Arrivée

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Domaine de Chavignon, France.

De nos jours.


— Ça capte mal ici...

— Oui, je t'entends un peu en sourdine !

Je me déplace. La qualité du son se stabilise enfin et je peux poursuivre ma conversation téléphonique plus sereinement :

— En tout cas, je te remercie pour tout, Julie*. Ce village m'a l'air charmant, je crois que je vais m'y plaire.

— Je t'en prie, c'est normal pour une éditrice de choyer sa star ! Je suis ravie que cette jolie bourgade te convienne, tu verras, les habitants sont très accueillants. En plus, il y a de nombreuses balades potentielles dans les parages. J'espère que tu pourras t'y reposer avec sérénité. Après ces mois de folie, tu le mérites.

— Moi, une star ? Tu exagères. Je n'ai écrit qu'une simple bluette, une romance pour ados... Mais, je tâcherai de me détendre, tu as raison. Je dois me ressourcer un peu avant de me lancer dans ce nouveau projet.

— Ce sera génial, je n'en doute pas. Juste, s'il te plaît, ne te mets pas la pression, ok ? Prends soin de toi.

— Oui, ça ira, j'ai déjà construit toute la trame dans ma tête, du début à la fin, ce ne sera que du plaisir. Je prendrai mon temps.

— Ho, mince ! J'allais oublier ! Malheureusement, je dois te laisser, une visio commence dans dix minutes avec le directeur de la communication, n'hésite pas à m'appeler ou à m'envoyer un message en cas de problème.

— Il n'y aura pas de souci, ne t'inquiète pas. Je te téléphonerai pour te donner des nouvelles.

— Allez, tchao, ma belle.

— Tchao !


J'abandonne mon portable sur l'élégant bureau en chêne cérusé où j'ai déjà installé mes affaires d'écrivaine. La batterie atteint les vingt pour cent. Je le branche à la prise la plus proche. Je prévoie de me dégourdir les jambes ce soir en écoutant un peu de musique. Agnès Obel, un peu d'Archive ou de Sébastien Tellier, à moins qu'un air de métal me convienne mieux ; je me définis très hétéroclite en la matière.

Un effluve de cuisine traditionnelle embaume l'atmosphère et flatte mes narines. On dirait du poulet rôti. Mhhh, je devine aussi les quelques notes grasses, douces, d'une belle noisette de beurre qui fond sur des pommes de terre. Je reconnais aussi le fumet d'herbes aromatiques. Du thym et du romarin.

Je m'étire en me dirigeant vers la jolie fenêtre à deux battants, au bois vieilli. J'observe au travers des carreaux le jardin bucolique qui s'étale à l'arrière de cette ancienne bâtisse en pierre de travertin.

Et puis, mon regard se perd sur les champs de blé qui frissonnent sous une légère brise. C'est beau, tellement beau. Mes yeux restent fascinés par la blancheur de nuages d'aquarelle qui filent sur une toile bleu clair ; par la couleur si fraîche des feuilles de saules qui frémissent ; par le vol erratique de passereaux ou encore par le soleil qui roussit peu à peu.

J'ouvre un battant de fenêtre et laisse l'air pur, aux légères effluences végétales, chasser les odeurs de cuisine et caresser mon visage avant de s'évanouir sur ma gorge découverte. Je ferme les yeux et me gave de cet instant de paix que je ressens au fond de moi. Puis je me retourne pour balayer d'un coup d'œil ce qui deviendra mon cocon douillet pour une semaine.

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⏰ Dernière mise à jour : Sep 17 ⏰

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REMINISCENCE K. nouvelle version.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant