N°8

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Pdv Simon

Quand j'ouvre mes yeux, je suis accueilli par l'obscurité. Il n'y a rien autour de moi, juste le vide obscur. Je me sens léger, comme si j'étais dans un rêve. Je prends alors conscience que mon corps flotte dans les air. Je suis surpris de cette scène.

Comment est-ce possible ?

Je suis surpris mais bizarrement, pas paniqué. Je tends timidement ma jambe en direction du sol. Mon corps suit cette direction, d'un mouvement gracieux.
Une fois mes 2 pieds bien posés au sol, je tourne sur moi même pour vérifier mon environnement.

Rien, juste rien...

Quel est cet endroit ? Pourquoi suis-je là ? Ma mémoire est floue, incapable de me montrer les derniers évènements. Je porte ma main à ma tête, la frottant dans l'espoir de me souvenir de quoi que ce soit. Mais mon esprit est comme cet endroit, sombre et vide. Je marmonne de mécontentement à cette information.

Mon regard est alors attiré par une lueur à ma droite. Inconsciemment, mes pas se tournent pour me diriger vers cette lumière. Elle semble si proche mais si loin à la fois. Arrivé à mon objectif, je parviens à distinguer la source de cette douce lumière. Cela ressemble à un grand écran comme sur lequel j'ai joué tant de fois avec Mike.

À cette pensée, celle-ci apparaît sur ce mystérieux écran, comme si on avait filmé ce moment et que l'on avait lancé la vidéo. Des images et des rires s'échappent du souvenir. Je tends ma main pour toucher l'écran, curieusement.
Mais à peine ma main effleure la surface, que des centaines d'autres "vidéos" apparaissent. Je recule ma main, comme si j'avais reçu un choc électrique. Je recule d'un pas pour regarder entièrement ces images. Elles défilent toutes sans s'écouter, ignorant volontairement celles déjà lancées.

Je regarde ce brouhaha, incapable de comprendre quoi que ce soit. Mais les images me plongent dans mes pensées, qui semblent redevenir claires. Des souvenirs dansent devant mes yeux, les détails des petits moments me sautant au yeux. Des silhouettes vont et viennent. Des paroles, des rires, des pleurs, des sourires. Un petit sourire apparaît sur mes lèvres.

Ma famille, la Mano...


Mais soudain, ma propre silhouette disparaît des souvenirs. Des moments de vie qui me sont inconnu et où je semble être absent prennent le dessus sur les souvenirs précédents. Je sens mes mains commencées à trembler. Je regarde mes moments disparaître, impuissant. Un cri silencieux meurt dans ma gorge.

Quel est cette sensation désagréable qui me serre la poitrine ?

Ma famille, elle, défile toujours sur l'écran lumineux. Ils rient, ils pleurent, ils sourient, mais sans moi. Comme si ma personne n'était d'un vague souvenir lointain. Mes jambes me lâchent, me laissant m'effondrer au sol. Des larmes s'échappent de mes yeux, venant taché mes joues et finir leur course dans le vide.

Pourquoi ? Pourquoi ne suis-je pas là ?

Une main douce vient alors ce poser sur mon épaule. Mais mes yeux sont incapable de quitter l'écran pour me confirmer l'identité de cette personne. Elle s'accroupie à mon niveau pour que son bras couvre entièrement mes épaules, m'attirant dans une étreinte serrée. Je me laisse guidé, atterrissant sur un torse dur mais rassurant à la fois.

???- tout va bien Simon...

Mon cœur ratte un battement au son de cette voix.

S- Mike ?

Je réussi à décroché mon regard des souvenir pour lever la tête vers celui qui a disparu récemment. Mes yeux rencontrent ces prunelles émeraudes. Nous restons à nous fixer quelques secondes avant que je ne murmure :

S- où sommes-nous ?
Mi- honnêtement, je ne sais pas...

Ces yeux me quittent pour regarder l'écran devant nous. Sa voix descend d'un octave.

Mi- la seule chose dont je suis sûr, c'est que je suis mort... Et ta présence ici doit vouloir dire que toi aussi...

Ces paroles me font l'effet d'un sceau d'eau glacé.

S- mort...
Mi- mmmh...

Je laisse ma tête se poser contre lui. Je suis mort... Mike aussi... Un sentiment de détresse envahit ma poitrine à l'apparition du visage de celui qui a été notre chef pendant tout ce temps sur l'écran. Mes paroles m'échappent sans que je ne puisse les retenir :

S- eh Miguel, est-ce que l'on a été utile ?

Mike garde le silence, fixant l'image en face de nous. Devant le souvenir figé de l'hispannique, je reprends la parole :

S- EH MIGUEL, EST-CE QUE L'ON A ÉTÉ UTILE ?

Comme une réponse venant d'ailleurs, une douce mélodie, semblable à celle d'une boîte à musique, se fait alors entendre. Nous restons là, à l'écouter, sans chercher à trouver la source de cette chanson. Mike change alors de position pour me prendre dans un câlin serré.

Mi- je suis sûr qu'il est fier de nous Simon, que à notre manière, on lui a était utile à lui et à la Mano... On a été utile à la famille...

La sensation d'une brise fraîche m'envahit, chassant la détresse et tout autres sentiments obscures. Je ressers mon étreinte sur Mike.

S- ouais, on a ete utile...

D'un même mouvement, nous relevons nos tête pour nous fixer dans les yeux. Après un instant, Mike me sourit et vient coller son front contre le mien, dans un geste affectueux. Un rire innocent sort de mes lèvres.

Les alentours autour de nous change soudainement. L'endroit auparavant plongé dans le noir est maintenant aussi blanc que la neige. Cette pièce semble désormais plus chaleureuse et moins effrayante. Je suis sorti de ma bulle par la perte de sensation dans le bas de mon corps. Je décole mon front pour baisser mon regard plus bas. Je remarque alors que mes jambes disparaissent dans un vol d'éclats. Et ces éclat continuent leur chemin, montant de plus en plus haut, avalant mon corps petit à petit vers un endroit qui m'est inconnu. Mais je n'ai pas peur.

En vérité, je ne me suis jamais senti aussi bien

Le corps de Mike disparaît lui aussi mais son regard à lui est curieux. Il fixe les éclats comme un enfant regarderait quelque chose qu'il juge intéressant et bizarre à la fois. Je souris à la vision alors que je perds de plus en plus les sensations de mon corps.

S- Mike...

Il relève ses yeux verts pour les plonger dans les miens. Il semble chercher quelque chose, scannant mon regard de fond en comble. D'un mouvement vif, il porte ses mains à mes joues, les tenant doucement comme s'il touché du verre. Il continue de me fixer, laissant la disparition de nos corps continuer son avancer. Quand le dernier instant arrive, il pose délicatement ses lèvres contre les miennes. La douce sensation du baiser disparait aussi vite qu'elle est arrivé, emportée à jamais dans ces éclats...

Fosse à idéesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant