Chapitre 3

5 0 0
                                    

Londres, Soho, le 22 septembre 2015, 0.3 .PM

Le réparateur venait d'arriver pour la fenêtre, je sortis donc de chez moi pour lui laisser champ libre. J'avais soigneusement caché la feuille dans ma poche et joué celle qui ne savait pas pourquoi un caillou avait percuté sa fenêtre en plein dans son sommeil. John et Larry avaient cru à un petit voyou, et culpabilisaient sur leur homosexualité, persuadé que c'était la cause de cette "attaque". J'avais préféré fuir la maison, prétextant aller à la bibliothèque réviser. Demain, j'avais un examen de maths, mais je l'avais suffisamment travaillé pour me laisser une pause pour cet après-midi.

~~~~~~~~~~

Je rejoignis Nok dans un café, comme prévu. Il était déjà attablé, au téléphone, mais bizarrement il avait l'air calme. Ce n'était donc pas une nouvelle embrouille. Aussitôt qu'il me vit, il esquissa un sourire en coin avant de raccrocher, probablement au nez de son correspondant.

- Salut...

Je lui serrai la main, comme toujours, un peu gênée. Le serveur s'approcha et je commendais un expresso.

- Ça va mieux, toi? engagea Nok en jouant distraitement avec un verre.

J'hésitai à lui parler de la fenêtre, mais ça n'aurait utile qu'à une chose: l'inquiéter encore plus. Alors j'opinai du chef:

- Beaucoup mieux. Et toi?

- Plutôt bien. À part que je suis toujours dans le doute, ajouta-t-il avec une certaine sécheresse qui ne m'échappa pas.

- Nok, j'ai besoin de réfléchir. Je ne veux pas recommencer les mêmes conneries qu'avec Soham, et puis il y a notre différence d'âge quand même assez dérangeante.

Il soupira, le serveur apporta ma boisson et Nok demanda une bière.

- Avec Soham, l'âge n'avait pas l'air de te déranger tant que ça.

Je ne dis rien et touillai mon café.

- Tu veux pas arrêter avec ça? Franchement, ton silence m'agace, tu sais pas à quel point! Pourquoi dès que quelque chose te contrarie tu prends même pas la peine de répondre?

Je fis mine de me lever pour partir, mais il posa sa main sur la mienne.

- Whim, s'il te plaît... Je t'aime et j'ai besoin de savoir si toi aussi.

- Tu sais bien que je sors tout juste de l'histoire avec Soham. Tu peux pas attendre un mois ou deux?

- Un mois ou deux! cria-t-il. Il se leva et balança sa chaise contre le mur. Putain, t'es au courant que ça fait six mois que j'attends, moi? Il déposa un billet de dix livres sur la table pour payer l'addition, et sortit. Je le suivis en courant et le rattrapai dix mètres plus loin, au beau milieu de la rue.

- Nok! Putain, attends-moi!

Il se retourna, leva la main comme pour me frapper, la rabaissa. L'énervement faisait trembler ses doigts.

- Pourquoi tu ne me l'as pas dit avant? m'enquis-je en prenant sa main pour qu'il arrête de trembler.

- Mais parce que Madame n'avait d'yeux que pour Soham! Parce que je n'étais que le gentil petit frère de Môsieur le dealer, le bad boy "trop beau"! Et c'est tout.

Il se débarassa rageusement de mon emprise et me bouscula pour passer. Je restai plantée comme une idiote au centre de l'attention. Je tournai moi aussi les talons. Il n'y avait pas que lui qui avait le droit d'être énervé.

~~~~~~~~~~

Le silence de la bibliothèque était reposant et me permit de réfléchir. Après une heure à réviser mes maths, je me décidai à envoyer un SMS à Nok.

Just Say "Never".Où les histoires vivent. Découvrez maintenant