Chapitre 8

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Nous arrivons à l'appartement dans une ambiance glaciale.

Nate était assis sur le canapé en cuir blanc qui dominait le salon avec sa forme en U. Seule les couleurs de l'écran plat et les lumières de la ville l'éclairent dans cette pièce plongée dans l'obscurité malgré ses murs blancs. Les teintes des pièces de l'appartement que j'ai pu voir sont dans les tons blancs et beiges. C'est un total contraste avec les tenues sombres qu'Ange porte.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Nous demanda Nate en faisant volte face lorsqu'il entendit le bruit de la porte se fermer.

- Insomnie. Réponds-je.

Ange prit directement le chemin de sa chambre sans adresser un mot à son ami.

- Il n'a pas été trop insupportable. Me demande-t-il tandis que je prenais également le chemin de "ma" chambre.

- Étrangement, non. Il était de bonne humeur, jusqu'à ton appel. Rétorquai-je.

- Ange ? De bonne humeur ?

- Aussi surprenant que ça puisse l'être. Il m'a parlé de ses parents. Dis-je en changeant de direction et m'approchant du canapé.

Nate reste bouche bée face à ma révélation. À sa tête, je compris que ce n'était plus une tacenda. Ange est sorti de son silence ce soir pour je ne sais quelle raison, mais malheureusement, ce fut de trop courte durée à mon goût.

- Ses parents sont un sujet sensible, se rappeler d'eux est toujours compliqué. Même si le deuil est fait et qu'il a appris à vivre avec, cela lui rappelle tout l'enfer qu'il a vécu depuis leurs décès. M'avoua-t-il.

- Pourtant, il me parlait de ses parents avec des étoiles dans les yeux, il n'avait pas l'air triste mais plutôt heureux de parler d'eux. C'est vraiment à ton appel qu'il est redevenu comme celui qu'il est habituellement. Expliquai-je.

- Alors, je sais pourquoi il a réagi comme ça. Ange ne s'avoue pas toujours les choses mais je le connais. Une fois qu'on le comprend, on peut le lire en lui comme dans un livre ouvert.

- Vous vous connaissez depuis combien de temps ? Demandai-je afin d'apprendre à connaître un peu mieux leur relation.

- Depuis qu'on a l'âge de huit ans. On vivait dans le même quartier, ma grand-mère n'était pas aussi riche. Elle ne pouvait pas se permettre de vivre dans les quartiers riches de Seattle. Skylor et Kurt aimaient le calme et la simplicité des quartiers comme celui où je vivais et ont donc décidé d'acheter une maison dans l'un d'eux, et par chance, le mien. Un jour, ma grand-mère a invité Skylor à prendre le thé chez nous. C'était vraiment une femme formidable. Elle était toujours propre sur elle et habillée de manière classe mais simple.

Nate s'extasie en racontant ce souvenir. Il ne cesse d'avoir ce sourire présent sur le visage.

- Lorsqu'elle est rentrée dans notre maison, je longeais les murs pour me cacher. Ma timidité était beaucoup trop présente pour dire bonjour à cette dame qui m'était inconnue. Ma grand-mère m'a présenté à ma place. Elle avait répondu que son fils avait le même âge que moi et que je devrais l'inviter à mon tour à venir. La seule indication qu'elle m'a donnée pour le retrouver était le vélo rouge sur lequel Ange s'amusait à faire le tour du quartier.

- Je vois bien le petit Ange pédaler sur son vélo rouge. Riais-je. Maintenant, il est plus moto que vélo.

- En effet, il a changé le gabarit de son véhicule. Riait-il à son tour.

Il reprend le cours de son récit tandis que j'imagine Ange sur son vélo et Nate en petit garçon tout timide.

- J'ai donc été le chercher à reculons. Je n'étais pas très sociable et renfermé sur moi-même. Je le voyais en face de sa maison sur son adorable petit vélo. La seule phrase que j'ai pu sortir était: "C'est toi le garçon qui a un vélo rouge". Ange avait déjà ses répliques bien à lui et m'a répondu: "Bah oui. Tu vois pas que je suis dessus". Et voilà comment a été créé treize ans d'amitié. Enfin, plutôt treize ans de fraternité.

Ange IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant