Acte 1 - La Mercenaire - Partie 2

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Les gardiens paraissaient tous inquiets. Ismoria s'en était rendu compte bien que leurs visages se trouvaient dissimulés par un masque en lin[1] en forme de croissant de lune. En plissant des yeux, elle pouvait presque les voir trembler... Ce qui l'inquiéta d'autant plus.

Qu'est-ce qui pouvait bien les effrayer autant ? Alors qu'ils ne sourcillaient même pas quand ils la pourchassaient. Une lueur traversa ses yeux marrons. Elle reprit instantanément ses esprits et profita de la confusion pour s'échapper de ce piège mortel.

Qu'est-ce que ça pouvait bien lui faire qu'ils aient peur d'une bête de leur propre forêt ? Cela ne pouvait que lui bénéficier, leur force serait d'autant diminuer s'ils étaient amenés à faire face au monstre. Tant qu'elle ne se retrouvait pas entre les deux, elle n'en avait que faire.

==== C =====

Elle courait depuis quelques minutes déjà. Le souffle court, elle n'apercevait plus ses ennemis à l'horizon. Elle pouvait ralentir pour examiner sa boussole. Ismoria n'avait pas eu le temps de voir si elle se dirigeait dans la bonne direction avant de fuir. Ses yeux s'écarquillèrent en voyant la flèche tournoyer sur elle-même, comme si elle avait perdue sa cible. Mécontente, Ismoria frappa dans sa paume l'objet pour le faire revenir à ses sens. Sans aucun effet, la flèche continuait dans sa folie.

Ismoria crut sur le coup s'être fait avoir par son employeur quand un léger détail lui tapa dans l'œil. Bien que la boussole s'affolât dans tous les sens, la deuxième aiguille presque inapercevable, se retrouvait presque à la verticale – pointant vers les pieds de Ismoria.

« Ha – Ismoria exprima son étonnement à voix haute. »

Son employeur lui avait bien dit qu'il s'agissait d'une prison caverneuse, mais rien n'avait indiqué qu'elle se situait enfoui sous la terre.

Ses yeux sombres s'inclinèrent vers ses pieds, comme s'ils sondaient les entrailles de la terre lui bloquant le passage. Si elle ne pouvait trouver une entrée à ces galeries souterraines, il ne lui restait plus qu'à ce le créer soi-même.

Des pas de courses parvinrent jusqu'à ses oreilles affutées. Ismoria siffla entre ses dents et fit de nouveau face aux gardiens – cette fois bien plus nombreux, qui l'avaient en joue. Au moindre mouvement, elle se ferait canarder de flèches et de lances. Elle parvenait même à sentir des flux de magie, ce qui n'était pas commun ici.

Ismoria se devait d'agir intelligemment. Elle comptait bien récupérer la récompense promise par cette maudite femme.

Elle souleva le plus lentement possible ses mains cachées sous sa cape, les poings fermés fermement. Avec beaucoup de méfiance, ses opposants la regardèrent faire. Ils avaient eu toute l'opportunité de la tuer durant ces quelques secondes. Cela ne pouvait que dire qu'ils avaient reçu l'ordre de la ramener vivante. Surement pour l'interroger sur son trépassement.

Après tout, leur Souverain devait être sensible ces derniers temps avec la reconstitution de la forêt.

Elle vivante, jamais ils ne pourraient l'attraper.

Ses mains s'entrouvrirent et avant même que les gardiens puent comprendre ce qu'il se passait, les petites boules – sous le choc au contact du sol, crachèrent une épaisse fumée rosâtre.

Ismoria ne perdit pas de temps et éclata contre la terre une fiole translucide contenant un liquide blanc inconnu.

Les onërks tentèrent de la chercher dans la fumée avant qu'elle ne disparaisse mais furent pris d'une quinte de toux violente. Les yeux leurs piquant, ils ne parvinrent pas à se déplacer dans cette zone prise par la fumée.

