The first and the last

34 5 17
                                    

Le vent soufflait à tout rompre. Un effet de bascule se produisait après chacun des refoules de ces immenses vagues.

Aujourd'hui, je savais que je mourrais.

Je serrai fort dans ma main droite la photo qui m'avait accompagnée tout ce temps, ma fille, ma femme et moi, réunit et heureux.

Elles me manquaient terriblement.

Mais j'avais fait ce choix de mon plein gré, il y a de cela une semaine.

* Ma fille sauta dans mes bras comme chaque dimanche, seul jour où je pouvais me reposer et la voir.

Après avoir déposé mon sac et ranger mes affaires, ma femme rentra de son travail et me regarda plus longuement qu'à son habitude. Elle savait, elle avait vu.

Ce regard triste, j'avais de nombreuses fois eut peur de le voir. Je crois qu'elle aussi.

Elle essaya de ne rien faire paraître et envoya ma petite princesse dans sa chambre. Quand elle fût partie, ma femme ne se retint pas plus et fondit en larmes dans mes bras.

Je savais que ça arriverait, elle aussi. Mais nous n'y étions pas préparés pour autant.

J'essayais de la réconforter, de lui assurer que tout irai bien ; aucun de nous ne croyais à mes paroles alors, je la serrai le plus fort possible comme pour lui prouver que je resterai au près d'elle, même si le pire m'arrivait.

Au diner, je ne lâchai jamais sa main au risque que ses larmes cristallines ne revienne noyer ses yeux et pire, ne vienne inquiéter notre fille.

Elle ne comprenait pas mon choix ; moi, si.

Au moment de répartir le lendemain, je n'eus pas le courage de passer dire un probable dernier au revoir à mon ange dans sa chambre rose. Sinon jamais, je n'aurais pu quitter la maison. *

J'aurais dû être avec elles, à leurs côtés, mais tel un capitaine avec son bateau, j'avais décidé de rester auprès de mon phare.

Je courais dans tous les recoins de la pièce, mon seul objectif : que la lumière ne s'éteigne jamais. Par temps de tempête, mon travaille sauvait des vies. Mais cette fois, c'était plus compliqué car des cyclones d'une puissance immense s'abattraient sur l'eau, l'emportant au passage, et créerait des tourbillons encore plus dangereux.

Et dire qu'hier encore le ciel bleu effaçait tous les nuages ; le temps changeait et comme lui les oiseaux nicheurs avait laissé leurs places aux ombres maléfiques des rochers.

Une goutte tomba sur ma main, me sortant de ma rêverie, sûrement dû à la sueur abondante de mon front. À elle s'ajoutèrent trois ou quatre autres de ces congénères, puis ce ne fut plus des gouttes mais un mince filet de pluie qui se transforma en un vrai torrent infernal.

Je n'avais pas le temps de réfléchir que l'eau commença à s'infiltrer pas le toit en métal. Les vagues semblaient prendre possession de la cabine au fur et à mesure que le niveau montait dans la petite pièce.

L'électricité qui alimentait jusqu'ici l'ampoule risquait de ne pas aimer l'eau et si la lumière s'éteignait, ce serait la fin.

Je réunissais tout ce qu'il me restait de forces pour que le liquide n'arrive pas jusqu'à l'origine de mon devoir.

Mais une secousse me percuta et son onde de choc me fit perdre la raison assez longtemps pour que la pression de l'eau fasse exploser une vitre entière.

J'étais à la merci du prochain coup de vent qui finirait d'achever ce pourquoi je luttais depuis des heures.

Mes épaules se détendirent d'un coup. J'avais fait mon maximum mais la nature avait gagné, encore. Je n'y pouvais rien, en tout cas pas cette fois-ci.

Je regardais au dehors et vis, sans grande surprise, une vague qui pourrait renverser des immeubles, s'approcher de ma tour de pierre et de métal.

Je dépliais le papier chiffonné par mon point et le regardais une dernière fois.

" Elle ressemble bien à sa mère, belle et intelligente. " murmurai-je pour moi-même.

Et dire que je ne la verrai pas grandir fût mon plus grand regret en cet instant.

Une unique larme coula sur mon visage avant que je ne sois propulsé à travers la vitre qui céda sous le choque. Je me retrouvais l'espace d'une seconde, à voler comme un oiseau, puis ce fut le vide.

____________________

Flash info

Suite à la tempête Wouter, dans la nuit du dimanche au lundi, un disparu et vingt-six blessés ont été comptabilisés.

Nous recherchons donc activement un homme âgé de trente-deux ans.

Selon nos informations, il serait gardien de phare et aurait décidé de guider les bateaux pendant l'événement tragique de la nuit dernière.

Il paraitrait qu'une vingtaine de navire ait pu rejoindre le port grâce à la lumière du phare qui, selon certains témoins, ce serait éteint aux environs de trois heures du matin.

La théorie la plus probable serait un problème électrique qui aurait fait disjoncter le courant et conduit à l'explosion de l'ampoule.

Toutes les équipes de secours maritimes ont été mobilisés pour avoir le maximum de chance de le retrouver vivant, mais l'espoir semble faiblir au fur et à mesure que le temps passe.

____________________

Mon corps sans vie fût découvert deux jours plus tard.
























*+:。.。 。.。:+**+:。.。 。.。:+**+:。.。 。.。:+*

Ça faisait longtemps que je n'avais pas publier. Beaucoup d'OS sont en cours d'écriture et peut-être plus 😉.

J'espère que celui-ci sera à la hauteur de vos attentes.

Bonne année 2023 à tout le monde. ✨

En attendant la prochaine 🥰

Au cœur de la tempête - One ShotOù les histoires vivent. Découvrez maintenant