L'évadé

L'évadé (partie inventée)

Ils l'avaient surpris, ils l'avaient repéré. Il n'avait pas à être ici et pourtant il était là. Six mois qu'il était ici pour fuir son pays, pour fuir la guerre mais surtout pour fuir l'indifférence de sa ville natale. Il ne supportait plus le regard des autres, leur pitié et leur mépris. Chaque jour, le poids de ces critiques s'abattaient sur lui comme s'abat une lame de couteau sur la gorge d'un animal à l'abattoir. Ilse sentait inutile : le seul homme à ne pas être allé à la guerre pour défendre sa patrie à cause d'une ancienne blessure. Alors il avait fui, il avait risqué sa vie sur des bateaux pneumatiques, il avait attendu des jours et des jours voguant dans la mer capricieuse pour enfin atteindre ce petit bout de terre, ce petit bout de paradis et d'espoir. Et voilà que maintenant ils le pourchassaient et voulaient le tuer. La lame s'enfonça plus forts dans son âme ; tous ces efforts pour en arriver là, tous ces efforts pour seulement vivre un cauchemar. La vie ici n'était guère mieux que là-bas :lutter chaque jour contre la faim, le froid, se cacher aux yeux des autres et finalement survivre. Survivre comme il faisait là-bas, survivre ce qu'il savait faire de mieux, survivre comme depuis sa naissance et surtout ne jamais s'arrêter de survivre. Mais ce jour fatal était arrivé, il avait baissé sa vigilance et on l'avait dénoncé en tant que sans-papier, en tant que dangereux pour cepays. Alors la prison fut sa nouvelle maison et survivre était toujours le mot d'ordre ; mais il ne pouvait pas renoncer à sa liberté. Cette liberté pour laquelle il avait tout abandonné dans son pays d'origine, cette liberté qui le rendait vivant. Alors il s'était de nouveau enfui, enfui de ces murs qui le retenaient prisonnier. Au moment où la sirène commença à chanter, il a sur que c'était la fin, le début de la fin malheureusement. Ils l'avaient repéré alors il avaient couru....