“She’ll make you heart break
She’ll give you fever
She’ll tell you everything but don’t believe her"
Ces paroles ne peuvent être comprises que par ceux qui ont vécu ce à quoi elles font allusion. Naguère, je ne les comprenais pas : je me contentais d’aimer la chanson.
A présent, je me sens en totale harmonie avec moi-même lorsque j’écoute cette musique ; j’en saisis pleinement le sens… et l’avertissement.
Cependant, il est trop tard.
Par une morne matinée de décembre, les fêtes de Noël approchant, je me dirigeais, le nez enfoui dans mon écharpe, vers la boutique exiguë où j’exerçais la profession de créateur de vêtements ; mes pensées étaient sombres, car malgré le peu de concurrence, les prix bas et mes efforts, peu de clients se présentaient, et encore moins achetaient mes ouvrages, les trouvant désuets ou criards.
Mon humeur était donc morose, et je marchais d’un pas résigné, me préparant à recevoir un nombre de clients égal à zéro ; j’avais donc prévu de travailler davantage à l’atelier, ce jour-là, et de créer de nouveaux modèles de vêtements plus à la mode. Cependant, voyant les accoutrements des personnes que je croisais, je songeai que cela s’annonçait plutôt mal.
Dans un soupir, je contemplais les boutiques devant lesquelles je passais : toutes ou presque accueillaient de nombreux clients, que je voyais rire et discuter derrière les vitrines lumineuses. Des gens se pressaient aux entrées des cafés, cherchant une place à l’intérieur où déguster une dernière boisson chaude avant d’entrer dans l’univers lugubre des bureaux dans les grands immeubles austères dont l’absence de fantaisie, qui contrastait tant avec les devantures habituellement éclairées de belles couleurs chaudes, se distinguait de la masse bigarrée des magasins, et dont l’ombre bleutée se profilait à l’entrée de la ville comme la lame effilée d’un poignard.
Devant l’hideuse devanture de ma malheureuse échoppe, je sortis mon trousseau de clés et entrai ; des cintres seuls pendaient lamentablement dans les rayons, le chauffage n’était pas allumé : je frissonnai, mis en marche les radiateurs, et entrai dans l’atelier pour en sortir mes créations.
J’avais à peine terminé de les disposer qu’une petite rousse aux yeux verts me rappelant quelqu’un, entra, et se dirigea d’un pas décidé vers moi.
« Bonjour Monsieur.
-Bonjour, répondis-je en souriant. Tu es seule ?
-Pourquoi ? questionna-t-elle d’un ton sec.
-Par simple curiosité, la tempérai-je, surpris. Où sont tes parents ?
-Pourquoi vouvoyez-vous les adultes et pas les enfants ?
-C’est une pratique courante. Si cela vous déplaît, Mademoiselle, je peux tout à fait vous considérer comme pleinement mature et responsable.
-Je n’aime pas les responsabilités. Et que veut dire "mature" ?
-C’est le mot qu’on emploie pour désigner les personnes dont les capacités physiques et intellectuelles sont entièrement développées.
-Mes capacités intellectuelles le sont.
-J’entends cela, ma chère. Vous vous exprimez fort bien pour une fillette de votre âge… A propos, quel âge avez-vous ?
-Demanderiez-vous cela à un adulte ? Jamais. Expliquez-moi donc pourquoi vous vous permettez cette question avec moi. Cependant, pour votre gouverne, Monsieur, j’ai dix ans.
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Le temps est le péché de l'éternité.
RomantikQue se passe-t-il lorsqu'une personne que vous avez aimée revient d'entre les morts ? Doit-on l'accueillir à nouveau ? La rejeter, en guise de vengeance ? Ou bien tout faire pour éviter la confrontation ? Quand la mort prend le pas sur la vie, quand...