Aujourd'hui, mercredi vingt-cinq mai, est le jour de mon rendez-vous hebdomadaire chez le psychiatre. Ce sont toujours les mêmes questions bateaux. Je ne me prononce pas là-dessus, il n'y a pas meilleure phrase explicitée. Ce n'est qu'illusoire, mais je pense réellement aller mieux. La douleur est une chose très mesquine, elle peut nous faire croire ce qu'on veut, pas ce qui est réel. Je souffre d'hypersensibilité sévère, ce qui amène à une dépression d'un stade très avancé. La douleur a quelque chose d'addictif et je peine à m'en défaire. Cela fait bientôt six ans, depuis cette nuit-là.
Je rentre chez moi avec des pieds de plomb, les antidépresseurs qu'il m'a prescrit sont encore plus forts que ceux de la dernière fois. Ce n'est pas comme ça que je voulais vivre, je me sens juste comme spectatrice de ma vie et une endormie de première. J'ai pleuré, pour la première fois depuis des mois. Mon corps tout entier est impacté. Je tremble, j'hurle de douleur. Je suis vivante, bel et bien vivante. C'est fini le sarcasme. J'essuie mes larmes, j'ouvre la portière de ma voiture et me dirige vers la porte de ma grande maison. Comme à leur habitude, mes parents ne sont pas là. De toute manière, qu'ils soient là ou pas, cela n'aurait rien changé. Ils sont toujours en déplacement, je me demande d'ailleurs pourquoi avaient-ils fait une fille si ce n'était pas pour s'en occuper ? L'amour qu'est mon chat, Dita, vient me dire bonjour. Sa marche est gracieuse, on n'oserait pas marcher sur une flaque d'eau à côté d'elle. Dita pour Aphrodite, elle représente toute la beauté du monde, tout l'amour que je lui donne. Un chat noir avec des taches blanches, dans son cou, sur son petit nez et sur son ventre qui n'est pas si épais. Ce n'est plus un chaton, mais étonnamment elle n'est pas grande de taille pour un chat adulte. Je lui mets à manger et prépare également mon souper. Je ne suis pas d'une grande taille, je n'ai pas dépassé le mètre soixante, mais au moins je l'ai atteint. Peut-être est-ce pour ça que mon chat n'est pas grand, lui non plus ? Je prends mes aliments avec difficultés, je dois monter sur une chaise qui ne m'aide pas tant que ça, en vérité. J'ai quand même réussi, je ne suis pas de ceux qui abandonne.
À dix-neuf heures, je finis de manger. Je lave la vaisselle, je range et ensuite, je dois me mettre à étudier. Avant ma rentrée universitaire, j'entrepris une formation dans l'évènementiel. C'est une de mes vocations, je veux réellement être dans un business qui soit mien. Mon évaluation finale se rapproche de plus en plus, je ne dois pas me rater. Je ne supporte pas l'échec, il est inconcevable pour moi d'échouer. Je dois réussir, tout le temps et quoi qu'il en coûte. La seule que j'ai raté, c'est ma santé mentale. J'étudie pendant deux heures et après, il est temps pour moi de dormir. Je mets un film, un dessin animé la plupart du temps. J'aime regarder ce genre de choses, ça me rassure et me permet d'être dans un concon agréable. Ensuite, je prends mes antidépresseurs et mon sommeil ne tarde pas.
Comme chaque matin, Dita me réveille. Elle miaule, se frotte à moi dans le but de manger. Pourquoi avoir besoin d'un réveil quand on a Dita ? Je me dépêche donc à lui donner à manger. Cela m'a valu un bleu sur le fessier et certainement dans le dos, étant donné que j'ai déambulé dans les escaliers. Ce n'est pas agréable, mais je n'ai pas d'allure, je suis très maladroite. Je ne peux m'en prendre qu'à moi-même. Je déjeune un shaker. Étant sportive et voulant perdre le petit ventre que j'ai, je mange assez sainement et je prends beaucoup soin de ma santé. Courir, pour moi c'est une des meilleures choses, ça m'aide à décompresser, me vide de toutes mes pensées. C'est le vide absolu dans ma tête durant cette heure. C'est apaisant, le calme, ne plus s'entendre réfléchir ou penser. J'ai beaucoup transpiré, tellement qu'on peut utiliser le gras de mes cheveux, pour l'huile à friteuse. Les laver est une délivrance. Mes cheveux ont une couleur similaire à l'or, ils sont châtain clair. Je me prépare pour aller travailler. Je cumule beaucoup de jobs, dans la restauration, dans la vente, dans un journal. Je n'aime pas vraiment avoir le temps de réfléchir à ce qui m'est arrivé. Rester en inactivité plus d'une journée m'est impossible, j'ai dû travailler sur moi-même pour éviter de penser en pratiquant des activités. Aujourd'hui, je travaille dans un restaurant nommé « Bouche bée », leur slogan fut le suivant : « Après avoir mangé, vous allez être bouche bée » en insinuant que c'est bon. Un pseudo assez kitch. C'est vraiment bon, j'ai été bien contente d'apprendre que j'ai le droit à manger là-bas gratuitement durant mon service. Il y a de tout, de la cuisine italienne, grecque, chinoise, japonaise. Les cuisiniers sont multifonctions. C'est un commerce ouvert sept jours sur sept et vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Je travaille de dix à vingt heures. Pour moi, ça parait peu, mais pour d'autre ça peut paraître beaucoup en tant qu'étudiante. Le salaire est alléchant et en plus de ça, les collègues que j'ai sont géniaux. Aujourd'hui, je suis seule en salle. C'est dur, mais pas impossible. Je sais gérer mon stress au travail, mais pas au niveau des études et des choses qui peuvent impacter mon avenir d'une manière ou d'une autre. Il y a souvent des habitués, mais également de nouveaux clients. Dieu merci, il n'y a pas beaucoup de monde aujourd'hui, sinon la fatigue aurait été trop grande pour étudier. Mon évaluation finale est le trente-et-un mai. Il faut que je passe au supermarché avant qu'il ferme. Ici, les magasins ferment à vingt-et-une heure. Je dois reprendre des cahiers pour faire des synthèses, décrire mes journées et mes projets futurs. J'écris tout, il est important pour moi que tout soit sur papier. Je crains d'oublier, que ça soit une odeur, un sentiment ou une personne. Même si en vérité, je n'oublie rien. Je retiens tout, je n'oublie rien. Je me souviens de tout, dans les moindres détails. Ce qui m'a valu une dépression, marrant n'est-ce pas ? Avoir la mémoire d'un éléphant, mais préférer avoir celle d'un poisson rouge. Je prends mes carnets, des bananes séchées pour grignoter et je suis partie. Je contemple ma petite voiture de loin, c'est une Twingo de deux mille trois. Elle est belle et me rappela tellement de souvenirs. À peine arrivée chez moi, je sens le stress m'envahir. Il ne restait que cinq jours avant mon examen final. Je prends le temps de me calmer, mais je n'y arrive pas. Heureusement que j'ai mon meilleur ami.
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And strangers again
RomanceÉtant encore aux études, Saturnin enchaîne les petits jobs pour ne manquer de rien. Elle voulait croire en l'amour pur et sain qu'elle s'imaginait parfois, elle voulait que quelqu'un la voit pour ce qu'elle était vraiment. Quant à Caleb, à son jeune...