et d'en plus trouver quelque chose de valeur.

Le peuple Onërks[1] était connu pour sa cruauté en plus de sa beauté. Tout le monde s'en méfiait mais tous admiraient aussi leurs visages étincelants. La peur n'excluait pas la jalousie.

Il était donc connu publiquement, que quiconque franchirait ces terres, serait traqué et traduit en justice devant les grands Souverains de ce peuple. Qui disait justice, disait meurtre. Du moins dans la majorité des Nations[2] de Tameas.

Par le passé, cela n'avait malheureusement pas empêcher bons nombres de bandits de s'y essayer. Pour l'unique raison que cette forêt se trouvait être le passage le plus court et direct pour entrer dans la Cité-Mère[3] des Onërks. Les Cités-mères étaient ce qu'il y avait de plus précieux pour chaque peuple respectif. Mais cela se trouvait être aussi, le passage le plus sécurisé et armé de toute la Nation. C'était donc à double tranchant. La motivation qui pouvait animer ces mécréants n'était autre qu'une grande richesse et une impressionnante renommée. Même si le risque de mort était grand.

Reconstruite depuis quelques siècles, ce qui était peu dans la roue du temps, la Forêt Sacrée avait une grande place dans le patrimoine des Onërks. À la suite de sa destruction il y a de cela quelques temps, le Père des Onërks avait fait des pieds et des mains pour que son peuple de sombre pas et faire revivre cette forêt protectrice. Il avait toujours su gouverner son peuple d'une main de fer et avait donc décidé d'augmenter drastiquement la sécurité autour de la Cité-Mère. Tous les moyens étants bons pour empêcher une autre catastrophe de se reproduire.

Malgré tout, cela ne suffit pas pour prévenir la suite des évènements qui allaient se produire en cette soirée bien avancée. Se créant un passage à travers la forêt, Ismoria, courant pour sa vie, suivait le chemin que lui indiquait sa boussole enchantée. Les défenseurs, unité visant à protéger cette zone des intrus, l'avaient détecté au moment de son entrée en territoire sacré. Ismoria n'avait eu d'autres choix que la fuite. Les affronter directement était du suicide. Bien qu'elle eût utilisés tout un tas de sorts qu'elle avait en possession, elle n'avait pu passer sous les radars de ces gardiens. Bien que cet échec contrecarrât quelque peu ses plans, elle se devait de mener à bien sa mission.

Un capuchon sur la tête pour dissimiler son visage, elle se frayait un chemin avec autant d'agilité qu'un serka[4]. Munie d'une lame tranchante, elle se débarrassait difficilement des obstacles lui bloquant le passage.

Elle pouvait percevoir derrière elle le nombre croissant de ses poursuivants, de plus en plus nombreux. L'obscurité de la nuit limitait leurs mouvements, ce qui donnait à Ismoria une certaine avance sur les défenseurs. Sa vision nocturne lui était d'une grande aide dans ces moments-ci.

Au bout de quelques minutes à suivre la flèche de la boussole, elle finit par se rapprocher de son but. Ses jambes commençaient à ressentir l'effort qu'elle mettait pour garder le rythme de sa course. Malheureusement pour elle, son calvaire était loin d'être terminé. La forêt se fit plus dense, jusqu'à devenir impraticable. Ismoria fut dans l'obligation de ralentir. Elle se trouvait bloqué, devant une nouvelle partie de ces bois.

Avant de venir s'aventurer par ici, elle avait effectué de nombreuses recherches sur la structure des terres sacrées, pour finir par ne trouver que quelques rumeurs. L'une d'elle expliquait que ces terres s'articulaient en différentes zones avec à chaque fois une flore et une faune différente. Et ainsi, vous pouviez trouver des animaux d'espèces complètement différentes. Et plus ou moins dangereuses.

Ismoria se trouvait donc à l'orée d'une nouvelle zone, surement plus dangereuse. De grands arbres lui bloquait le passage, leurs racines épaisses sortant de terre dans des angles des plus étranges. Elle s'apprêtait à escalader les racines quand une flèche vint se ficher à quelques centimètres de sa main tendue vers l'écorce du premier tronc à sa portée. Elle se retourna vivement et aperçue quelques gardiens suspendus dans les arbres l'entourant. Ces poursuivants avaient dû faire appel à une autre faction pour lui tendre une embuscade. Elle se trouvait dans une bien mauvaise posture. Elle avait perdue toute l'avance que lui avait offert son plan initial. Son emprise se raffermis sur la boussole qui s'agitait doucement. La flèche, immergé dans un liquide transparent, commença à pointer dangereusement vers le bas. Trop absorbé dans ses pensées, Ismoria ne le remarqua pas. Ses yeux s'agitaient dans tous les sens, cherchant une issue de secours. Ses yeux vissés sur les archers, elle reculait d'un pas hésitant tout en leur faisant face. Une flèche pourrait facilement la toucher si elle ne faisait pas assez attention. Bien que les gardiens l'encerclassent, tant qu'elle pouvait facilement se mouvoir, ils ne pourraient pas l'attraper ou la tuer aisément. Un hurlement bestial s'éleva soudainement et se ternit aussi tôt, laissant un silence mortel derrière lui. Un frisson secoua Ismoria, la boule au ventre, elle empoigna le manche de son arme. Elle n'était pas la seul à s'être figée.

---------------------------------NOTES-----------------------------------------------

[1] Onërks : une des quatre races majeures.

[2] Nations : Pays gouvernés par un(e) Souverain(ne) élue par le peuple y habitant.

[3] Cité-Mère : Grande cité reconnue comme point d'ancrage de tous individus appartenant à l'une des quatre races majeures.

[4] Serka : une espèce de serpent de bosquet.

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