Chapitre 1

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Le bruit de ses talons se faisait entendre sur le sol carrelé du couloir. Tout le monde pouvait l'entendre avancer, mais il avait l'impression que seules ses oreilles distinguaient ce son singulier. Son corps frissonnait et ses yeux se tournaient à chaque fois que son nez sentait son parfum. Elle même tournait ses pupilles vers lui, comme si elle avait remarqué que ses sens étaient en éveil quand elle traversait l'allée. Sa main referma son casier après avoir sorti un unique cahier puis il se tourna face à elle, le dos contre le métal froid. Il avait un sourire peu apparent mais il était bien là. Elle, il se voyait. Il brillait. Elle l'avait toujours aux lèvres. Ses lèvres pulpeuses, carminées de son merveilleux rouge à lèvres, qui le rendait fou. Elle avait cette manière de l'ignorer après un regard qui le mettait hors de lui. Mais ça, seul lui le savait.

Il serra le cahier pour contenir sa colère. Il ne savait pas pourquoi il était aussi concentré quand il la regardait. Il ne ressentait rien de particulier pourtant. Il avait juste cette lèvre qu'il mordait à chaque fois que leurs regards se croisaient. Il soupira avant de la suivre. Non pas pour lui parler, mais simplement parce qu'elle était dans sa classe. Ils ne se parlaient que très peu. Il savait comment elle s'appelait, comment sonnait sa voix, quelle personnalité elle montrait à son entourage et qui le partageait. Il savait que cette jeune femme dans sa classe de terminale avait sauté une classe. Elle avait un an de moins mais elle était bien plus intelligente que lui. Elle avait un air tellement adulte et sûre d'elle surtout quand elle s'exprimait devant la classe.

Il adorait sa manière de parler, de sourire, ses mimiques et ses manières de marcher. Surtout sa manière de marcher. Elle porte souvent des robes courtes, des shorts ou des robes pull en hiver avec de fins collants. Elle avait un style propre à elle, qui la rendait plus mature, adulte et divinement belle. Elle était belle. Il l'admettait. Il ne pouvait pas s'empêcher de se dire qu'elle avait un truc en plus qui faisait qu'il ne pouvait pas éviter de la regarder. Elle avait une aura différente des autres. Il se tenait toujours loin d'elle. Surement n'avait-elle pas remarqué sa présence dans le fond de la salle. Du moins, c'était l'impression qu'il avait. Il ne l'espionnait pas. Simplement, il la voyait. Son regard la suivait. Et quand il le remarquait, il ricanait et jouait avec un stylo pour penser à autre chose.

Elle, pourtant, savait qui il était. Elle passait souvent ses yeux sur ses cheveux mi longs qui la fascinaient. Sur ses yeux éclatants aussi. Elle le trouvait charmant, mystérieux, mais ne le remarquait pas plus que ça. Il était là, dans le fond, à ignorer ses signaux. Elle ne souhaitait pas le connaître. Son prénom suffisait. Elle avait atteint la porte du premier cours. Ils étaient étrangement presque seuls. Il y avait uniquement un jeune homme qu'ils ne connaissaient pas trop, planté contre la porte. Elle soupira d'épuisement, et se mit à regarder son écran de téléphone. Elle se mordait la lèvre. Elle ne faisait aucun son. Et pourtant, il avait l'impression qu'elle était affreusement bruyante. Il prit un chewing-gum de son sac et le mit dans sa bouche. Il commença a le macher sans faire attention à l'agacement de la jeune femme qui montait de plus en plus. Elle releva alors la tête.

- Excuse-moi ?

Il l'avait entendue. Il dodelina de la tête en regardant tout autour d'elle avant de sourire en coin, un de ses sourcils haussé. Il lui fit uniquement un signe de tête. Ce qui lui fit mordre l'intérieur de sa joue et froncer les sourcils.

- Andrew ? Andrew Madson ?

Il mima une expression étonnée.

- Tu connais mon nom de famille ?
- On est dans la même classe. Et je suis déléguée.
- Ah oui c'est vrai, excusez moi Lyna Arnold.

Elle paraissait outrée. Mais elle soupira à nouveau pour se calmer. Il avait l'air satisfait. Elle était déjà épuisée par cet homme. Et pourtant, elle ne pouvait pas s'empêcher de lui parler. Ne serait-ce que pour lui reprocher ses bruits insupportables. Mais comme elle ne disait rien il ricana en regardant ailleurs avant de planter ses pupilles dans les siennes d'un air sérieux.

- Bon ? Qu'est-ce qu'il y a Mademoiselle Arnold ? Un problème avec mon prénom peut-être ?

A last night aliveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant