Chapitre 2

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01h50 : Les yeux grands ouverts dans la pénombre, je regarde le plafond. J'essaie de mettre de l'ordre dans les derniers évènements de ma vie. Puis soudain me vient l'idée que ce que j'ai, pourrais bien être très grave, et que je pourrais mourir. Mais je ne veux pas mourir ! Et encore moins seule... J'ai passé ma vie à vouloir être au bon endroit, pour passer de bon moment, pour pouvoir profiter à fond et avoir une belle vie. Mais le résultat c'est que je ne fais que courir après le bonheur sans jamais le trouver, et me contenter de ce que j'ai. Je n'ai jamais vécu les choses en leur plein, dans leur entièreté. Je ne voulais rien rater, j'ai toujours voulu faire beaucoup de choses, mais je me suis toujours bloqué en me disant que ça finirait par me lasser. Je renonçais souvent à mes projets, et je n'ai pas pu découvrir ce que j'aimais vraiment... Je ne veux pas mourir maintenant, je ne suis pas prête, j'ai tellement de choses à vivre. Déjà je dois commencer à vivre !

Je me redresse comme je peux, et allume la lumière pour récupérer le calepin que m'a déposé l'infirmière. Je commence par un titre: "La liste". Elle sera l'énumération de toutes les choses que j'ai envie de faire dans ma vie. Tout d'abord, j'aimerais m'acheter un appareil photo pour prendre toutes les photos dont j'ai toujours rêvé. Je voudrais apprendre de nouvelles langues. Je voudrais voyager dans le monde, même si j'ai super peur de l'inconnu . Je voudrais aussi voyager dans ma voiture, sans choisir de destination. Oh! Et je voudrais faire quelque chose de bien aussi, comme faire du bénévolat ou quelque chose comme ça. Bon ça me semble bien déjà. Je rajouterai d'autre chose plus tard si j'ai d'autres idées qui me viennent, mais pour le moment c'est bien.

Je pose le carnet sur la table, j'éteins la lumière, et je me rallonge, pleine d'espoir. Je regarde à nouveau le plafond, et place ma main sur ma poitrine. Je ne comprends pas pourquoi ça me fait si mal. Pourquoi cette douleur survient seulement par moment? Et pourquoi maintenant ? Je n'avais jamais ressenti pareille sensation... Est-ce que ça aurait un rapport avec ce mec? Bah non, ça serait bien trop bizarre, comment aurait -il fait? Je n'ai même pas d'appareil respiratoire qui pourrait se dérégler au contact d'un champs magnétique par exemple... Alors qu'est-ce que c'est? Pff, je ne sais pas... Plus je réfléchis, plus mon corps s'endort.

Je rêve. Je suis dans ma chambre d'hôpital, et une brise souffle doucement sur mon épaule. Je me retourne et l'homme qui m'a bousculé dans la rue, s'infiltre dans la chambre. Il se pose sur le rebord de la fenêtre par laquelle il est passé, et me regarde de loin. On se fixe tous les deux pendant un moment, puis il s'approche de moi, mais s'arrête net et fait un pas en arrière. Je sens qu'il a peur de se rapprocher de moi. Mais il me dit:

-Excuse moi Ne t'inquiète pas, tout va bien se passer. On ne veut pas que tu souffres et je te jure que je fais mon maximum pour arranger la situation.

-Qui es-tu? Je lui demande.

-Personne de très important... Il ne vaut mieux pas que tu te souviennes de qui j'étais. Tu risquerais de souffrir encore plus, et je ne souhaites pas que cela devienne incontrôlable.

Je ne réponds rien. Je ne le vois pas très bien dans cette pénombre, mais je le vois qui sourit tendrement. Je crois que je le reconnais. Il faisait partie des personnes présentes dans ma chambre lors de ma première nuit à l'hôpital. Si j'ai bien compris il s'appelle Elio... Enfin c'est le seul nom dont je me souviens.
Je veux bouger, mais les perfusions enfoncées dans ma peau me font mal, alors je gémis. Ce bruit le fait réagir et il recule à nouveau, quand soudain j'ouvre les yeux et la douleur dans ma poitrine ressurgit. Je sens comme si un pieux s'infiltrait dans mon cœur et je hurle de douleur. C'est tellement horrible!  Je ferme les yeux, la main sur ma poitrine. Les machines se déclenchent, tout fait du bruit, et la douleur me brûle. J'entends la porte s'ouvrir violemment sûr une infirmière qui se rapproche rapidement pour comprendre ce qu'il se passe. Je roule sur le côté, me recroquevillant sur moi-même. Je pleure, je suis fatiguée et je souffre... Les machines finissent par se taire, et l'infirmière me caresse doucement le dos. Je n'en peux plus. 

La douleur se dissipe et ma respiration devient de moins en moins saccadée. Après quelques vérifications, l'infirmière finit par s'en aller. Je reste dans cette position un moment. J'écoute le rythme de mon cœur qui cogne dans ma poitrine, et le bruit de ma respiration. Le calme revient alors petit à petit. Je ferme les yeux, apaisée. Je sens une légère brise sur mon visage, et je constate que ma fenêtre est ouverte. Je n'ai pas le souvenir de l'avoir ouverte tout à l'heure...

 Est-ce que...? Non je ne pense pas... L'infirmière a dû l'ouvrir, ce n'est pas possible que l'homme soit réellement venu... Ou alors... Ou alors c'est le cas, et c'est pour ça que j'ai eu si mal? C'est trop bizarre... Je continue de fixer la fenêtre, espérant le voir apparaître, confirmant ma pensée délirante. J'attends, le vent caressant doucement ma peau. Puis je m'endors sans me réveiller jusqu'au lendemain.

Amour & trahisonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant