Prologue

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Tic…Tac…Tic…Tac

Les aiguilles tournent

Tic…Tac…Tic…Tac

Prises pour toujours

Tic…Tac…

N’aies pas peur

Tic…Tac…

Tu es l’un des leur

Tic… Tac…

Crois-tu aux démons?

À l’apparence merveilleuse et monstrueuse?

Tic…Tac 

Crois-tu à la mort?

Cette ingrate sans remord?

Tic…Tac…

Crois-tu à la vie?

Celle qui ne sourit plus?

N’aies pas peur…

Tu ne seras plus jamais seul

Tic….Tac….Tic…Tac…  

Encore elle. Alyce. Elle loge dans la treizième porte à gauche dans l’aile psychiatrique de l’hôpital. Coïncidence? Cela m’étonnerait. Je ne suis pas particulièrement croyante. En tant qu’infirmière, je me fie à la science. Je n’ai jamais rien vu qui ne pouvait pas s’expliquer. Mais une chose est sûre. La petite Alyce doit être maudite.

Ses parents nous l’ont ramené un soir d’orage. J’ignore pourquoi ils ne l’ont pas ramené plus tôt.  Alyce avait déjà fait trois tentatives de suicide et elle souffrait d’épisodes psychotiques graves et réguliers. Ils disaient qu’elle n’était plus connectée à leur monde, qu’elle ne parlait plus, ne dormait plus, ne mangeait plus. Les docteurs ont tout de suite conclus un cas avancé de schizophrénie.

Mais le temps a passé, les pilules aussi. Alyce semblait s’éloigner de plus en  plus de la voix de la guérison. Elle hallucinait sans cesse, elle hurlait, riait et dessinait des dessins étranges partout. Sur les murs, le sol, ses draps, ses bras… Combien de fois ai-je du lui rappeler que les feuilles de papier servent à cela? Soupir. Elle parle régulièrement de son meilleur ami, Aaron. Il s’est suicidé apparemment, mais Alyce ne veut pas le croire. La petite dit qu’elle lui parle encore, qu’il est toujours là. Je lui rappelle sans cesse qu’il est parti et ne reviendras jamais. Mais la petite est aussi très violente.  Dans ses accès de colère, elle essaie de nous frapper, de nous étrangler… Les psychologues et psychiatres ne savent plus quoi faire avec elle. J’avoue ne pas être plus avancée qu’eux.

Il pleuvait des cordes aujourd’hui. Je soupirai en pensant au trajet que j’allais devoir faire sous la plus après mon quart de travail. 18h. C’était l’heure de son souper. Autre soupir. J’avais tout sauf envie de rendre visite à cette dégénérée. Ce n’était pas mon genre  de détester un patient. Après tout, ce n’est pas leur faute. Mais Alyce semblait… heureuse dans sa maladie. Heureuse n’est peut-être pas le bon mot mais il n’y en pas d’autre.

J’attrape le plateau et  me force à sourire. Notre boulot d’infirmière, c’était de les rendre plus joyeux. Il fallait donc se montrer doux, joyeux et calme pour éviter de les effrayer. Même si je doute qu’il y a quoi que soit pour faire peur à cette gamine. Je pousse la porte marquée ‘’Psychiatrie’’ et parcours le long corridor avant d’arriver devant sa porte. Je cogne. ‘’Alyce? Je peux entrer?’’ Pas de réponse. J’hausse les épaules et pousse lentement la porte avec mon dos. 

Sweet InsanityOù les histoires vivent. Découvrez maintenant