Chapitre 1

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La porte de la cellule claqua, se refermant sur le jeune Mangemort.

Le jeune homme regarda alors autour de lui, avançant dans sa toute petite cellule. Quatre murs humides, un froid mordant à geler le sang dans les veines, et un simple sceau destiné, pensa-t-il, pour ses besoins naturels. De ce que l'on pourrait qualifier de fenêtre, qui n'était guère plus qu'une légère ouverture dans le mur, même pas assez large pour laisser passer un bras, il ne pouvait apercevoir que la mer, à perte de vue. Les vagues se déchainaient sur la bâtisse, faisant entrer de l'eau salée dans la cellule, gardant un climat humide, empêchant l'homme de se réchauffer. Même en fermant les yeux, il ne pouvait s'imaginer ailleurs qu'a Azkaban. La prison la plus effroyable du monde sorcier, perdue en pleine mer du Nord dont personne n'a jamais réussi à s'échapper. Plus loin dans les couloirs sales de cette prison, les hurlements et les lamentations des prisonniers se faisaient entendre.

Pourtant, l'homme laissa un sourire tordu naitre sur son visage, ses yeux fous devenant vagues. Il se perdit dans ses pensées. Il n'avait pas prévu d'être enfermé, il n'avait pas prévu que cet idiot et traitre de Karkaroff se mettrait à parler, à vomir et dénoncer certains Mangemort pour sauver son cul miteux. S'il ne l'avait pas fait, il n'aurait pas été inquiété pour la torture des Londubat. Avec un ricanement, il se mit à repenser à cette nuit-là.

En cette soirée d'été, tout était calme dans le petit quartier tranquille où résidaient Alice et Frank Londubat, ainsi que leur fils, Neville, âgé alors d'à peine un an. En face d'une petite maison somme toute banale, quatre formes encapuchonnées regardaient depuis l'autre côté de la rue. L'un d'eux retira sa capuche, révélant un visage juvénile, bien que mal rasé, et un regard déterminé. Le jeune homme regarda les fenêtres, s'assurant qu'il n'y ait pas un seul mouvement qui pourrait donner l'alerte. Ils étaient venus pour des réponses, et ils les auraient. Il se tourna vers ses compagnons, sentant que la voie était libre.

« Il est temps ! Allons voir ce que ces Auror auront à dire.»

Les autres retirèrent eux aussi leur capuche, un sourire sinistre sur le visage. Barty, Rabastan, Rodolphus et Bellatrix entrèrent dans la maison, faisant sauter sans bruit le verrou de la porte d'entrée. Bellatrix, de loin la plus douée en sortilège, insonorisa la maison, afin de ne pas être interrompu. Pendant que Barty et Bellatrix attendaient dans le salon, ce fut Rodolphus et Rabastan qui eurent la tache d'aller chercher le couple d'Aurors jusque dans leur lit et de les ramener. Ce fut une tâche très facile, le couple ne s'attendait pas avoir une telle visite et ne purent pas réagir à temps. Alice, ayant peur pour son enfant, qui dormait encore paisiblement dans sa chambre, leva les yeux vers les quatre Mangemort, se tenant devant eux alors que son mari et elle-même étaient installés à genoux, les mains liées dans le dos.

« Qu'est-ce que vous voulez ? Nous ne savons rien, et nous ne vous dirons rien ! »

Barty se mit à ricaner, amusé de la situation.

« C'est qu'elle en a du vocabulaire la traitresse à son sang... Quel gâchis ! Tu es maintenant à ta juste place salope ! »

Il sentit une main douce, mais ferme s'emparer de son épaule, et en tournant la tête, il observa Bellatrix river les yeux sur la jeune femme. Il savait qu'il ne fallait pas s'attirer les foudres de Madame Lestrange, et c'est exactement ce que venait de faire la malheureuse femme. Il la regardait alors avancer vers elle et la gifler durement, ne se servant pas de la magie pour le moment. Franck, la peur au ventre, hurla de la laisser tranquille, ce qui lui valut un Doloris de la part de Barty.

« Bien. Maintenant, ne me faites pas répéter ! Où est le seigneur des ténèbres ? » Demanda Rodolphus, qui voulait en finir au plus vite et rentrer.

Franck, le souffle court, le regardait, sans vraiment comprendre.

