Prisme

Quand les cerisiers fanent

Je m'appelle Eden et j'aime les cerisiers. Présentation qui ne vend pas du rêve n'est-ce pas ? Qu'aurais-je d'autre à ajouter ? Ma vie ne se résume qu'à les observer et les dessiner durant mes longues heures de cours, enfin quand j'en ai la possibi-

"Eden !"

Une voix criant mon nom me sort totalement de mes pensées et je vois accourir vers moi une touffe de cheveux rose, rose... aussi rose que les cerisiers... Il se plante devant moi d'un air faussement énervé.

"Tu prêtes attention à ton téléphone par moments ?" il me demande en croisant les bras.

Je hausse un sourcil face à sa remarque, puis je sors mon téléphone, une dizaine d'appels manqués, oh seigneur... vraiment un cas ce type.

"Je n'avais pas vu." je réponds juste alors qu'il affiche une moue qui me fait détourner le regard. Arrête de me regarder comme ça, imbécile... Ayant du mal à lui tenir tête, surtout avec ce visage adorable, je relève mon bras posant ma main sur le dessus de sa tête ébouriffant ses cheveux au passage. Il se pousse un peu sur le côté me regardant de haut avant de rire.

"Regardes-toi, à devoir lever ton bras pour atteindre ma tête."

Je lève mon regard vers lui avant de partir sans le prévenir, il crie mon nom avant de courir pour me rattraper, il arrive à attraper ma main au passage et la sert fort, je baisse la tête. Il est si tactile et je ne suis pas habitué à ça. J'attrape le piercing qui est sur ma lèvre entre mes dents en essayant de penser à autre chose que sa main chaude et réconfortante dans la mienne. Je souffle doucement et relève la tête apercevant les cerisiers se trouvant dans la cour du lycée, je m'arrête, encore une fois sans prévenir. Il s'arrête sans râler, c'est si rare d'ailleurs, et il me regarde avant de lever lui aussi son regard vers le cerisier; le plus grand de notre école, j'aime passer mon temps assis en dessous du grand arbre quand je décide de sécher mes cours. Je regarde ensuite l'énergumène à mes côtés avant de me rapprocher de lui.

"Je n'ai pas tellement envie d'aller en cours..." je dis doucement espérant que cet idiot comprenne où je veux en venir.

"Moh, le silencieux et mystérieux Eden veut passer du temps avec moi."

Il n'avait pas lâché ma main depuis le début, je la lâche donc avant de me diriger vers le grand cerisier, je l'entends soupirer, mais il finit par me suivre. J'arrive devant et je laisse mon corps s'écrouler au sol un long bâillement sortant de ma bouche.

"Tu n'as pas encore dormi cette nuit, hein?"

"2 heures à peu près..." je réponds simplement.

"Eden... tu devrais prendre soin de toi.." il me dit en me regardant avec un air de chien abattu.

"Je vais très bien, ne t'inquiète pas pour moi."

Il soupire et soudainement il me pince la côte droite, je me relève soudainement, lâchant un cri quelque peu humiliant au passage. Il se met à exploser de rire, se moquant clairement de ma réaction. Pour une fois je ne me sens pas énervé, ni vexé. Je regarde son visage riant, ses yeux brillants de joie et je me retrouve à sourire, tel un idiot. Si j'osais dire que je ne le trouvais terriblement adorable comme ça je serais sûrement l'un des plus grands menteurs qui auraient foulé cette terre. Il finit par s'arrêter, et me regarde toujours avec son légendaire sourire qui ne le quitte jamais. Je laisse mon corps bouger de lui-même et je passe ma main dans ses cheveux en admirant leur couleur, aussi rose que les cerisiers. Je le vois baisser la tête ses joues teintées d'une légère teinte rougeâtre.