- Moi, je dis qu'on l'appelle Crème Glacée! lance Adrien en tapant dans ses mains.
- Non, on va l'appeler Hadès*.
Puisque c'est maintenant l'Enfer sur terre, autant lui donner un nom d'enfer. *
- Mais...
*Hadès est le dieu des Enfers dans la mythologie grecque
- Hé, tu veux le garder, ton cabot? C'est moi qui choisis le nom, dis-je d'un ton inflexible face à la plainte de mon frère.
Mon frère finit par hausser les épaules et mange ses petits poissons.
- J'en. Veux. Encore, commence à pleurer Shane. J'ai faim. Je. Veux. Mangeeeeer.
- À la station-service. Pas avant. Et arrête de gueuler comme ça sinon tu vas faire peur au chien.
Il grogne et ne me répond pas. Je roule des yeux et on dépasse une pancarte de limite de vitesse. Je regarde mon petit frère dans le rétroviseur. Il flatte gentiment le chien en lui grattant le derrière des oreilles avec son autre main. Je reporte mon attention sur la route, un sourire aux lèvres. Après une vingtaine de minutes, un petit dépanneur se profile enfin au loin. Shane se débat dans les ceintures de son siège. Le chien est retourné entre mes deux petits chenapans préférés. Je me gare et le sors. Il va pour courir, mais je le retiens et le prend dans mes bras. Je sors un de mes neuf millimètres et entre dans le magasin. Il n'y a que deux personnes dedans. Elles me font dos et... grattent sur une des portes du frigo.
Les deux zombies se retournent vers nous dès que la cloche au-dessus de la porte sonne. Avant qu'ils ne puissent avancer vers nous, je leur tire chacun une balle entre les deux yeux. Des vers s'échappent de leur crâne par leurs oreilles. Je tire une balle sur chacun et les réduit en bouillie pour être sûre. Shane s'est cramponné à moi et a enfouit sa tête dans mon cou. Je le détache lentement de moi et le dépose par terre. Je passe devant lui et ouvre la porte des toilettes. Aucun signe de vie, ou de morts vivants.
- Bon, vas-y, dis-je à mon frère en faisant un geste vers l'intérieur de la pièce.
Il hoche la tête et entre. Pendant qu'il est aux toilettes, je pille la nourriture sur les étagères. Viande séchée, bonbons, chips, sandwichs, bouteilles, tout y passe. De toute façon, je doute que la police en ait quelque chose à faire de mon braquage. Elle s'occupera d'abord des zombies. Si police il reste après tout ce carnage. Je me retrouverai probablement avec des choses inutiles, mais au moins on a de la bouffe.
Shane sort et me sourit. Je le lui rends :
- Bon, viens, on va retourner à la voiture.
Alors qu'on retourne au véhicule, je remarque de gros bidons d'essence à côté des pompes. Je rattache mon petit frère en vitesse et gare la voiture pour faire le plein. Je sors, mets l'essence dans le réservoir et rempli autant de bidon que ma valise peut supporter. Je regarde la vitrine de la station et entre pour ressortir rapidement avec deux poches de nourriture pour chien, une des seules choses que j'avais oublié de prendre. Je mets les bidons et la nourriture dans le coffre et repars pour les congélateurs à glace.
Je m'empare d'une glacière à l'intérieur et reviens. Je m'empare d'une glacière à l'intérieur et reviens. Je vide des sacs de glace jusqu'à la remplir les trois quarts, et la ramène à l'auto.
J'ouvre la portière du siège passager et fouille dans les sacs pour faire le tri. Le lait, les sandwichs, les œufs, tout ce qui était dans les frigos et qui doit rester au frais rejoins la glacière. Je garde trois sandwichs au jambon, trois petits jus et les trois cornets de crème glacée que j'ai pris et vais mettre la glacière dans le coffre. Je le referme et retourne au volant.
- Adrien tu es sûr que tu n'as pas besoin d'aller aux toilettes?
- Oui.
- Ok, dis-je en leur tendant chacun leur sandwich et leur jus.