« Il est mort ! Vous devriez le savoir pourtant. Cet enfant l'a tué, il s'est pris à son propre piège et... »

Il n'a pas eu le temps de finir, qu'un Doloris lancé cette fois par Bellatrix lui coupa le souffle. À tour de rôle, mari et femme se tortillaient et hurlaient sous la souffrance ignoble de ce sort. Si Rabastan et Rodolphus restaient un peu en retrait, les deux autres Mangemorts s'en donnaient à cœur joie.

À chaque fois, la même question fut posée, inlassablement.

À chaque fois, la même réponse leur fut donnée.

À chaque fois, la même torture continuait sous les ricanements dérangés des deux Mangemorts.

À force de se secouer dans tous les sens, Alice en eu les épaules déboitée, alors que Frank se cognait constamment la tête par terre, finissant par laisser des traces de sang sur le parquet poli de la pièce.

Des pleurs de bébé se firent entendre alors, détournant l'attention des sorciers. Barty s'approcha d'Alice, l'attrapa par les cheveux et lui releva la tête, l'obligeant à lui rendre son regard.

« C'est ton fils qu'on entend ? Ton chiard nous casse les oreilles...mais puisque ta langue n'a pas l'air de se délier, peut être que l'on pourrait un peu s'amuser avec lui sous tes yeux ? Qu'est-ce que tu en penses ? Peut-être que la réponse à nos questions se trouve dans ses boyaux... Qu'est-ce qu'il se passera si j'ouvrais en deux ton enfant chéri ? Je t'obligerai à boire son sang souillé par ta traitrise, qu'en penses-tu ? »

Il la lâcha violemment, dégouté par ses sanglots et son sang qui goutait de son nez.

« Rabastan, tu devrais peut être aller chercher l'enfant, je me sens d'humeur joueur ! »

« Mais nous ne savons rien ! Je vous le jure ! Cet homme a disparu, nous ne pouvons pas expliquer plus que vous ce qui s'est passé ! laissez mon fils, ce n'est qu'un enfant je vous en supplie ! » Implora la mère.

Mais les Mangemorts ne voulurent rien savoir. S'ils n'allèrent finalement pas chercher l'enfant, ils continuèrent tout de même, plus par colère qu'autre chose, leur torture sur le couple. Ils n'obtiendraient aucune information, c'était clair pour eux à présent, mais par vengeance, ils continuèrent jusqu'à leur faire perdre irrémédiablement la raison. Jusqu'à les laisser dans un état végétatif dont ni Alice ni Franck ne pourront jamais sortir.

« LES AURORS ! » Hurla Rodolphus tout en attrapant sa femme, qui continuait de s'acharner sur le couple, dans un acte de folie pure.

Ce qui se passa ensuite, fut un flou de tir de sort et de cris. Barty réussit à s'enfuir dans la confusion, alors que les trois autres tombaient sous le nombre impressionnant d'Auror présent. Cette nuit-là, il s'était demandé, chez lui, si quelqu'un allait venir l'arrêter. Mais les jours passèrent, et il ne fut aucunement inquiété. Il comprit alors que personne ne sut jamais rien de sa participation à la torture des deux Aurors. Et cela aurait continué si son nom n'était pas sorti durant le procès de Karkarof. Si son père n'avait pas choisit suite a ça de le renier.

Revenant au présent, il éclata de rire. Un rire dément, qui trahissait son esprit déjà ravagé par la folie. Il s'assit par terre et s'arrêta net de rire. Une forme cauchemardesque, le visage caché sous un grand linge déchiré, sans yeux s'était invitée dans sa cellule. Il devrait à présent composer avec les geôliers de l'endroit, les détraqueurs. Il tomba à terre, le dos contre le sol froid, se faisant aspirer le moindre de ses souvenirs heureux, ayant l'impression de mourir sous un bloc de glace. Il n'y avait aucun espoir en lui quand la créature sortit pour aller tourmenter un autre prisonnier. Il se tourna sur le côté, avec la conviction de sortir bientôt. Son maitre reviendra. Cela prendra le temps qu'il faudra, mais il viendra tous les libérer, eux, les vrais partisans. Ceux qui n'ont pas courbé l'échine par lâcheté ni tourné le dos à leur cause. Ce n'était pas de l'espoir, mais une conviction profonde.

Avec un sourire vicieux sur les lèvres, il ferma les yeux, et entama sa longue attente.


Satisfaction MacabreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant