Меня зовут

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Quand un matin elle se réveille dans une chambre qu'elle connait mais qui lui semble inconnue, là, cette pièce ensevelie par la poussière. Cette poussière qui vole devant ses yeux. Ses yeux qui se ferment et s'ouvrent encore et encore pour leurs laisser le temps de s'habituer aux fins rayons de soleil orange qui transpercent le vieux rideau bleu décoloré. Un état de léthargie où elle ne voit que cette poussière, à tel point qu'elle finit par se sentir poussière. Et quand elle pense qu'elle peut s'envoler et rejoindre ses consoeurs son corps se rappelle qu'elle n'est pas une ou plusieurs poussières. Elle est tellement lourde alors elle se dit qu'en fait elle est surement plus un sommier, aussi lourd et encombrant. Elle a l'impression que c'est elle qui porte le matelas et pas l'inverse. La poussière qui vole toujours est magnifique surtout sous le soleil chaleureux mais elle la jalouse tellement qu'elle s'en détourne et alors elle présente son dos au faisceaux de lumières orange. Elle a du mal à respirer. L'air est poussières.

C'est dans un geste qui lui semble le plus compliqué du monde qu'elle se redresse. Et c'est si lent qu'elle a le temps de replacer ses vertèbres une à une, chaque cellules, que chaque organes s'emboitent comme il le faut. Un premier pied se pose sur le parquet qui grince à peine il se fait effleurer. Le deuxième arrive et vient caresser son jumeau asymétrique. Elle regarde, sans vraiment y faire attention, ses pieds qui s'enlacent. Elle est plus attirée par la poussière qui jonche le sol. Elle remarque les traces de ses pieds qui marquent la poussière comme dans la neige. Elle voit celles de la veille qui démarrent à la porte de sortie de cette chambre et se dirigent vers là où elle se trouve, le lit. Comme si quelqu'un était venue lui rendre visite cette nuit. Mais non, ce sont ses pieds.

La porte de cette chambre se trouve dans le coin à droite du mur qui est en face d'elle. Devant ce mur à gauche de cette porte du coin se trouve le bureau en bois d'une autre génération et sa vieille chaise qui grince autant que le reste. Le bazar de fournitures est encore présent sur le bureau ensevelit sous la poussière. Le bazar de blousons et de chemises recouvert de poussière comme s'il était resté sous la neige alourdit le dossier de cette chaise.
Sur le mur à sa gauche un fauteuil qui semble plus confortable que la chaise de bureau, il était bleu maintenant il est bleu grisâtre. Ce fauteuil doit servir à la bibliothèque qui l'accompagne sur ce mur. Bibliothèque blindé de romans, de livres de voyage, d'histoire, de géographie principalement sur la Russie et de botanique. Et puis des livres sur le sujet de la sexualité, les genres et tout ce qui l'enveloppe qui semblent plus ressent dans leurs usages, rangés à la va vite mais toujours sous cette couche de poussière.
Devant le mur à sa droite il y a encore un vieux meuble. Une grande armoire en bois rustique que l'on n'ose pas ouvrir, par peur que les portes ne tombent, que les vêtements qui l'habitent se désintègrent, qu'un fantôme s'échappe tel une odeur que l'on veut garder précieusement.
Et puis le lit. Collé à l'armoire du mur de droite, coller au mur dans son dos qui porte la fenêtre. Dans l'angle qui lie ses deux murs. Un lit d'une place dont l'odeur rappelle que les drap n'ont pas étaient changé depuis bien trop longtemps. Un lit qui s'associe parfaitement aux autres meubles en bois qui dominent cette chambre poussiéreuse qui grince.
Les murs eux ne s'assemblent pas, un bleu, un jaune, un vert et un sans couleur. Il n'y a pas d'explication à y trouver. Tout comme les photos, les cartes postales sans textes juste achetées parce qu'elles sont jolies et les photos d'ami(e)s, de famille, du passé de chacun et surtout d'eux, d'elle et de lui. Un espace rien que pour elle.

Le lit sous la fenêtre. La fenêtre cachée par un rideau bleu délavé. Le rideau qui laisse passé la lumière du soleil levant d'été. Ce soleil qui expose la poussière dans cette pièce et la domine complètement. Tout est si lourd.

_ ***** tu es réveillée ?

Son prénom elle ne l'entend pas. Depuis longtemps. Ou récemment. Elle ne sais pas trop. Surement juste aujourd'hui. Oui juste aujourd'hui.
C'est sa mère qui l'appelle du bas de l'escalier.

Menya ZovutOù les histoires vivent. Découvrez maintenant