Shane sourit de toutes ses dents, ravi. Je n'avais pas pensé à apporter leur déjeuner, c'est compréhensible qu'ils aient faim. Et moi je déjeune habituellement à cette heure-ci
Je mange en vitesse, pose mon contenant de jus vide ainsi que mon emballage de sandwich et déballe mon cornet. J'en tend un à chacun de mes frères.
- Ouais! s'exclame Adrien en le mettant dans le porte-gobelet entre lui et Shane.
Je souris et redémarre. Au moment de sortir du stationnement, une jeep arrive et se stationne devant nous. Deux gars avec des fusils de chasse sortent et nous font signe de sortir. J'ouvre ma portière.
- Hé, les gars, c'est une belle petite, dis le plus gros en souriant.
Les autres ricanent. Je roule des yeux et rembarque.
- Les gars, vous vous baissez. Maintenant.
Mes frères ne disent rien face à ma voix froide et détachée. Je recule en regardant droit devant moi, sur les porcs qui crie en me désignant et en vérifiant leurs fusils. Oh que non, je ne leur ferai pas confiance. Leurs petits regards lubriques, ils peuvent se les mettre où je pense. Et ils ne nous voleront certainement pas. Je mets le véhicule en marche avant et écrase la pédale. Ils crient de plus belle.
- La belle petite, elle vous emmerde, leur dis-je juste avant de leur rentrer dedans.
Ils valsent dans les airs et je contourne la jeep pour m'engager sur la route. Je les regarde se tordre sur le sol en m'éloignant. Mes frères se redressent lentement. Le chien arrête enfin de gémir. Je soupire et mange mon cornet de crème glacée.
- Ils étaient des méchants? me demande innocemment Shane.
- Oui, très méchants.
- Et ils voulaient quoi? demande Adrien à son tour.
- Nous faire du mal. Mais c'est correct. On va voir Nick bientôt. Je vous ai déjà parlé de Nick? repris-je d'une voix enjôleuse.
- Non, dit Shane.
- Raconte-nous! s'exclame Adrien.
- Ouais!
Je commence à leur parler de l'armée et de mon cher ami. Leurs yeux brillent de parler normalement, d'oublier les zombies pour cinq minutes. Je leur épargne bien sûr certains détails. Les tranchées rendues boueuses à cause du sang, mes amis explosant devant mes yeux, se faisant tirer une balle dans la tête juste à côté de moi, mon fusil qui n'avait pas quitté mes mains pendant plus de vingt heures, mes yeux brûlant à cause que je n'avais pas dormi depuis deux jours, l'entraînement des forces spéciales après qu'on ait remarqué mon « habileté ».
- J'ai envie, lâche Adrien à peine trente minutes après qu'on a quitté la station-service.
- Je t'ai demandé si tu avais envie plus tôt, lui répondis-je, agacée.
- Mais j'avais pas envie là.
- Adrien, soupirai-je. Ça presse?
Il hoche vigoureusement la tête. J'observe la route et les environs. Ils sont déserts. Je me gare sur le côté et ouvre sa portière.
- Vas-y, dis-je en désignant le fossé.
Il y va en sautillant. Je soupire et passe la main dans mes cheveux et me promets de ne plus arrêter à moins d'un problème majeur. Il finit et nous retournons dans l'habitacle. J'ouvre la radio, pour voir. Il y a des grognements et des cris. Shane sursaute, et je change de poste. Les chansons n'arrêtent pas de changer, et je m'imagine sans peine le zombie qui s'acharne sur la console. Je finis par fermer la radio et ouvre le lecteur CD. Je fouille dans le coffre à gants et trouve enfin le disque que je cherchais et insère l'album de Beastie Boys (Licensed To lll) dans le lecteur. Fight For Your Right se met à jouer. Je me mets à chanter à pleins poumons et mes frères ne tardent pas à se mettre à chanter avec moi.
On éclate de rire et j'accélère. Autant arriver le plus vite possible à Los Angeles, voir Nick et foutre le camp.
- Et c'est parti pour un road trip en enfer, soupirai-je.
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Apocalypse
Science FictionL'apocalypse. Un phénomène qui allait forcément arriver, mais personne ne soupçonnait les films de science-fiction d'avoir visé dans le mile. Seule différence : les zombis ne sont pas cons. Putain.