1

14 2 2
                                    

MIKAELLA FRISSONA,lançant un regard anxieux vers la grande horloge en acajou. Le tic- tac monocorde ne faisait qu'accentuer cette sourde angoisse qui l'avait assaillie au moment même où elle avait franchi la grille de la vieille maison. Elle se mit à arpenter la pièce de long en large pour essayer de se calmer. Il y avait cette horrible odeur... Mikaella n'aurait pu dire de quoi il s'agissait. Elle en avait approcher de trop près... Dans le penombre, elles semblaient lui lancer quelque défi. Aucun interrupteur électrique. Seule des bougies de cire noire, disposées dans tous les recoins de la pièce, dansaient dans la clair-obscur.

          " je suis là, fit soudain une voix qui fit sursauter Mikaella."

Il lui sembla un moment que les battements accélérés de son coeur couvraient de loin le tic-tac de l'horloge.

Elle ne l'avait pas entendu arriver et Maître Tonique décidément, était loin de lui plaire. Le visage oblong, les pupilles d"une couleur indéfinissable... Par instant, les yeux de l'homme semblaient gris, mais, le plus souvent, ils prenaient une teinte dorée, presque rouge. La jeune fille eut un mouvement de recul lorsqu'il s'approcha d'elle. Il portait un énorme manteau noir qui contrastait avec sa couleur d'ébène. Un chapeau gris et des bottes de la même couleur complétaient sa tenue.

Il alluma l'énorme pipe qui pendait de sa bouche puis tendit la main à Mikaella sans prendre la peine d'enlever ses gants. Après avoir hésité, elle lui tendit la sienne, réprimant tant bien que mal son envie de s'enfuir. Ce n'était guerre le moment de reculer. Il lui fallait aller jusqu'au bout.

Mikaella se rongeait nerveusement les ongles. Âgée de seize ans,elle n'était pas jolie. Loin de là ! Ses cheveux bruns étaient ternes, son teint fade, son nez un peu trop retrousse. De plus, elle ne semblaient accorder aucune importance à sa tenue vestimentaire. Son Jean et son T- shirt, tous deux élimés, étaient d'une propreté fort douteuse.

Après un long moment, la jeune fille sortit enfin de son mutisme.

               " je me sens très seule, expliqua-t-elle. J'ai besoin... D'amis."

Elle respira un bon coup avant de reprendre:

                  " ma cousine Serena... Elle en a plein!".

Maître Tonique hocha la tête. Un vent furieux entrait par la fenêtre ouverte. Il sifflait dans le feuillage des arbres sur une note menaçante.

La tristesse de Mikaella prenait les pas sur sa peur.

      " on m'a dit que vous étiez un magicien... Vous devez m'aider. Je vous en prie,aidez moi!".

           Maître Tonique ne répondit pas tout de suite. Il enleva son chapeau qu'il se mit à caresser du bout des doigts. Il promenait autour de lui son regard perçant lorsque l'orage éclata. Des éclairs d'un bleu électrique zebraient le ciel. La pluie semblait déchaînée. Une véritable rafale. Maître tonique ferma les  fenêtres. Lorsqu'il prit place sur son canapé, sa voix n'était plus qu'un désagréable murmure. Mikaella dut se pencher en avant pour entendre ses paroles. Elle crut entrevoir cette étrange lueur qui brillait par moment dans ses yeux.

         " je suis prête à vous venir en aide,dit l'homme. Mais ce travail que vous attendez de mou n'est pas des plus simples. Qui est Serena?".

  La pluie frappait violemment contre les carreaux de la fenêtre.
Fuis cet homme! Fuis cet homme! Semblait- elle crier.

     " Serena? Balbutia-t-elle. C'est ma cousine. J'habite chez elle depuis la mort de mes parents. Nous fréquentons la même école, nous avons le même âge. Néanmoins, nous ne sommes pas très proches l'une de l'autre."

L'homme au manteau noireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant