Il faisait nuit noire. Là, se découpant dans la lumière clignotante d'un lampadaire, une silhouette noire attendait. Un homme. À chaque fois que la lumière se rallumait, son visage creusé par la fatigue apparaissait. Son regard étincelait de cet étrange mélange de mélancolie et de douleur qu'on ne pouvait comprendre. Il paraissait pitoyable, presque ridicule malgré pourtant, son élégant costume noir et blanc impeccable. Sa bouche s'entrouvrait parfois vaguement, puis ses lèvres se liaient à nouveau l'une à l'autre et le silence demeurait seul maître.
Doucement, il fit un pas en avant disparaissant dans la zone obscure où la lumière ne pouvait plus le rejoindre. Son regard restait braqué devant lui, figé sur un point invisible sur le bitume clair qui composait le sol. Et doucement, il s'agenouilla finalement, effleurant la surface dure du bout des doigts. Un frisson le parcourut, son front se plissa. Là, dans sa poitrine, son coeur se serrait un peu plus à chaque instant. Lui, le chef fier, ne pouvait plus lutter contre cette étrange douleur qui s'emparait de lui.
Alors délicatement, il s'assit et tira hors de sa poche le bout de papier replié qui jusque là n'avait fait que le gêner dans ses mouvements. Il l'observa, hésitant. Ses doigts tremblaient légèrement et finalement, il déplia doucement la lettre laissant les tâches de l'encre des mots apparaître. Puis il sortit son téléphone et braqua la lampe torche de l'appareil vers le papier. Enfin, lentement, il prit une grande inspiration et laissa ses yeux se perdre entre ces lignes qu'il connaissait déjà par coeur.
" Bonjour Miguel, ou devrais-je dire chef,
C'est étrange de t'écrire après tout ce temps. C'est un peu terrifiant aussi je dois bien le reconnaître... Il s'est passé tellement de chose depuis ce jour à l'aéroport. Je pense déjà que le simple faite que j'ai survécu à cette balle sera une bonne surprise. Mais rassure toi, si tu reçois cette lettre, enfin ce testament, c'est que je serais définitivement morte.
Je me suis toujours demandée si tu avais regretté d'avoir pressé la détente ce jour-là mais j'ai beau essayer de me convaincre que oui, je n'oublie par ce regard que tu as eu alors que tu croyais pouvoir m'ôter la vie. J'ai eu peur, je me suis sentie trahie mais après tout aux yeux de tout le monde je méritais bien de mourir. Je suis une traitresse à tes yeux, parce que j'aime Smoke, parce que je ne disais pas tout. Et je reconnais mes erreurs maintenant. J'ai fais des fautes, je t'ai menti à toi et à la Mano et à l'époque je ne le comprenais pas aussi bien que maintenant. Mais j'ai grandis, je ne suis plus cette Charlie que tu as abattue à l'aéroport, et Smoke n'est plus l'homme que tu détestais tant. Je regrette par moment que l'on est pas pu se revoir une fois. Même si je crois que tu aurais terminé le travail si ça avait été le cas.
Enfin, j'avais envie de te dédier mon testament. Tom sait déjà tout ce que je pourrais lui dire. Et je dois reconnaître qu'au fond j'essaye de me convaincre que peut-être, tu pourras apaiser ta haine à mon égard. Personnellement, j'ai eu beau essayer toute ma vie, chaque jours de te détester, je n'y suis jamais parvenu réellement. Peur de toi, oui. J'ai eu et j'ai toujours peur de toi. Mais je n'arrive pas à te détester. On ne peut pas faire disparaître les sentiments qui unissent une fille à son père après tout non ? Mon vrai père a toujours été ignoble, injuste... C'était un monstre qui m'a précipité dans un monde de violence dès mon plus jeune âge. Et ma mère n'a jamais rien pu y faire. Alors quand je t'ai rencontré et que tu m'as tendu cette main en t'engageant à m'apprendre les lois de ton monde, je n'ai éprouvé qu'une profonde gratitude que je te dois encore. Tu as été un pseudo père... Une épaule sur laquelle je m'appuyais et une épaule en qui j'ai cru. Finalement j'aurais réussi à retrouver Camille sans ton aide... Même si aujourd'hui je regrette de l'avoir revu. Elle ne ressemble plus en rien à cette soeur dont je t'avais parlé.
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Ink
Fanfiction"Parfois on commet des crimes pour pouvoir assurer la vie des autres ou simplement la nôtre. Des crimes qui nous hantent chaque jours un peu plus, qui nous poursuivent dans nos cauchemars au coeur de la nuit. Parfois ce ne sont que des crimes qui se...