Chapitre 1

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Mon cœur battait si vite que j'eus l'impression qu'il allait littéralement sortir de ma poitrine. Je courrais à toute allure dans les rues de No Hope City.

J'aurai pas du volé ce portefeuille? J'crois que j'ai fait une connerie ! Le gars avait l'air vraiment louche, je sais même pas si il s'en est rendu compte...

J'avais repéré ma proie sur le boulevard principal, où se trouvaient tous les bars et boîtes de la ville. La nuit tombée, c'était un des coins les plus mal famés de No Hope City, mais de toute manière, une fois la ville plongée dans l'obscurité, vous n'étiez en sureté nulle part, la loi du plus fort régnait en maître dans les rues.

Une ville perdue au milieu du désert, l'unique territoire que le gouvernement américain avait cédé aux créatures surnaturelles depuis plus d'un demi-siècle. A No Hope City, le temps s'était arrêté. La ville vivait en totale autarcie, en dehors du reste du monde. Elle subsistait de sa propre économie, l'argent provenant majoritairement de différents trafiques. Drogues, armes, prostitutions, aucun vice n'était épargné dans cette ville infernale. L'ordre entre les différentes espèces y était maintenu grâce à des lois et une police propre à No Hope City. Chaque espèce possédait ses propres droits, selon sa hiérarchisation. Des espèces étaient plus puissantes que d'autres. Il y avait des loups-garous, des sorcières, des fantômes, des gobelins, des créatures mythologiques venues du monde entier mais l'espèce qui dominait majoritairement la ville était celles des vampires.

Ils contrôlaient le monde de la nuit de No Hope City et même une partie de la police, celle-ci étant facilement corruptible. La crainte qu'inspirait les vampires faisait l'unanimité dans toute la ville. Ils s'étaient rapidement démarqués des autres par leur organisation au sein de leur communauté, leur sens impitoyable du commerce et bien évidemment par leur cruauté sanguinaire. Malheur à celui qui se frottait à un vampire, nul n'ignorait qu'il lui resterait peu de temps à vivre. J'en avais évidemment bien conscience, étant humain, je représentais une merveilleuse confiserie pour ces créatures. A No Hope City, les hommes étaient tout en bas de la chaîne alimentaire.

Oui, il y avait des êtres humains à No Hope City mais peu, si peu que le gouvernement devait régulièrement en fournir. Un traité avait été signé avec le maire de la ville : celui-ci s'engageait à maintenir ces créatures loin du monde des Hommes si un quota d'être humain leurs était fourni. Une fois par mois des bus remplis de condamnés à mort livraient les malheureux qui étaient par la suite vendus sur le marché. (Le maire contrôlait sa population d'une main de fer, mais il arrivait fréquemment que les soirs de pleines lunes des êtres humains disparaissent dans les villages avoisinant).
En dehors de ceux qui étaient livrés par l'état, les autres provenaient de kidnappings et les moins chanceux s'étaient tout simplement égarés dans le désert avant d'être saisis par un réseau. La majorité de mes congénères qui circulaient dans la ville n'étaient donc que des esclaves. Soit ils étaient destinés au marché de chair et de sang, soit ils étaient exploités. Une minuscule poignée de privilégiés parvenait à survivre à No Hope City en étant libre, et j'en faisais parti. Les êtres humains libres étaient facilement reconnaissables, ils étaient les seuls à ne pas avoir de collier. Dès lors qu'un être humain devenait la propriété d'une créature, il devait obligatoirement porter un collier métallique. Ce système permettait d'éviter des conflits, il était formellement interdit pour un habitant de la ville de toucher le bien d'un autre.

Je vivais dans cet enfer depuis deux semaines mais j'avais l'impression d'y être depuis des années. Chaque jour étant un combat pour ma liberté, je n'avais jamais la certitude de survivre au lendemain. Une fugue à mes dix-sept ans, une déchirure familiale et une succession de mauvaises rencontres ont suffi pour me faire atterrir dans ce trou à rat.

Depuis, je survivais tant bien que mal. Je volais tout ce que je pouvais, dans les magasins, le métro, les supermarchés et même dans la rue. J'avais malgré tout réussi à trouver un endroit où dormir la nuit. Parker, un humain comme moi, m'avait accueilli chez lui dès mon arrivée. Il m'hébergeait clandestinement dans son tout petit studio, il vivait dans un immeuble délabré sur le boulevard, c'était là que trainaient les gosses des rues encore libres et les prostitués dont il faisait parti. Les êtres humains étaient prisés pour leur viande mais aussi leurs prouesses sexuelles.

J'étais appuyé contre un mur avec ma bande quand je le vis sortir d'une boîte. C'était une des boîtes à la pire réputation de la ville, le Wonderland. La légende racontait que lorsque vous y entriez, vous n'aviez qu'une chance sur deux d'en sortir vivant.

Je pris une inspiration et jetai la cigarette que je fumais avant de traverser la rue à grand pas. Je n'aimais pas ce que je m'apprêtais à faire. J'évitais toujours de voler directement une personne même si j'étais plutôt doué pour faire les poches. Il y avait beaucoup de trop de risques et puis, je ne savais jamais sur qui j'allai tomber.

STREET BOYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant