362 avenue des défunts

Article 1

14 Mai 1953 : Extrait du journal "Le voyageur":

"La nouvelle des 4 suicides d'Osford a fait le tour de la région. Au bout du troisième mois de recherche, la police de la petite ville a fait appel à d'autres enquêteurs de villes voisines pour leur prêter main-forte, sans succès. Le mystère n'est pour le moment pas résolu et est l'objet de nombre de conversations partout dans notre campagne..."

Bien plus tard, 5 Février 2013 :

Le jeune lieutenant Vincent Vidal poussa un gros soupir, assis sur l'inconfortable -petite- chaise de son -petit- bureau. A 27 ans, il venait tout juste de devenir lieutenant, ce qui lui avait attiré (sans surprise), la jalousie et la méfiance de ses aînés et supérieurs. Son nouveau titre lui avait valu : un léger haussement de salaire, une réputation pas si bonne que ça dans la police, et un lieu de travail pourri (alias son bureau). C'était en quelque sorte le vilain petit canard du commissariat, celui à qui on confiait toutes les affaires de la moindre importance... Vincent regarda sa montre : 10h. Une heure de libération, mais aussi une heure qui signifiait "attentions, problèmes potentiels". La pause café. La pause où tout le monde juge tout le monde. A la fois une crainte et un soulagement. Il se leva de son vieux siège et se dirigea vers le graal : la machine à café, et choisit sa collation favorite : le cappuccino noisette.

Pendant ce temps, le commandant Hugues Bernier rédigeait un rapport sur l'avancée d'une enquête en cours. Le capitaine François Guibert frappa à sa porte :                                         - Commandant ! Le commissaire de QG Est viens de nous envoyer une nouvelle investigation !         -Bonjour Guibert ! Et elle parle de quoi, cette investigation ? s'enquit le commandant, toujours concentré sur son rapport.    - Quatre personnes ont été retrouvés morte ce matin très tôt. On pense qu'elles ce seraient suicidées.,répondit l'intéressé.                                 -Elles ont été trouvé au même endroit ?                        -Non mon commandant.        -Et nous sommes sûr qu'il s'agit de suicides ?                    -Oui mon commandant, l'équipe médicale l'a certifié !                                       -Bon, alors écoutez, Guibert. Je suis très occupé avec le cambriolage de la bijouterie de la 6ème Avenue, et pratiquement personne n'est disponible pour la prendre.                                      -Mais mon commandant..., bafouilla le capitaine, cette requête vient pourtant du... - D'un commissaire, oui je sais., répliqua Le commandant Bernier. Mais on a pas le choix ! Il n'y qu'un simple rapport à faire, confiez-le donc à Vidal, ça devrait être dans ses cordes !                       -...Très bien, c'est vous le patron..., convint Guibert, le ton hésitant.

C'est ainsi qu'après avoir bu son cappuccino, Vincent Vidal trouva sur son bureau le dossier de quatre suicides, accompagnés d'un mot bref de la part du capitaine Guibert :              

"Le commandant vous charge de rédiger le rapport, faites ça bien."

Cette tâche rendit Vidal ravi, lui qui s'occupait actuellement de dépositions concernant des porte-monnaie perdus. Il allait enfin consacrer son temps à un travail digne d'un lieutenant !
En épluchant les différents dossier des victimes, Vidal ne trouva rien d'alarmant, si ce n'est que quatre suicides en si peu de temps, c'était quand même louche.

Le soir, le lieutenant avait prévu de passer la soirée avec sa mère et sa grand-mère et, tout content du travail qu'on lui avait confié, avait entrepris de le leur raconter.
-Devinez quoi ? On m'a enfin confié une mission digne de ce nom !
-Ah oui ?, répondit sa mère. Et de quoi s'agit-il ?
- Ce matin, les cadavres de quatre personnes ont été découverts, toutes mortes par suicide ! Bon, mon travail ne consiste qu'à rédiger un rapport...mais tout ça m'intrigue un peu.     -Vous en pensez quoi, vous ?
Sa grand-mère, qui jusque là avait gardé le silence, le regardait avec un regard qui était à la fois empli d'incompréhension et de peur.
-Mamie ?, osa Vidal.
-Quatre suicides ?, repéta-t-elle, troublée.
-Il y a un problème, mamie ?
-Écoute bien, mon ange. Ce que je vais te dire n'a sûrement rien à voir mais écoute bien. Il y a 60 ans, il s'est passé exactement la même chose. La police a longtemps cherché la cause de ces morts mais elle n'a jamais rien trouvé...
Je m'en souviens bien, moi. À l'époque, je venais de m'installer à Osford.
En voyant la mine concentrée de son petit fils, elle décida de s'arrêter.
-Ne t'inquiète pas mon chéri ! Ce n'était et ce n'est sûrement que de simples suicides, cela arrive, de nos jours..., fit la vieille, se voulant réconfortante.
Vidal aquiesça, mais au fond de lui, cette ancienne affaire tournait en boucle, si bien qu'il décida de se mettre au travail dès le lendemain pour s'assurer que toute cette histoire n'était due qu'au hasard...
Malgré tout, l'âme d'aventurier qui l'habitait ne pouvait s'empêcher de souhaiter que les deux affaires ne soient liées...