0. Fallen of the Sun (en pause)

Chapitre 3

3 mois plus tôt
Novembre 1955

Dans la cour de pierre parsemée de feuilles jaunâtres, et orangées, tous se pendaient aux lèvres de l'homme au chapeau feutre. Tous les élèves étaient rassemblés, habillés de leur manteau et de leur broche croissant de lune, et s'entassaient pour lutter contre la fraîcheur d'automne qui faisaient valser cheveux et jupes plis.

L'homme si bien habillé de son costume trois pièces sombre, à la moustache digne des plus belles bouclettes enchantait la galerie de son timbre clair et de son engouement lyrique. On reconnaissait bien les grands airs fiers du maire, William Hanton.

Placé sur une estrade, il accueillit un homme en habits liturgiques parsemé d'or et de blanc immaculé. Il avait l'air âgé, vraiment âgé, et semblait d'une sagesse indescriptible contrairement à son comparse. Un silence de cathédrale planait, alors qu'il se confiait de manière muette au ciel couvert de mousse grisâtre. Les élèves firent de même et tendirent les mains, les paumes pointant le cosmos alors que leur mana s'amplifiait dans lair.

— Lux, Memoria, Ordo et Vita. Que la lumière nous dirige vers le bon chemin, que nos souvenirs honorent les ancêtres, que l'ordre advienne pour libérer la paix et que la vie demeure.

Pendant que la maxime de l'Académie soufflait avec ferveur jusqu'au ciel, trois filles à la peau d'or se faufilèrent avec délicatesse jusqu'à l'estrade. Deux semblaient vivre leur 18ème automne tandis que la petite dernière n'avait pas l'air d'avoir rencontré le stade de la puberté.

Dans leur robe de cuir longue essentiellement colorée de rouge et de beige, les ainées apportaient la chaleur en cette fin d'après-midi. Les figures géométriques, motifs de fleurs et les courts filets blancs de leurs tenues dansant avec le vent, brisaient le conformisme de cet établissement, alors que leurs châles colorés rappelaient les capes de super-héros des comics que les jeunes mortels sans pouvoirs adoraient. Aucune d'elles ne semblaient craindre le froid et gardèrent une prestance que tous admiraient.

Les regards pesaient surtout sur la plus grande, qui demeurait droite comme une flèche et possédant l'allure d'un lynx roux, ses « sœurs» faisaient plus penser à des petits ratons laveurs.

Le prêtre les salua premièrement, puis enchaina avec des phrases concises mais remplis de bonnes intentions envers ces fidèles. Il s'écarta du podium en reculant après avoir mentionné l'éveil des Colosses qui constituait l'une des raisons de l'arrivée de ces mages mystérieuses.

Le colonel Lee, planté à côté de l'estrade en bois, bailla avec désinvolture -et discrétion-, se moquant bien de ces infames créatures des abîmes nommés Colosses, ayant provoqué le désastre ces dernières décennies. Il s'était retrouvé sur le champ de bataille et avait rencontré la mort elle-même. Il n'était donc point effrayé par les promoteurs de ce chaos, aussi appelés vulgairement « démons ».

William Hanton revint devant le micro et éclairci sa voix, avec un air gêné que peu remarquèrent. Il ne savait plus comment présenter ces demoiselles, quand il se remémora de leurs noms peu conventionnels qui risqueraient de mettre mal à laise le public. Ah et qu'importe, cela faisait clinquant, autant ne pas s'en préoccuper !

— Pour célébrer la fête de la récolte, Thanksgiving, nous avons accueilli au sein de notre académie trois Pourfendeuses de Cauchemars venant de la nation algonquienne, Wyome the big Meadows, Nokomis girl of the Moon et Cheyenne Red Talker.

Même leurs noms étaient exotiques et attiraient l'attention de tous. La grande jeune femme du nom de Nokomis remarqua la moue de ladite Cheyenne à sa droite quand elle avait entendu son prénom, et son front grimaça de mécontentement.