Le souffle coupé pour ne pas respirer la toxine de sa fumée, Ismoria s'éloigna rapidement avant qu'une petite explosion retentisse là ou s'était déversé le contenu de la fiole. Une petite décoction maison qu'elle avait découvert il y a quelques semaines de cela. Bien qu'elle ne fût pas sûr de sa totale efficacité – cette fiole-ci n'avait pas raté, heureusement.

Un trou aussi grand que la longueur de son bras entier apparut sous une fumée de résidus terreux.

Ne perdant pas de temps – sachant que la fumée rose ne durerait plus très longtemps, Ismoria se jeta dans le trou tout en lançant un piolet relié à la corde pendant à sa ceinture en cuir. Elle crut avoir réussi à le planter suffisamment profond dans la terre à la surface, et s'attela à descendre dans le creux. Elle se glissait grâce à ses pieds et ses mains, doucement, le dos collé au mur. Quand elle finit par atteindre le plafond d'un tunnel. Elle perdit son équilibre quand son dos ne trouvait plus de soutient, ce qui la fit tomber sur quelques mètres avant que la corde ne la stoppe violement.

Son souffle se coupa sous le choc et ses mains agrippèrent automatiquement le reste de corde qui était accroché par un crochet, à sa ceinture. Tendue comme un arc, la corde se cognait contre les parois du creux avant de se stabiliser.

Ismoria se pensait sortie d'affaire avant d'entendre un fracas à la surface, et de sentir la corde se détendre d'un coup. Elle n'eut le temps de hurler ; son piquet venait de se désolidariser de sa prise dans la terre, la faisant tomber les quelques mètres restant avant de se cogner brutalement contre les parois de pierre de la caverne.

Son corps se fracassa sur le sol dans un bruit de craquements qui resonnèrent dans la grotte. Le regard hagard, Ismoria perdit connaissance en à peine quelques secondes.

La noirceur de la grotte englouti son corps, et des bruits bestiaux s'élevèrent en éco à travers les centaines de galeries que regorgeait cette prison souterraine.

===== C =====

Un corps en mauvais état et pris de sueurs se trouvait étendu sur le lit simple d'une petite cariole. En pleine forêt, l'habitacle n'avait pas bougé depuis un moment, les plantes enroulés dans les roues et grimpant le long des parois donnait une allure enchantée à la cariole.

Construite comme une petite maisonnette sur roue, elle regorgeait de nombreux meubles malgré le petit espace.

Il faisait nuit noire, les nuages gris menaçaient de faire pleuvoir sur les terres à tout instant. Pas un bruit ne venait perturbée les bois – ce qui était assez inhabituel.

Une légère fumée s'échappait de la cheminée de la cariole, et une lampe à huile trônait sur une petite table accolée au lit, laissant une faible lueur éclairer la pièce. Les ombres jouaient sur les murs et la personne couchée dans ce lit de fourrures, n'était pas près de se réveiller.

Son corps était couvert de bandages à certains endroits et de petites écorchures et cicatrices parsemées comme des taches de rousseurs sur ce corps un peu trop pale.

Ses cheveux d'un rouge écarlate lui collaient au corps alors qu'une grimace douloureuse déformait son visage. Ses yeux s'agitaient sous ses paupières, attestant d'un rêve mouvementé. Elle était encore sous le joug d'une fièvre qui durait depuis quelques nuits déjà. Elle n'avait réussi qu'à avoir de cours réveils à cause de l'état dans lequel se trouvait son corps. La fièvre lui empêchait d'obtenir un sommeil réparateur, et ses rêves tourmentaient son esprit affaibli.

--------------------NOTES---------------------

[1] Lin : un tissu soyeux et fin – une spécialité des Onërks.

[Note auteur : ==== C ==== ; le C est sensé représenter un croissant de lune; je n'arrivait pas à mettre mon image]

Berceau de la CivilisationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant